Friday, December 31, 2010

Rwanda: la charge violente d’un ancien ami

Ancien Procureur général du Rwanda, membre du noyau fondateur du Front patriotique rwandais, Gérard Gahima, en rupture avec Kigali, est aujourd’hui un homme très occupé : en compagnie d’autres exilés dont son frère Théogène Rudasingwa, le général Patrick Karegeya ainsi que le général Kayumba Nyamwasa, ancien ambassadeur en Inde, il a fondé le « Congrès national du Rwanda », une plate forme politique qui se veut une alternative au FPR, sinon un retour aux sources d’inspiration du mouvement.
Occupé, Gahima l’est aussi parce que les réunions se multiplient : »voici quelques jours je me trouvais en Espagne, où avait été organisé un dialogue avec d’autres opposants, Paul Rusesabagina (ancien gérant de l’hôtel des Mille collines, Jean Marie Ndagijimana, Joseph Matata et d’autres anciens sympathisants du régime Habyarimana. A Bruxelles en ce moment, les contacts se poursuivent. »
Pour Gahima, « deux raisons expliquent pourquoi ce dialogue interrwandais qui rassemble Hutus et Tutsis, représentants de l’ancien régime et déçus du FPR, doit se poursuivre en exil : au Rwanda même ce type d’exercice n’est pas possible. En outre, la diaspora rwandaise est nombreuse, dépassant, en Europe seulement, les 40.000 personnes. Presque tous les cadres de l’ancien régime demeurent en exil où ils représentent une opposition forte et organisée… »
Lors de son dernier séjour en Belgique, le président Kagame a lui aussi essayé de séduire cette opposition en exil, multipliant les rencontres avec la diaspora ; une vingtaine de Rwandais de l’étranger ont même été invités à revenir au pays dans le cadre de l’opération « come and see », « voyez et venez ». Mais selon Gahima, cette démarche n’a pas suffi : « tout le monde sait qu’au Rwanda l’Etat contrôle tout, qu’il est entre les mains d’un seul homme, qui ne supporte pas la contradiction et dont la base réelle se réduit désormais à un tout petit groupe de gardes du corps et quelques civils… »La concentration du pouvoir, les frustrations qui se multiplient à cause d’une politique autoritaire et répressive, tout cela inquiète l’ancien procureur général : «puisque les gens ne peuvent s’exprimer librement, il y a trop de tensions dans ce pays…Le drame, c’est que les mécontents assimilent tous les Tutsis aux tenants du pouvoir en place. Autrement dit, une explosion pourrait déboucher sur un autre génocide des Tutsis. C’est pourquoi il est urgent de dialoguer, de relâcher la pression… »
Pourquoi Gahima, si proche autrefois du président Kagame, est il entré en conflit avec lui ? Le juriste balaie d’un revers de la main les accusations du président rwandais, qui assure que ses anciens fidèles devenus dissidents n’avaient en réalité pas accepté les mesures de lutte contre la corruption, la fin des passe droits : « en réalité, ce qu’il ne supporte pas c’est la contradiction. Moi, j’avais tenté de le convaincre de ne pas arrêter l’ancien président pasteur Bizimungu en 2003, mais rien n’y a fait. Autrefois, en 1998, je m’étais déjà opposé à la deuxième guerre du Congo, mais Kagame voulait à tout prix chasser Laurent Désiré Kabila, qu’il venait de mettre au pouvoir un an plus tôt. Cette démarche était surtout inspirée par l’orgueil, il voulait diriger le Congo à distance, ce que Kabila refusait…Cette deuxième guerre fut une erreur immense, qui a semé la mort et la haine dans toute la région… » Gahima assure aussi que Kagame ne supporte pas qu’un autre de ses proches devienne trop connu, trop populaire : « c’est pour cela que James Kabarebe qui était chef d’Etat major est devenu ministre de la Défense et n’a plus de prise sur l’armée, que Rose Kabuye, considérée comme une héroïne a été écartée, que les généraux Muhire et Karenzi Karake ont été accusés de corruption… »
Le réquisitoire de l’ancien procureur est lourd aussi d’accusations précises : « du jour au lendemain Kagame prend des décisions arbitraires, qu’ailleurs on jugerait ubuesques : il remplace par l’anglais le français parlé par 80% de la population, ajoutant ainsi au clivage de l’ethnie et de la province celui de la langue, il interdit le port de sandales à Kigali, décide de rassembler les gens dans des villages groupés, les imidugudu, interdisant l’habitat dispersé, il impose des cultures de rente au détriment des cultures vivrières, ce qui provoque des pénuries et même la famine dans certaines régions…Toutes ces décisions arbitraires provoquent un mécontentement qui à terme peut mener à une explosion… Les visiteurs étrangers refusent de voir qu’il y a un malaise et ils multiplient les éloges…»
Cette explosion violente, Gahima dément cependant vouloir la provoquer : « nous ne sommes pas dans une dynamique de guerre. Affirmer que notre mouvement recrute des combattants au Nord Kivu, c’est de la propagande… »

Source: Carnet de Colette Braeckman, du 29 décembre 2010

RDC 2010 : bilan mitigé

Le peuple congolais tourne, ce vendredi 31 décembre à minuit, la dernière page de 2010 qui aura été, selon le président Joseph Kabila, « une véritable année de grâces ». Pour avoir, notamment atteint « envers et contre tout, le cinquantenaire de notre indépendance dans l’unité et la paix retrouvées (…), de nous voir finalement déchargés du lourd fardeau de la dette, avec l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE (…) de voir, pour la troisième fois, un fils de notre pays créé Cardinal ». Quant au bilan lié aux « œuvres », les avis sont partagés.

« Si vous ne croyez pas à ma parole, croyez au moins à mes œuvres », a recommandé aux incrédules le président de la République, Joseph Kabila Kabange, dans son discours sur l’état de la Nation devant l’Assemblée nationale et le Sénat, le 8 décembre 2010 au Palais du peuple. Faisant le bilan de son mandat à 12 mois de son terme.

« Trois ans après, où en sommes-nous ? », s’est-il interrogé évoquant le «pacte conclu avec le peuple congolais» en 2006 lui imposant «cinq objectifs».

En cette fin d’année de «grâces», les avis divergent sur l’action du gouvernement quant au «rétablissement et (à) la consolidation de la paix», à la «réhabilitation de l’Etat dans ses prérogatives régaliennes», à l’«amélioration de la gouvernance politique, économique et sociale», la «relance économique» et à la «reconstruction du pays».

Si la majorité présidentielle au pouvoir salue des avancées significatives, l’opposition par contre émet toujours des doutes.

PAIX «FRAGILE EN CERTAINS ENDROITS»
Globalement, la situation sécuritaire s’est sensiblement améliorée en RDC en 2010. «Quoiqu’encore fragile à certains endroits, la paix est bien de retour sur pratiquement l’ensemble du territoire national. Ainsi, aujourd’hui, sur les 145 territoires qui composent notre pays, il n’y en a que 5 qui connaissent des perturbations, et font donc l’objet d’opérations militaire », a déclaré le chef de l’Etat le 8 décembre 2010.

Pour Joseph Kabila, «cela est le fruit d’une politique bien réfléchie (…), une politique combinant pression militaire, dialogue politique, initiatives diplomatiques et action humanitaire».

« A ce jour, si la quasi-totalité du territoire congolais est entrée de plain-pied dans l’ère post conflit, de nouvelles poches de non droit, réfractaires aux changements démocratiques, ont resurgi dans les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu, ainsi que dans ceux d’Irumu et de Djugu en Province Orientale, provoquant à nouveau mort d’hommes et désolation», avait-il déjà déploré le 13 décembre 2008 devant les sénateurs et les députés réunis au Palais du peuple.

Quoique, douze mois plus tard, il se réjouisse en 2009 de ce qu’il n’y ait « plus, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à proprement parler de guerre, sinon celle que nous faisons aux FDLR». Ce qui était «une nouveauté, particulièrement pour les adolescents de la région (qui), depuis leur naissance, n’avaient connu que bruits de bottes et de canons».

Sur cet aspect de la question sécuritaire, les violons semblent s’accorder. « En dépit des apaisements de l’Exécutif, la paix n’est toujours pas totalement rétablie à l’Est, au Nord-Est et à l’Ouest du pays. Les opérations conjointes menées par les FARDC et les armées régulières ougandaise et rwandaise ont permis en 2009 de réduire la force de frappe des groupes armés étrangers et de déstabiliser leurs structures militaires, sans pour autant détruire entièrement leur capacité de nuisance », selon l’opposition politique.

Somme toute, le défi à relever pour les prochains mois est celui de la consolidation de la paix et de la stabilisation de l’Est de la RDC.

L’ETAT EN CONSTANTE REHABILITATION
Des réformes sont en cours dans différents secteurs de la vie nationale pour que l’Etat congolais soit complètement réhabilité dans ses fonctions régaliennes. Car, la RDC ne peut pas se relever si elle n’observe pas certaines règles qui sont devenues universelles du fait de la mondialisation.

A ce propos, le mandat du président Joseph Kabila est axé sur la trilogie bonne gouvernance – démocratie – respect des droits de l’Homme qui, pour Joseph Kabila, «sont les principaux piliers de la gestion moderne de l’Etat et de la coopération entre les nations ». Mais, «l’administration congolaise, jadis colonne vertébrale de l’Etat, n’existe maintenant que de nom», avait constaté en décembre 2006 le président de la République. «Sous mon impulsion, un travail rigoureux de réforme de cette administration doit s’effectuer en même temps que le renforcement des capacités institutionnelles de l’Etat et des acteurs non étatiques pour, justement, s’attaquer aux causes profondes de la mauvaise gouvernance», avait-il promis. A ce jour, l’Etat ne connaît toujours pas le nombre exact de ses agents et fonctionnaires, malgré les innombrables contrôles effectués tant au sein de l’administration civile que militaire et policière.

« De même, depuis plusieurs mois, l’Exécutif évoluant dans un dysfonctionnement et dans une atmosphère de désagrégation demeure largement dominé par le président de la République qui conduit ainsi la politique de la nation, en violation flagrante des articles 91 et 92 de la Constitution », relève l’opposition politique. Signalant, par ailleurs, «d’autres violations : le processus de décentralisation (articles 2 et 226) et la retenue à la source de la quotité de 40% en faveur des provinces ».

En effet, le chef de l’Etat a toujours réaffirmé «le statut constitutionnel de l’opposition qui doit jouer son rôle de contrepoids institutionnel», faisant «foi en l’attitude responsable qu’elle affichera».

Le dysfonctionnement de l’Exécutif s’est de nouveau révélé à l’occasion du récent Conseil des ministres au cours duquel le président Joseph Kabila est revenu sur la non application de son décret limitant à 4, depuis 2002, le nombre des services publics aux postes frontaliers.

SITUATION MACROECONOMIQUE « BONNE »
Sur le plan économique et financier, la situation macroéconomique à fin 2010 est « bonne », quoique l’activité économique se soit déroulée dans un environnement international «plutôt préoccupant», a noté le chef de l’Etat, évoquant « quelques indicateurs significatifs ».

« Projetée à 5,4% en début d’année, le taux de croissance devrait ainsi atteindre 6,1% contre 2,9% en 2009 ; le taux d’inflation annualisé a été ramené à 8,99% contre une prévision de 9,9% ; le taux de change gravite autour de 910 Francs congolais le dollar américain, alors que les prévisions les plus optimistes le situaient à 950 Francs congolais ; les réserves internationales brutes ont atteint 1,2 milliard de dollars américains, ce qui représente l’équivalent de pratiquement 8 semaines d’importations, soit un des niveaux les plus élevés depuis une vingtaine d’années », s’est réjoui Joseph Kabila au début du mois.

«Dans tous les secteurs, la production est en hausse», a-t-il vanté. Toutefois, a-t-il averti en juillet dernier, « la capacité d’endettement retrouvée (après l’atteinte du point d’achèvement en juin 2010) ne devrait, en aucune manière, être comprise comme une licence à s’endetter à nouveau de manière inconsidérée ».

C’est dans cette embellie que s’effectuent les travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures. « Le développement de notre vaste pays dépend de notre capacité à construire, à réhabiliter et à entretenir nos infrastructures de base, particulièrement celles de transport », a expliqué le chef de l’Etat.

L’ambition affichée est de rouvrir, en urgence, les routes permettant de réunifier la RDC, de connecter les principaux centres de développement et de relancer l’économie. Soit un tracé linéaire de près de 16.000 kilomètres, répartis sur les trois principaux corridors de transport du pays : Ouest-Nord-Est, Nord-Sud et Ouest-Sud-Est.

Parmi les « réalisations majeures » du chantier « infrastructures » en 2010, le président Joseph Kabila a épinglé la reconstruction de la Route nationale 1 (du plateau des Batéké à la limite du Kasaï Occidental), celle des ponts Mpozo au Bas-Congo et Loange au Bandundu, le bitumage de la Nationale 1 de Moanda à Boma via Kitona, l’asphaltage de la route Béni-Kisangani (déjà effectif jusqu’au niveau d’Erengeti) et le bitumage des routes Lubumbashi-Kasomeno, Likasi-Kolwezi et Bukavu-Kavumu.

Les routes Batshamba-Tshikapa et Bukavu-Uvira sont les « chantiers prioritaires » pour 2011, a-t-il indiqué.

LE SOCIAL « OUT »

La gestion on ne peut plus prédatrice du budget de l’Etat et des ressources du pays conforte la fortune des tenants du pouvoir et de leurs alliés nationaux et étrangers pendant que la quasi-totalité des Congolais ne peuvent ni manger à leur faim, ni se loger et se vêtir décemment, ni accéder aux soins primaires, à l’eau potable et à l’électricité, ni encore moins éduquer leurs enfants comme des êtres dignes », accuse l’opposition politique. Affirmant que « la souffrance du peuple congolais a trop duré ».

Dans son récent discours sur l’état de la Nation, le président de la République n’a donné aucune indication sur la situation sociale des Congolais.

Pourtant, en 2009, il avait été très explicite à ce sujet. « Les réformes courageuses engagées sous ma direction pour relancer notre économie depuis huit ans et les sacrifices stoïquement acceptés par notre peuple durant la même période se sont avérés payants, même s’il est vrai que les dividendes sociaux ont dû être remis à plus tard », avait reconnu Joseph Kabila.

« Il n’y a pas eu création d’emplois dans les proportions escomptées, ni une génération notable de revenus additionnels pour les individus et les ménages », avait-il admis.

C’est donc sur le plan social que les Congolais n’ont pas ressenti les dividendes de l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE. Ce qui a justifié de nombreux mouvements de grève observés dans les services publics du pays. D’où, ce bilan mitigé.

Source: Le Potentiel, du 31/12/2010

Wednesday, December 22, 2010

WILL BE ON VACATION !

Dear viewers,

Just to tell you that I will be on vacation, for a couple of weeks.
Wish you happy new year 2011.
What to watch:
1. Ivory Coast (Power sharing)
2. DRC (Elections 2011)
3. Rwanda (Growing  opposition)
4. Ouganda ( Elections 2011)
5. Burundi (Civil unrest)

God bless you

Notable President

RDC: Surévaluation de Vital Kamerhe

En démocratie, il est un principe sacré qui recommande de laisser libre expression à tout celui qui sait se servir de son cerveau pour étaler son savoir, ses opinions, que l’on partage ou pas. La profusion idéologique ou débat d’idées, entraîne à fortiori l’élévation de la pensée, par où commence toute prise de conscience, partant tout développement. Ces mêmes pensées peuvent être utilisées également pour berner de population entière à des fins opaques, ou la conduire à se poser de vraies questions pour l’émergence d’autres formes de gouvernance, porteuses de développement.

Cela revient à dire à juste titre que la liberté d’expression, c’est vraie est un couteau à double tranchant, est la sève nourricière de tout système démocratique. On ne peut que se réjouir quand la divergence idéologique conduit à la transcendance et l’éclosion de la vérité, tout en ouvrant des brèches pour une meilleure compréhension des faits politiques et sociétaux.

Cela étant dit, je reviens à l’objet même de ce papier, qui est une répartie de l’article intitulé «Vital Kamerhe : A parcours exceptionnel, destin exceptionnel ?», écrit par Monsieur Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo, que je remercie pour ces innombrables articles sur la société et l’état politique congolais, quoique de fois je ne partage pas toujours certaines opinions par lui défendues.

En cette période trouble de notre histoire, où des questions existentielles de la nation congolaise se posent, où des Congolais, du moins quelques uns, aspirent à l’excellence ; l’article ci-haut cité, dont le titre si pompeux et flatteur m’a laissé sans mot, venant d’une personne qui se dit rigoureux dans le traitement des faits. De sa lecture, j’en suis ressorti plus qu’affamé, tant le produit proposé à la consommation, loin d’être succulent, est surévalué.

Cet article est purement et simplement un panégyrique troublant les sens, pour hypnotiser et séduire les non avertis, ceux dont la mémoire ne permet pas de forger des opinions par eux-mêmes.

Je ne dis pas que Kamerhe n’a pas de qualités, il en a sûrement, mais de là à affirmer gratuitement et sans vergogne que Kamerhe est le seul plus grand format politique congolais capable de donner une dimension nationale à son parti sans les moyens de l’Etat, et cela non pas à la suite d’un essaimage de son groupe ethnique à travers le territoire national… tout simplement en utilisant son parcours personnel qui est exceptionnel; est un de ces discours aigre-amer que l’on voudrait ingurgiter malicieusement aux Congolais alors que rien dans son parcours tant personnel que politique n’est exceptionnel, sinon une conjugaison d’opportunisme et d’insouciance manifeste des désidérata populaires.

En tant qu’observateur de la chose politique congolaise, je ne vois rien qui puisse être souligné comme fait d’armes, du point de vue des valeurs démocratiques et d’intérêt national, dans le parcours de Kamerhe, si ce n’est la satisfaction d’intérêts personnels. Ca serait malhonnête de le présenter comme celui qui incarnerait le mieux l’avenir et les intérêts du Congo, alors qu’il ne s’est pas encore repenti de son ouvrage Pourquoi j’ai choisi Kabila ? dans lequel il a étalé ses convictions politiques. Une personne aussi sensée que lui, pouvait-elle vraiment soutenir Joseph Kabila, dont l’incompétence sautait aux yeux ? Pendant que les libertés individuelles et collectives de Congolais étaient confisquées par son mentor, qu’avait-il fait pour dénoncer les arrestations arbitraires dont souffraient tous ceux qui s’opposaient au système Kabila, qu’il a aidé à mettre en place, et dont il a été un des défenseurs patentés ?

Monsieur Mayoyo renchérit : Sur le chemin de la paix, le chef de l’Etat congolais se permet de s’allier aux envahisseurs en invitant officiellement leur armée à traquer leurs ennemis sur le territoire congolais. Kamerhe participait au festin du pouvoir. Il aurait pu se taire, car la politique africaine voudrait qu’une bouche pleine ne parle pas. Mais il a exprimé son opposition à l’acte posé par le chef de l’Etat, ce qui a poussé ce dernier à lui retirer le beefsteak de la bouche.

Je voudrai souligner ici que Kamerhe n’était pas le seul à dénoncer cette traîtrise de Joseph Kabila et sa famille politique. Je l’ai félicité en son temps pour le courage dont il avait fait preuve. Cependant, là où le bât blesse, Vital Kamerhe en tant que président de l’Assemblée nationale, institution constitutionnellement habilitée à contrôler l’exécutif, le discours ne suffisant pas, quelle procédure avait-il mis en branle pour saborder l’œuvre machiavélique entamée par Joseph Kabila ? Quand il s’est rendu compte que son président et son parti galvaudaient l’intérêt national, ce qui est une grande érosion idéologique à même d’entraîner le divorce, pourquoi n’avait-il pas de son propre chef, démissionné du perchoir de l’hémicycle et de son parti, au lieu d’attendre que ses camarades pprdéens lui réservassent un camouflet indigne de lui, en le poussant dehors tel un malpropre ? En plus, il a démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale tout en restant cadre dirigeant de PPRD, ou est la rupture idéologique ?

Ce qui prouve en plus que les déclarations faites en son temps par celui que l’on veut nous présenter comme le meilleur de tous les potentiels présidentiables, n’étaient pas le fruit des convictions foncièrement ancrées en lui, auxquelles il croit vraiment, c’est son allocution d’éviction de la présidence de l’Assemblée nationale, du 25 mars 2009, dans laquelle d’après moi, il avait malignement renié ces déclarations à la base de sa disgrâce, quand il dit : …Si j’ai eu à blesser telle ou telle autre personne par mes gestes, par maladresse, par omission ou inadvertance, qui sont toutes des faiblesses inhérentes à la nature humaine, à ceux qui se retrouveraient dans ce cas, je leur demande de bien vouloir accepter mes excuses que je demande solennellement. Si par un seul instant, que certaines de mes positions avaient pu blesser mes frères et sœurs, autres que parlementaires, je leur demande pardon. Je ne voudrais pas quitter ce lieu en laissant derrière moi des frustrations. Au chef de l’Etat, son excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, je demande aussi pardon, si jamais il s’est senti offusqué par mon comportement, je lui renouvelle ici et de manière solennelle mon profond respect.

Cette partie du discours de Kamerhe témoigne à n’en point douter, qu’il n’a jamais assumé ces déclarations, car à ce que je sache, les intérêts nationaux et la souveraineté du pays ne sont jamais négociables, ni faire objet de compromis. S’il avait vraiment déclaré ce qu’il pensait, il n’avait pas à présenter des excuses aux personnes qui ont piétiné les intérêts de la nation, la dignité et l’orgueil congolais. Il s’agissait d’un discours de rachat, malheureusement comme tout système inique dévore ses propres fils, la machine de sa mise à l’écart était déjà engagée, hélas !

Enfin, je ne suis pas aussi naïf que semble l’être l’auteur de l’article sus-évoqué, pour me laisser berné par la personnalité de Kamerhe qui, depuis qu’il est dans le camp de gouvernants, ne s’est jamais distingué par un acte de bravoure qui tienne en compte la condition miséreuse de la population congolaise, alors que comme président de l’Assemblée nationale avec ses collègues députés, ils se sont arrogé des émoluments gigantesques sans se soucier des fonctionnaires et agents publics. Il est resté muet devant les massacres perpétrés dans le Bas-Congo par le système qui l’a nourri, et la confiscation des médias publics au seul bénéfice de sa famille politique.

Ce qui m’intrigue en outre, c’est la coïncidence de sa sortie politique avec le retour d’Etienne Tshisekedi, que le pouvoir avait mis hors-jeu trop tôt. Une sagesse nous dit qu’il faut toujours se méfier des coïncidences. Devant la crainte d’un cuisant échec de Joseph Kabila dès le premier tour, toutes les tactiques sont alors possibles, si elles pourraient subtiliser de précieuses voix à l’opposition afin de permettre à son mentor d’arriver au second tour. Réfléchissons-y.

N’allons pas trop tôt et à la va vite dans des conclusions hâtives, que nous allons regretter plus tard. Dans l’histoire politique de notre pays, nous avons vu plus opposants que Kamerhe, qui ont fini par se complaire dans les mêmes tares qu’ils critiquaient, le cas de Mende, Olengankoy, Kamitatu, Nguz, Mungul Diaka etc.

Author: Freddy Matundu Lengo
Source: Congoindépendant 2003-2010, du 21 Décembre 2010  

Monday, December 20, 2010

Synthèse de l'actualité sur la Cote d'ivoire, d'après Collette Braeckman

Deux femmes puissantes à Abidjan, 17/12/2010.

Derrière le combat au sommet qui oppose Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, il y a aussi deux femmes. Le feu et l’eau, le fer et le velours. Le combat militant d’une syndicaliste, le brillant parcours d’une femme d’affaires.
Simone Ehivet, née en 1949, est historienne comme Laurent Gbagbo, qu’elle épouse en seconde noces. Leur union se fonde sur la passion politique, sur les luttes syndicales ils partagent l’exil en France et aussi la prison d’Abidjan alors que, dans les années 70, ils se battent en faveur du multipartisme et défient Houphouët Boigny. Avec les années et l’exercice du pouvoir, Laurent s’arrondit, butine et certains le disent aujourd’hui prêt à composer, tirant la leçon de sa défaite électorale. Mais Simone ne l’entendra pas ainsi: voici deux ans, lorsqu’elle présente à Bruxelles son livre «Passions d’ébène» les militants ne s’y trompent pas, et ils réservent à la Première dame un accueil d’homme d’Etat. Car c’est elle qui galvanise la rue d’Abidjan alors qu à Linas Marcoussis, dans la banlieue parisienne, son époux a été obligé de composer avec les rebelles; c’est elle qui inspire les «jeunes patriote» dirigés par Charles Blé Goudé, aujourd’hui MInistre de la Jeunesse, c’est elle aussi que l’on accuse d’avoir fait disparaître le journaliste Guy-André Kieffer qui avait trop enquêté sur la «filière cacao» et les achats d’armes. Si elle fascine, elle fait peur aussi et ses proches assurent que Simone partage aujourd’hui avec son mari le «syndrome Allende», qu’elle est prête à résister jusqu’au bout, défiant la «communauté internationale» et renversant l’accusation de «coup d’état légal». Ce qui la soutient, c’est la foi: : non seulement l’idéologie socialiste a marqué sa vie, mais aujourd’hui la «dame de fer» a rallié la religion évangéliste et rien n’ébranlera ses certitudes.
Moins connue mais tout aussi puissante, Dominique Ouattara, née Novion voici 56 ans, soutient son mari avec la même fermeté que sa rivale Simone et presque depuis aussi longtemps. Alors qu’elle était encore Dominique Folloroux, épouse d’un Français, l’ambitieuse et ravissante jeune femme prit, en 1979, les rênes de la société immobilière AICI, gérant les propriétés immobilières du vieux président Houphouet Boigny et de son collègue Omar Bongo du Gabon. Comment la présidente d’honneur de la Chambre syndicale des syndicats immobiliers de Côte d’Ivoire n’aurait elle pas rencontré le jeune et brillant Premier Ministre du «Vieux>», Alassane Ouattara, chargé de remettre le pays sur la voie de la rigueur et de «faire atterrir» la dévaluation du CFA? C’est à Neuilly, en 1990, que le maire de l’époque , un certain Nicolas Sarkozy, célèbre leur mariage et le couple aura deux enfants. Par la suite, Dominique Ouattara, qui est aussi très proche des milieux israéliens, progresse dans le monde des affaires: en 1996, la PDG du groupe AICI devient présidente de la société qui gère l’Institut Jacques Dessange, basé à Washington et deux ans plus tard elle acquiert les franchises de «Jacques Dessange» aux Etats Unis. Salons de coiffure, instituts de beauté, le groupe acquiert une envergure internationale.
Villa à Neuilly et dans le Midi, relations dans la jet set internationale, le couple Ouattara est riche, très riche, ce qui rassure beaucoup d’Ivoiriens «au moins ils n’ont pas besoin de voler…» Alors que Simone Gbagbo, élue du quartier populaire d’Abobo se concentre sur l’action politique, Dominique Ouattara crée la fondation Children of Africa[dont son amie, la princesse Ira de Fûrstenberg, sera la marraine et qui construit écoles, maternités, centre d’accueil pour enfants de la rue dans plusieurs pays. Cette année, délaissant provisoirement ses affaires Dominique, blonde et radieuse, a mené campagne aux côtés d’ ADO: devenir Première Dame est la dernière étoile qui manque au palmarès de celle qui comptait, en 2000 parmi les 40 femmes d’affaires les plus importantes du monde. Mais dans l’immédiat, recluse dans l’hôtel du même nom, elle ne règne encore que sur ce que la presse appelle la «République du Golf”

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Côte d’Ivoire: quelques questions…, 16/12/2010

1. Le scrutin s’est il déroulé dans de bonnes conditions ?

Malgré le satisfecit de l’ONU, la présence de nombreux observateurs étrangers et le bon déroulement du premier tour des élections présidentielles, les conditions, au départ, n’étaient pas optimales : dans le Nord, les ex-rebelles des Forces nouvelles n’avaient pas désarmé, le pays n’était pas réunifié et Laurent Gbagbo, après avoir tardé à organiser le scrutin, n’imaginait pas l’hypothèse d’une défaite. En outre les instances nationales supposées être neutres ne l’étaient pas : la Commission électorale indépendante était composée aux deux tiers d’opposants au président sortant Laurent Gbagbo et ce dernier avait noyauté de ses partisans le Conseil constitutionnel (équivalent de la cour Suprème aux Etats Unis)
2. Le vote s’est il déroulé sur une base ethnique, opposant les musulmans du Nord aux populations chrétiennes du Sud ?
La réalité est plus complexe : le réservoir électoral de Laurent Gbagbo a largement dépassé les effectifs de son groupe, ethnique, les Bétés et il a donc bénéficié d’un vote pluriethnique ; Alassane Ouattara a obtenu un nombre significatif de voix dans les quartiers populaires d’Abidjan, une ville censée lui être hostile. Dans certains bureaux du Nord cependant, il y a eu plus de votants que d’inscrits et les scores ont été décrits comme « soviétiques », ce qui a amené Gbagbo a demander l’annulation des votes dans neuf départements du Nord. Par ailleurs, Henri Konan Bédié, l’ancien dauphin du président Houphouet Boigny et inventeur de l’ « ivoirité », a appelé à voter en faveur de Ouattara et le report des voix s’est bien déroulé. Autrement dit les Baoulés, partisans de Konan Bédié et censés être opposés aux originaires du Nord, ont voté pour Ouattara, un homme que naguère ils honnissaient.

3. Les irrégularités dénoncées par les deux camps sont-elles réelles ?

Des intimidations ont eu lieu dans le Nord mais dans l’Ouest, fief de Gagbo, il y a également eu des violences. Il y a eu une discordance entre le taux de participation annoncé par les Nations unies (70% de votants) et le chiffre annoncé par la Commission électorale indépendante (81% de votants) soit une différence de 630.000 voix ; la CEI, ayant été empêchée d’annoncer le résultat et redoutant les intimidations du camp Gbagbo, l’a fait en dehors des délais, dans un lieu non officiel (l’hôtel du Golf, siège du parti de Ouattara) et… devant les caméras de France 24, qui fut aussitôt interdite d’antenne pour avoir proclamé Ouattara vainqueur avec 54,1%…
Quant au Conseil constitutionnel, relevant les nombreuses irrégularités, il aurait pu se contenter d’annuler purement et simplement le scrutin, au lieu de proclamer la victoire de Gbagbo avec 51,5% des votes.
4. La victoire remportée par Ouattara est-elle incontestable ?

Laurent Gbagbo et les siens n’acceptent pas le verdict rendu par la CEI, mais ils font face à l’avis convergent de tous les observateurs internationaux et à la certification des Nations unies dont les 721 fonctionnaires répartis dans les bureaux de vote ont procédé à leurs propres comptages. De toutes manières, l’écart de voix entre les deux candidats semble trop grand pour permettre le doute.

5. Une solution à l’africaine (la cohabitation entre les deux présidents) est elle encore imaginable ?
L’antagonisme, sinon la haine entre les deux hommes est trop profonde pour imaginer un compromis comme au Kénya ou même au Zimbabwe. En outre, chacun des deux « présidents » incarne des valeurs trop différentes : Ouattara, l’ancien directeur adjoint du FMI, est l’ami des puissants de ce monde, il est soutenu par Obama et par Sarkozy (ce dernier avait naguère célébré son mariage à Neuilly), il défend la bonne gouvernance sur le modèle libéral.
Laurent Gbagbo, aujourd’hui seul contre tous, se dépeint volontiers en héros nationaliste, héritier de la lutte anti coloniale et il joue sur la fibre populiste. S’il se présente comme un panafricaniste, il n’est cependant pas soutenu par ses voisins africains de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, dont le puissant Nigeria, ni par l’Union africaine, ni par l’Afrique du Sud. Seul l’Angola et le Liban étaient représentés lors de sa prestation de serment.

6. Quels sont les atouts de chacun ?
L’isolement international n’effraie pas Gbagbo, soutenu par son clan (son épouse Simone, les « jeunes patriotes » et leurs milices, certains milieux d’affaires, des milieux nationalistes). Il compte toujours sur la fidélité des Forces de défense et de sécurité, dont 4000 hommes membres des troupes d’élite et sur 5000 gendarmes et CRS qui détiennent un arsenal important. Cette fidélité pourrait cependant vaciller si des combats plus rudes s’engageaient et surtout si les soldes n’étaient plus versées. Si Gbagbo compte sur les revenus du cacao, du pétrole, sur les recettes du port de San Pedro, son rival Ouattara veille à couper les financements internationaux (FMI, Union européenne) et à bloquer les comptes des banques étrangères. En outre, les avertissements de Sarkozy, de l’Union européenne et surtout d’Obama s’apparentent à des ultimatums.
Si Ouattara a mis à la tête de son gouvernement Guillaume Soro, (dont Gagbo avait fait son Premier Ministre) c’est aussi parce que ce dernier est l’ancien chef de la rébellion, qui peut donc mobiliser les 4000 hommes des Forces nouvelles dotés d’un armement léger. Les ex rebelles ont aussi des combattants dissimulés dans certains quartiers populaires de la capitale (Abobo, Koumassi, Adjamé), ce qui pourrait susciter une très dangereuse « chasse aux infiltrés ». Outre un soutien international quasi unanime, et qui n’est pas du à la seule action diplomatique de la France, Ouattara peut aussi compter sur de puissants réseaux dans le monde économique international et au sein de l’Internationale libérale dont fait partie le président sénégalais Abdoulaye Wade.


7. Un scenario à la rwandaise, ou à l’angolaise ?
Malgré l’intervention de médiateurs comme Jean Ping, le secrétaire général de l’Union africaine ou de l’ancien président sud africain Thabo Mbeki, qui recherchent une sortie de crise négociée, deux scenarios sont concurrents : un développement « à la rwandaise » passerait par un « soulèvement populaire », avec armes de poing et machettes ; il serait dirigé contre les « infiltrés », les « étrangers » définis comme un « ennemi intérieur », ce qui mettrait en danger trois ou quatre millions de ressortissants du Nord qui vivent dans les plantations du Sud. Le calme dans lequel s’est déroulé le scrutin, les aspirations à la paix d’une population fatiguée (la guerre a éclaté en 2002) infirment cependant ce scenario-catastrophe. Mais l’autre hypothèse n’est guère meilleure : en Angola, en 1988, les élections auraient du trancher entre deux adversaires irréductibles, Eduardo dos Santos et Jonas Savimbi. Le deuxième tour n’eut jamais lieu et les élections débouchèrent sur une guerre de quinze ans, qui ne se termina qu’après l’assassinat de Savimbi.
Les Ivoiriens croient encore au miracle, ou au pourrissement…

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L’épreuve de force, annoncée depuis plusieurs jours, a bien eu lieu en Côte d’Ivoire: les sympathisants de M. Ouattara, reconnu comme vainqueur des élections par la communauté internationale , ont tenté de marcher sur la Radio télévision ivoirienne, aux mains des partisans de Laurent Gbagbo, avec d’autant plus de détermination que les sources d’information étrangères, France 24 et RFI sont soit coupées soit très difficiles à capter.
Ce mouvement a été fortement contré par l’armée et la gendarmerie, fidèles au président sortant: le quartier de Cocody, où se trouve le siège de RTIa été bouclé de même que des quartiers populaires comme Adjamé et Yopougon, où se trouvent des ressortissants du Nord du pays, censés appuyer M. Ouattara. Les partisans de ce dernier ont dénoncé «des tirs]à l’arme lourde[» dans les environs de l’hôtel Golf, le quartier général de Ouattara, transformé en forteresse protégée de près tant par les casques bleus de la Mission de l’ONU en Côte d’Ivoire que par des soldats français de la force e Licorne. Selon des partisans de M. Gbagbo, ces tirs auraient été de simples «sommations[» et ce sont les partisans de Ouattara qui auraient ouvert le feu, faisant une dizaine de morts dans les rangs des militaires. Les Forces nouvelles, qui soutiennent M. Ouattara, auraient eu deux tués dans leurs rangs. Selon des témoins interrogés par l’AFP, quatre personnes auraient été tuées par balles au moment où les forces de l’ordre tentaient de disperser les manifestants qui marchaient en direction du siège de la télévision. Dans un autre quartier populaire, Koumassi, un journaliste de l’AFP a vu la Croix Rouge emporter le corps d’une victime tuée par balles.
Si le centre d’Abidjan, totalement verrouillé par les forces favorables à Laurent Gbagbo, est relativement calme, c’est dans les quartiers populaires que l’on craint des débordements et des règlements de compte nocturnes. Dans ces quartiers en effet, des armes à feu circulent, et aussi des machettes, ce qui, aux yeux de certains observateurs, fait déjà revivre le «syndrome rwandais[». Ce dernier pourrait être aiguisé par les informations selon lesquelles les rebelles des Forces nouvelles, appelées par leur ancien chef Guillaume Soro, nommé premier ministre par Ouattara, auraient fait mouvement dans le nord et le centre du pays et pourraient se diriger vers la capitale. Des combats ont d’ailleurs eu lieu dans le centre du pays, à Tiébissou, à 40 km de la capitale administrative Yamoussoukro où une colonne de jeeps transportant des éléments de l’ex-rébellion auraient tenté de forcer un poste de contrôle des forces de défense et de sécurité, favorables au président sortant. En début d’après midi, les tirs auraient repris aux abords de l’ancienne «zone tampon» qui depuis 2003 séparait les ex-belligérants.
Echauffant davantage les esprits, rumeurs et informations contradictoires se multiplient: les Forces nouvelles auraient reçu le soutien de combattants traditionnels, les Dozos et de mercenaires venus du Liberia et de Sierra Leone, tandis que d’autres sources assurent que les forces fidèles à Gbagbo, seraient désormais appuyées par des militaires angolais….
Sur le plan politique, on attend l’arrivée à Abidjan de Jean Ping, le secrétaire général de l’Union africaine tandis que la société civile africaine et plusieurs ONG internationales, faisant état de plusieurs dizaines de morts, de centaines de blessés et de la présence de miliciens étrangers, exhortent les parties en présence à éviter le recours à la violence.
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Michel Galy: un lent pourissement en Côte d’Ivoire, 13/12/2010.

Le « président du Golf » et le » président de la rue » se font face à Abidjan
Politologue, chercheur au « Centre sur les conflits » (Paris) et animateur de la revue « Culture et Conflits » (1)Michel Galy vient de rentrer d’Abidjan où il a suivi le deuxième tour des élections et les évènements qui ont suivi.
Dans les deux camps, aurait on pu prévoir ce qui s’est passé ?
Chacun, Laurent Gbagbo comme Alassane Ouattara estimait que le rapport de forces lui serait favorable ; le président sortant misait sur ses acquis, son rival comptait sur l’arithmétique ethnique et sur le report des voix d’Henri Konan Bedié. Il est vrai que dans les provinces du Nord, toujours occupées par les Forces nouvelles, on n’entendait que les médias des rebelles, qui entretenaient une certaine psychose, assurant que les gendarmes (originaires du Sud) allaient revenir. Par ailleurs j’ai été étonné de constater que le camp Gbagbo ait laissé la Commission électorale indépendante être contrôlée aux deux tiers par l’opposition…
Il n’empêche que Laurent Gbagbo a perdu…
Oui, si l’on considère comme valides les votes du Nord, qui ont donné à Ouattara des scores « soviétiques » En certains endroits, comme Ferkessédougou, il y avait plus de votants que d’habitants…Le Nord n’était pas vraiment libéré.
Quel est le rapport de forces entre Ouattara et Gbagbo ?
Le premier bénéficie de l’appui de la communauté internationale ; l’ONUCI (Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire) le protège, les 9000 Français de la Force Licorne également et les Forces nouvelles (de 8 à 14000 hommes qui n’avaient pas été désarmés) sont pour lui également. Les deux camps, les rebelles comme les pro Gbagbo recruteraient d’anciens combattants de Sierra Léone et du Liberia. Mais aux yeux de la population d’Abidjan, Ouattara est considéré comme « le candidat de l’étranger » même s’il n’est plus question de l’ « ivoirité ». Retranché dans son hôtel, il ne dirige que la « République du Golf » du nom de l’établissement qui l’accueille et où il se montre très accessible à la presse étrangère, qui lui est très favorable.
Quant à Gbagbo, il dispose d’un « budget de souveraineté » qui demeure très important, des revenus du cacao produit dans les provinces du Sud, des ressources du port de San Pedro, des royalties du pétrole ; l’armée lui demeure lui fidèle même s’il est quelquefois question de « retourner » contre lui l’un ou l’autre général. En outre la capitale Abidjan lui est favorable alors que Ouattara a peur de quitter son hôtel et voudrait aller s’installer à Yamoussoukro, dans le centre du pays, à condition de pouvoir arriver jusque là…
S’il ne recherche plus le contact avec la presse étrangère, largement hostile, le camp Gbagbo contrôle la radio et la télévision ivoirienne, ce qui lui suffit.
Qu’en est il des populations originaires du Nord, qui vivent et travaillent dans le Sud ?
Il y a dans le Sud de trois à quatre millions de « Dioulas », des travailleurs venus du Mali et du Burkina Faso et installés parfois depuis deux générations. Si la guerre reprenait et que ces Sahéliens devaient être obligés de rentrer dans leur pays d’origine, ce serait une catastrophe humaine et économique pour ces derniers, qui ne pourraient les absorber.
Comment sortir de la crise ?
Les scenarios les plus farfelus circulent mais ce qui est sûr c’est que l’élimination violente de l’un ou de l’autre des protagonistes mettrait le feu au pays. On évoque même une présidence tournante, deux ans et demi chacun, ou une forme de cohabitation. Actuellement l’Eglise catholique s’active discrètement à rechercher une solution pacifique mais de part et d’autre on se méfie. N’oubliez pas non plus le troisième homme, Henri Konan Bédié, l’ancien dauphin de Houphouet Boigny : il s’était désisté en faveur de Ouattara, mais son parti, le PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire) aurait viré de bord. Ce que l’on constate, dans l’immédiat, c’est un pourrissement de la situation, une montée progressive des vendettas, des actes de vengeance : il y a déjà eu plus de 20 morts depuis le second tour, et les Dioulas qui vivent dans le Sud et sont quelquefois isolés dans les plantations demeurent très vulnérables…
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DR Congo: Rogue Leaders, Rebels Forcibly Recruit Youth

Tensions Rise as Armed Groups Expand Their Ranks
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(Goma) - Rogue Congolese army officers and armed groups in eastern Democratic Republic of Congo are forcibly recruiting and training for combat hundreds of young men and boys in new efforts to expand their ranks, Human Rights Watch said today. The wave of military recruitment, which began around September 2010, signals a possible collapse of eastern Congo's peace process.
Human Rights Watch interviewed dozens of escaped recruits, as well as teachers, local leaders, and child protection workers, who described the forced or underage recruitment of more than 1,000 young men and boys since September. At least 261 were under age 18. Many of the children were re-recruited after previously escaping or being demobilized.
"Armed groups in eastern Congo are pulling youth from schools, homes, and fields and forcing them to fight," said Anneke Van Woudenberg, senior Africa researcher at Human Rights Watch. "The Congolese government should urgently stop this recruitment and prosecute those responsible."
Domestic and international law applicable in the Congo prohibits forced recruitment and the recruitment of children under 18 into armed groups.
 
Recruitment by Former Rebels

The Congolese army general and former rebel leader Bosco Ntaganda and officers loyal to him, including Lt. Col. Innocent Zimurinda and Col. Baudouin Ngaruye, have been responsible for the forced recruitment of hundreds of young men and boys in recent months in North and South Kivu provinces, witnesses told Human Rights Watch. At least 121 of the new recruits are children, under age 18, although reports received by Human Rights Watch indicate that there are probably many more. 
Ntaganda was the military leader of the National Congress for the Defense of the People (CNDP), a former rebel group supported by neighboring Rwanda, who fought the Congolese army beginning in 2006. In January 2009, following an agreement between the presidents of Congo and Rwanda, the CNDP agreed to give up its rebellion and integrate into the Congolese army's ranks. The integration of the former enemies has been fraught with continuing tensions.
Although nominally in the Congolese army, Ntaganda maintains a parallel chain of command operating outside the army's military hierarchy. Some former CNDP units have gone further, ending their participation in the integration process. New recruits are forced to join the units under Ntaganda's parallel command structure.
A 17-year-old boy from the Nyanzale area said that the Congolese army officers who forcibly recruited him previously belonged to the CNDP and told him he was joining Ntaganda's army. He was then put in a prison and only allowed out once a day for military training. "The officers said we wouldn't fight the government until General Ntaganda gives the order," he told a Human Rights Watch researcher, after he managed to escape. "Once Ntaganda gives the order to start the war, we will start. Until then, we wait."
Witnesses interviewed by Human Rights Watch said that since early October, former CNDP commanders integrated into the Congolese army had called at least seven meetings for young men and boys in the Ufumandu and Ziralo areas, on the pretext of discussing development issues. Those who attended the meetings soon learned that the real motive was to recruit them into the CNDP to fight the government. They were told they would be given US$60 each with an increase in salary and other benefits "as soon as the war is won."
In the Kitchanga area in mid-November, officers under the command of Lt. Col. Zimurinda visited schools, making lists of male students, ages 15 to 20. In subsequent weeks,  Congolese army soldiers loyal to Ntaganda took the youths away from schools, their homes, fields, or as they walked to and from school. In Charamba village, on November 15, seven young men were taken from a football field before a match and have not been seen since.
Those who resist risk severe punishment or even death. On November 23, in Burungu, former CNDP soldiers shot a 22-year-old man when he tried to escape. He died just after reaching a hospital. In other cases, those who resisted were badly beaten, thrown in prisons for several days or more, and then forced to join.
Many youth in the affected regions are now hiding in the forests or trying to flee to larger towns to escape the forced recruitment, witnesses told Human Rights Watch.
Human Rights Watch research found that Ntaganda and other former CNDP officers loyal to him have been responsible for recruitment in the Ufumandu, Kitchanga, Kalembe, and Mpati areas of Masisi territory (North Kivu); the Bwiza and Nyanzale areas of Rutshuru territory (North Kivu); and the Ziralo area of Kalehe territory (South Kivu). Military training for the new recruits is being conducted in Bwiza, Muheto, Nyamitaba, and Ufumandu.
Ntaganda had previously been implicated in forcibly recruiting and training children and young men for combat. In 2006, the International Criminal Court (ICC) issued an arrest warrant for him for war crimes of enlisting and conscripting children as soldiers and using them in hostilities in the Ituri district of eastern Congo. The Congolese government has failed to act on the arrest warrant, claiming that arresting him would harm the peace process.
Congolese army officers in North Kivu informed Human Rights Watch that they have received reports of new recruitment by forces loyal to Ntaganda and have opened investigations. They said that they have sent warnings to officers under their command that any forced recruitment will not be tolerated.
"It is shocking that an individual wanted by the ICC continues to commit the very crimes for which he is charged," Van Woudenberg said. "The Congolese government should not only end the illegal recruiting, but immediately arrest Ntaganda, instead of hiding behind a facade that he's necessary for the peace process."

Recruitment by the FDLR and Other Armed Groups

Human Rights Watch has also documented recent cases of forced or under-age recruitment by the Democratic Forces for the Liberation of Rwanda (FDLR), a predominately Rwandan Hutu rebel group, some of whose leaders participated in the genocide in Rwanda. Human Rights Watch research identified at least 83 Congolese children under 18, some as young as 14, recently recruited by the FDLR. Many were previously with the FDLR, managed to escape, and were targeted again when they returned to their families. 
A 17-year-old boy interviewed by Human Rights Watch who had been a child soldier with the FDLR and allied groups since age 7, managed to escape in August and rejoin his family. Only a few months later, in November, he was forcibly recruited again by the FDLR. He escaped a second time a few weeks later.
"They grabbed me while I was walking home, tied me up, and put me in a prison," he told Human Rights Watch, describing his second forcible recruitment. "Then after three days, they gave me a uniform and a weapon... I was eventually able to flee when they sent me on my own to steal a goat. Many other Congolese children are still with the FDLR, and they want to escape but they're scared. The commanders will kill anyone they suspect of wanting to flee."
Various local militia groups known as the Mai Mai, who remain outside of the integration process in eastern Congo, are also forcibly recruiting young men and boys as well as holding children in their ranks from previous recruitment drives. These include the Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), Mai Mai Kirikicho, Mai Mai Sheka, and Patriotes résistants congolais (PARECO) factions. At least 57 children under 18 have recently been recruited by these armed groups.
Human Rights Watch interviewed a 14-year-old boy who recently escaped the APCLS, after being with the group since he was 6 years old. "There are children my age or younger at each APCLS position," he said. "Children who refuse to become soldiers are killed."

Child Protection Workers Express Alarm

Child protection workers told Human Rights Watch that there has been a significant increase in the numbers of children in eastern Congo fleeing recruitment since September, especially those who were previously demobilized and are once again being targeted. Child protection workers have registered at least 193 such cases of re-recruitment since September.
Many former rebels who were integrated into the Congolese army in early 2009 have hidden children within their ranks rather than demobilize them. According to a recent report from the United Nations Group of Experts on the Congo, child protection officers have not been allowed to screen nearly two-thirds of the Congolese army soldiers involved in joint military operations with the UN, to ensure that child combatants do not take part.
In January 2009, the Congolese government adopted the Child Protection Code, which prohibits recruiting children under age 18 into armed forces and groups. Recruiters face 20 years in prison, but few have been tried on these charges. Congo has also ratified the Optional Protocol to the Convention on the Rights of the Child on the involvement of children in armed conflict, which prohibits recruiting people under 18 for armed groups. 
"Armed groups and rogue elements of the Congolese army repeatedly prey on boys, pressganging them into military service," Van Woudenberg said. "These children desperately need the protection of their government and UN peacekeepers."

Author: Anneke Van Woudenberg, senior Africa researcher

Source: Human Rights Watch, December 20, 2010

Sunday, December 19, 2010

RDC: Vital Kamerhe : A parcours exceptionnel, destin exceptionnel?

Dans notre article «Mimétisme, quand tu nous tiens !», nous avions réagi à l’annonce de la création d’un nouveau parti politique par l’un des ténors du PPRD. Nous avions adopté la même attitude que Baudouin Amba Wetshi qui écrit dans son éditorial «Mende rate l’occasion de se taire» : « C’est connu, les politiciens congolais ont deux discours. Le premier sert quand l’acteur milite dans les rangs de l’opposition. Ce discours est généreux, truffé des slogans sur la démocratie et le respect de la vie et de la dignité de la personne. Le second intervient lorsque le même acteur accède au pouvoir. Ici le speech devient conformiste voire conservateur». Hier, Kamerhe avait écrit tout un livre pour appeler les Congolais à voter pour un imposteur. Propriétaire du PPRD comme tous les autres chefs des partis congolais, ce dernier fut reconnaissant en élevant Kamerhe au rang de Président de l’Assemblée nationale, car le vote au niveau de cette institution n’était qu’une simple formalité. Aujourd’hui qu’il a perdu son poste très envié dans le cadre de la politique du ventre si chère à l’Afrique, Kamerhe brûle ce qu’il encensait hier. Il est difficile d’avoir confiance en un tel individu. Néanmoins, il convient de noter que Kamerhe bénéficie des circonstances atténuantes. Le Rwanda agresse le Congo, pille ses ressources naturelles, viole et massacre ses populations pendant des années. Les crimes commis par l’agresseur constituent la plus grande tragédie humaine après la Deuxième Guerre mondiale. Sur le chemin de la paix, le chef d’Etat congolais se permet de s’allier aux envahisseurs en invitant officiellement leur armée à traquer leurs ennemis sur le territoire congolais. Kamerhe participait alors au festin du pouvoir. Il aurait pu se taire, car la politique africaine voudrait qu’une bouche pleine ne parle pas. Mais il a exprimé son opposition à l’acte posé par le chef de l’Etat, ce qui a poussé ce dernier à lui retirer le beefsteak de la bouche. Sous d’autres cieux, on aurait assisté à une levée des boucliers face à la haute trahison de « Joseph Kabila ». Mais, crétinisée par les longues années Mobutu, la classe politique congolaise se tint coi. Voilà pourquoi Kamerhe mérite d’être respecté en dépit de son passé aux côtés d’un imposteur qui mène la politique d’occupation de ses frères tribaux rwandais au Congo. Concernant ce passé, notons que nombreux sont les Congolais qui n’appartiennent pas à la caste enchanteresse des hommes du pouvoir mais qui restent également aveugles face à la politique criminelle de « Joseph Kabila ». Kamerhe est certainement l’une des personnalités politiques dont le péché fut de s’allier à un imposteur qu’ils prenaient pour un Congolais de souche comme eux-mêmes et qui se sont accrochés au pouvoir d’occupation pendant que l’imposteur levait petit à petit le masque sur son imposture.

Aujourd’hui que Kamerhe est président national d’un nouveau parti politique de l’opposition, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), en notre qualité de concepteur et annonciateur d’une alternative à la démocratie partisane et conflictuelle ou démocratie des singes, nous ne pouvons que condamner sa démarche dans un pays qui compte déjà quelques centaines de partis sans que cela n’entraîne l’émergence de la démocratie. Mais dans notre livre « L’ajustement politique africain. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa » (Paris, L’Harmattan, Montréal, L’Harmattan Inc., 1999), nous n’avons pas seulement réfléchi sur une alternative au modèle Westminster de démocratie. Nous avons également réfléchi à minimiser ses nuisances, car, colonisation des cerveaux oblige, la révérence pour ce modèle a encore de beaux jours devant elle en dépit des ses échecs. Aussi allons-nous nous pencher sur l’UNC sous cet angle. Nous allons souligner ce que nous entendons par parcours exceptionnel dans le chef de son président national ainsi que l’implication d’un tel parcours à minimiser les dégâts du multipartisme qui, en Afrique, se réduit souvent en un multi-monopartisme, chaque coin du pays étant dominé par un parti ethnique ou régional après les élections. Nous allons aussi saisir cette occasion pour donner notre avis sur la question passionnante de la tenue des élections dans un pays sous occupation, en rêvant d’une UNC bien structurée comme l’un des acteurs principaux.

Il faut le dire. Notre article caresse l’ambition de fournir de la matière à réflexion à l’UNC compte tenu de la sympathie naturelle que nous avons envers la dénomination de ce parti. En effet, en 2004, nous avions suivi une formation à la « Boutique de gestion » de Bruxelles en vue de créer l’asbl Université de la Nation Congolaise (UNC) dont l’objectif était d’organiser des cycles mensuels d’information générale sur le Congo pendant les weekends en faveur des enfants issus de la diaspora congolaise, pour mieux les attacher à leur mère patrie. Mais faute de financement, le rêve ne s’était pas matérialisé. Nous trouvant en vacances à Bruxelles le 18 décembre 2010, nous étions invités par Mr. Pulusu Omban à diffuser cette idée sur les antennes de la Radio Air Libre dans son émission Diaspo-culture. Mais terrassés par la grippe, nous étions dans l’impossibilité d’honorer l’invitation, ce qui n’est qu’une partie remise. Notons que notre sympathie naturelle pour l’UNC de Kamerhe ne nous détourne nullement de notre combat qui est celui d’ouvrir les yeux des Congolais et Africains sur l’énorme bêtise consistant à imiter servilement l’homme blanc comme si les Noirs que nous sommes ne sont venus au monde que pour être de simples consommateurs des idées des Blancs.

Parcours exceptionnel et dividende politique
Nous avons déjà expliqué à travers nombre de nos publications dans le journal en ligne CIC qu’en Afrique, la règle générale voudrait qu’un parti politique ait une dimension ethnique ou régionale compte tenu de l’existence des consciences ethniques et régionales à côté de la conscience nationale. Les partis à dimension nationale mis en place en dehors de tout despotisme sont une exception qui s’exprime dans des circonstances exceptionnelles. Au Congo, par exemple, le Mouvement National Congolais (MNC) de Patrice-Emery Lumumba n’avait rien d’un miracle. Au delà du radicalisme de ses prises de position et de sa verve oratoire, Lumumba avait bénéficié de deux grands avantages. Le premier fut la situation exceptionnelle de son groupe ethnique. Comme nous l’enseigne l’historien congolais Ndaywel-è-Nziem, « Les Tetela-Kusu (ethnie de Lumumba), à cause des vicissitudes de l’histoire, se trouvaient dispersés aux quatre coins du pays, à Léopoldville comme à Elisabethville, où ils constituaient un nombre important d’émigrés. Dans le Haut-Congo, les Kusu du Maniema formaient un groupe suffisamment distinct; au Kasaï, les Tetela et autres populations de Sankuru voulaient être différenciés de la grande masse des Luba. Donc, Lumumba, à cause de son identité de Tetela, avait son électorat naturel dispersé dans l’ensemble du pays, ce qui l’obligeait à jouer la carte nationaliste ».

L’essaimage des Tetela ne suffit pas à comprendre le succès de Lumumba et la dimension nationale qu’il donna à son parti. Pour compléter cette explication, on doit aussi prendre en considération l’itinéraire exceptionnel de Lumumba lui-même : « Lumumba était l’homme le mieux qualifié pour utiliser le groupe ethnique tetela comme ressource politique. Il était né et avait étudié dans le territoire de Katako Kombe. [Province du Kasaï]. Il travailla à Kindu [Province du Kivu] en tant que commis pour la compagnie minière Symétain, alors il alla à Léopoldville [Province de Léopoldville] où il suivit les cours de l’école des postes. Envoyé au bureau de poste de Stanleyville [Province Orientale], il prit part active aux activités des syndicats et des évolués et devint président de la Mutuelle des Batetela [...]. Après un bref séjour en prison pour détournement de fonds de la poste, il retourna à Léopoldville et devint directeur de vente dans une brasserie. Aussi, quand Lumumba entra dans la politique, il était capable d’utiliser tout un réseau de contacts préexistants, partiellement mais pas exclusivement parmi les Tetela-Kusu de Katako Kombe, Kindu, Stanleyville et Léopoldville » (Turner, Th., « L’ethnie Tetela et le MNC/Lumumba », in Etudes congolaises, n° 4, octobre-décembre 1969).

Cinq décennies plus tard, Kamerhe est le seul grand format politique congolais capable de donner une dimension nationale à son parti sans les moyens de l’Etat et cela non pas à la suite d’un essaimage de son groupe ethnique à travers le territoire national, ce qui est le cas de l’UDPS, mais tout simplement en utilisant rationnellement son parcours personnel qui est exceptionnel. Comme on peut le lire dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia, Kamerhe « commence ses études à Bukavu puis fait une autre partie à Goma. Il les poursuit ensuite dans les deux Kasaï pour en finir dans le Bandundu en obtenant son diplôme d’Etat en Mathématiques et physiques vers les années 80. De là, il fait ses études universitaires à l’Université de Kinshasa où il décroche son diplôme de licencié en Sciences économiques en 1987 avec mention distinction. Il y est maintenu comme assistant chargé des cours. L’on comprend alors que c’est par là qu’il maîtrise toutes les quatre langues nationales ». L’on comprend également qu’un tel homme politique se sente « chez lui » partout au Congo et soit très bien placé pour incarner réellement l’unité nationale dont on parle tant mais qu’on ne met jamais en pratique dans la gestion du pouvoir central, toujours dominé par des coteries tribalo-régionales.

Illustrons notre propos par un exemple pour mieux faire comprendre que sociologiquement, Kamerhe est le « frère » de tout Congolais non pas parce qu’il a la nationalité congolaise mais parce qu’il maîtrise les quatre langues nationales. Pour présenter au public son livre de triste mémoire intitulé « Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila » devant un millier de personnes à la cour de l’hôtel Invest Okapi à Kinshasa le 10 mars 2006, Kamerhe avait eu recours au patron du journal Le Soft, Kin-Kiey Mulumba. Parlant du coup de fil qu’il avait alors reçu de Kamerhe qui lui demandait ce service, Kin-Kiey dira qu’il ne pouvait refuser de rendre un tel service à un homme d’une autre province qui lui parlait dans la langue de sa province à lui, le Bandundu, à savoir le Kikongo. Ainsi va la nature humaine. On a toujours une sympathie naturelle envers un « étranger » intégré. Tel est le formidable atout de Kamerhe dans l’espace politique congolais. Mais, disposer d’un atout ne signifie pas forcément savoir en tirer profit. Kamerhe est-il conscient de son profil éminemment présidentiable qui le situe automatiquement au dessus de la mêlée ?

L’UNC comme programme d’action
Kamerhe semble conscient de sa stature nationale que lui envierait tout politique congolais. La dénomination de son parti, Union pour la Nation Congolaise (UNC), est en parfaite symbiose avec son itinéraire personnel qui fait de lui un candidat idéal à la présidence de la république. D’ailleurs, si le pays avait connu un cheminement normal depuis l’indépendance, il aurait pu se permettre d’exiger qu’après deux ou trois décennies, tout candidat à l’élection présidentielle maîtrise les quatre langues nationales en plus de la langue officielle. Ce serait là un ingrédient nécessaire à l’unité du pays qui le mettrait en plus à l’abri de toute imposture à l’instar de celle de « Joseph Kabila », qui demeure un objet politique non identifié après tant d’années au sommet de l’Etat. En outre, on ne peut s’empêcher de tracer un parallélisme entre le nom du parti de Kamerhe et celui de Lumumba : Union pour la Nation Congolaise (UNC) d’un côté et Mouvement National Congolais (MNC) de l’autre. Pour un parallélisme parfait, Kamerhe aurait dû simplement débarrassé le nom de son parti de ses éléments superflus pour le baptiser Union Nationale Congolaise (UNC). C’est à cela que sert entre autres l’expertise politique qui reste un oiseau rare sous le ciel congolais. Aussi avons-nous des partis aux dénominations pittoresques sans que cela ne gêne notre intelligence.

Il est facile de baptiser un parti Mouvement National Congolais (MNC) ou Union pour la Nation Congolaise (UNC). Mais traduire un tel programme d’action en actes reste une tache ingrate. A cet égard, les premiers pas de Kamerhe semblent indiquer que celui-ci n’a pas (encore) pris la juste mesure de la mission que lui dicte son parcours personnel. En effet, après la sortie officielle de son parti à Kinshasa le 14 décembre 2010, Kamerhe s’est envolé vers son Kivu natal. Ainsi, l’UNC court le risque de n’être qu’un parti au nom ronflant (dimension nationale), mais à assise régionale… comme la plupart de partis congolais voire africains. Citons l’exemple du Parti Solidaire Africain (PSA) et du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) d’Antoine Gizenga respectivement dans les années 60 et de nos jours. Dans les urnes, ces deux partis n’ont jamais donné une dimension nationale à leur fondateur.

Quand un parti est baptisé Union pour la Nation Congolaise (UNC), on doit s’interroger sur l’identité des partenaires de cette union. Dans le contexte congolais, il s’agit de nos différentes identités régionales. A ce sujet, on doit distinguer l’illusion de la réalité de l’union. De l’indépendance à nos jours, les dirigeants congolais et africains se sont toujours contentés de l’illusion. On recrute ou copte des membres aux quatre coins du pays au sein de la direction du parti. Mais l’assise de celui-ci de même que son véritable noyau décisionnel reste dominée par une identité ethnique ou régionale. Pour créer une véritable union nationale au sein du parti, nous avons recommandé dans « L’ajustement politique africain. Pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa » que le parti fonctionne comme une fédération des partis régionaux. Ainsi, pour être à la hauteur des ses ambitions, l’UNC devrait fonctionner comme une fédération des UNC Bas-Congo, UNC Kinshasa, UNC Bandundu, UNC Equateur, etc., avec une présidence tournante, tout en ayant Kamerhe comme candidat idéal à l’élection présidentielle. Pour que l’UNC ait une assise populaire réelle, il n’était nullement nécessaire que Kamerhe saute à bord du premier avion pour l’intérieur du pays au lendemain du 14 décembre 2010. Il aurait gagné à amorcer des pourparlers avec les leaders de petits partis régionaux pour que ceux-ci meurent d’une belle mort en devenant des noyaux des fédérations régionales de l’UNC. Ces leaders se chargeraient d’annoncer la bonne nouvelle à leurs bases respectives, puis Kamerhe sillonnerait le Congo profond à la tête d’une forte délégation des leaders régionaux pour consacrer l’unité effective du parti.

Des élections dans un pays occupé
Depuis l’élection présidentielle de 2006, l’imposteur « Joseph Kabila » a levé petit à petit le masque sur son imposture. Aujourd’hui, les Congolais de mauvaise foi sont les seuls à ne pas se rendre compte de l’occupation de leur pays par une nébuleuse maffieuse internationale, incarnée par le gouvernement parallèle dirigé par l’imposteur. Face à l’occupation, la résistance armée s’impose. Mais, comme nous l’avons écrit dans notre livre « La deuxième guerre occidentale contre le Congo. Offensive des médias et dessous des cartes » (Paris, L’Harmattan, 2006), l’occupation de notre pays est avant tout l’œuvre des puissants de ce monde qui ont décrété l’impunité de leurs instruments africains. Aussi les élections paraissent-elles comme la voie la moins coûteuse en vies humaines dont le bilan est déjà plus qu’effroyable. Certes, un imposteur ne peut se permettre d’organiser des élections justes, libres et transparentes. Mais, avec Tshisekedi et Kamerhe en lice, une opposition bien organisée peut faire mordre la poussière à l’imposteur dès le premier tour. Pour se convaincre de la nécessité de participer aux élections même dans le contexte défavorable actuel, il convient d’examiner tout le mal que la politique de la chaise vide de l’UDPS aux élections de 2006 a fait à la nation. Rompus dans la lutte non violente à toute dictature, des sénateurs et députés de l’UDPS n’allaient pas laisser les coudées franches à l’imposteur et son gouvernement parallèle. La traversée du désert pendant toute une législature n’a fait que refroidir l’ardeur militante de l’UDPS. N’ayant rencontré aucun obstacle de taille sur son chemin, l’imposteur a fini par asseoir confortablement son gouvernement parallèle tout en semant de nouveau la peur dans les cœurs des Congolais. Que l’UDPS s’engage aujourd’hui à participer aux élections sans condition en dit long sur les méfaits de sa politique de la chaise vide. Par ailleurs, dans toute occupation, il y a toujours des collabos. La grande médiocrité de la classe politique congolaise aidant, il serait aisé à l’imposteur de se fabriquer des adversaires qui iraient aux élections contre lui même si l’ensemble de l’opposition se décidait à les boycotter. Et ce n’est pas la communauté occidentale, autoproclamée internationale, qui viendrait au secours des Congolais, elle qui est l’ordonnatrice et le principal bénéficiaire de la tragédie congolaise.

Les mains tendues de l’opposition
Lors de son retour sur la scène politique, Tshisekedi a tendu la main à l’opposition. A la sortie officielle de son parti, Kamerhe a également tendu la main à l’opposition. Que signifient toutes ces mains tendues ? Si cela signifie « venez me soutenir à prendre le pouvoir », le Congo n’a aucune chance de sortir des marais. Les partis d’opposition doivent se tendre la main pour trois questions essentielles. Primo, ils doivent obtenir de la commission électorale que tous les partis signent un code de bonne conduite lors de la campagne électorale. Un tel code devrait être assorti des sanctions bien déterminées pour toute infraction. Et l’opposition devrait se dresser comme un seul homme à chaque coup porté sur un des membres. Secundo, les candidats idiots, ceux dont les partis ne rayonnent pas au delà de leurs cercles familiaux ou tribaux et qui finissent par faire des scores honteux de zéro pour cent et des poussières, devraient être encouragés à s’abstenir à jouer aux rigolos de manière à ce que l’opposition aligne tout au plus deux ou trois candidats, ce qui rendrait le jeu électoral plus lisible pour une population à majorité analphabète. Tertio, l’opposition doit s’organiser pour assurer sa présence dans tous les bureaux de vote à travers le territoire national. Et au besoin, elle devrait mettre ne place des centres de consolidation des résultats parallèles à ceux de la commission électorale pour détecter toute fraude organisée aussitôt qu’elle se manifesterait. Oui, bien organisée, l’opposition peut minimiser l’ampleur de toute fraude de la part de l’imposteur même maintenant que ses frères tribaux du CNCD ont ôté son dernier masque en s’alliant au PPRD.

Quid du duel Kamerhe-Tshisekedi?
En cas de duel Kamerhe-Tshisekedi au second tour, le choix rationnel ne devrait être dicté par les erreurs politiques monumentales de l’UDPS tout au long de son existence et au rang desquelles se situe par exemple la politique de la chaise vide aux élections de 2006. Il ne devrait pas être dicté par les accusations à tort ou à raison de dérives totalitaires ou de favoritisme ethnique voire familial qui ont émaillé le parcours de la fille aînée de l’opposition congolaise. Il ne devrait pas non plus être dicté par l’obséquiosité passée de Kamerhe vis-à-vis d’un imposteur et criminel notoire. Après avoir eu un premier ministre dormeur, le « lumumbiste » ou « nationaliste » Antoine Gizenga, qui a assuré sa succession à travers un népotisme indigne d’un nationaliste, le pays ne peut se permettre d’avoir un président de la république dormeur. Les dinosaures, on les parque au sénat et non à la tête de l’exécutif d’un Etat. Par ailleurs, hisser à la présidence de la république un politicien des années 60 après cinq décennies d’indépendance reviendrait à reconnaître que les dinosaures n’ont rien fait pour leur pays. Ce serait également insulter l’intelligence et le dynamisme de jeunes générations. Ceci dit, en cas de duel entre Tshisekedi et l’imposteur, il faut espérer que Kamerhe ne ferait pas revivre à la nation l’horreur de 2006.
Author: Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo
Source: Congoindépendant 2003-2010, du  19 Décembre 2010

Friday, December 17, 2010

RDC: Le CNDP rejoint l'AMP sur fond de polémique (PAPIER D'ANGLE)

Le Congrès national du peuple (CNDP) annoncé il y a quelques jours son adhésion à l'Alliance de la Majorité présidentielle (AMP) en prévision des prochaines élections présidentielles prévues en 2011 en République démocratique du Congo (RDC).

Selon les dirigeants du CNDP, l'intégration de leur parti politique au sein de l'AMP se fait dans le souci de renforcer les rangs de cette plate-forme politique et de soutenir la candidature du président Joseph Kabila à l'élection présidentielle de 2011.

Mais pour un grand nombre d'observateurs, l'intégration du CNDP au sein de l'AMP est de très mauvais augure pour cette plate-forme politique. Pour beaucoup de spécialistes de la vie politique congolaise, il s'agit d'une alliance contre nature.

"Car le parti politique, dirigé autrefois par l'ex-général dissident Laurent Nkunda, figure sur la liste noire des formations politiques qui sont poursuivis par les instances judiciaires internationales et qui a causé le plus de malheurs, de pleurs et de drames dans la province du Nord-Kivu", a expliqué un député provincial du Nord-Kivu.

"Nous n'oublierons pas de sitôt le massacre commis par les ex- rebelles du CNDP à Kiwanja, en 2008 où des enfants et des femmes ont été assassinés. Le CNDP a également commis beaucoup d'atrocités et à freiner l'élan de développement dans cette parie de la RDC. Il est tout de même étonnant qu'il milite aujourd'hui pour un gouvernement qu'il a combattu", a-t-il ajouté.

L'ancien chef du CNDP, le général dissident Laurent Nkunda, vit aujourd'hui en résidence surveillée au Rwanda. Lui et certains de ses proches collaborateurs, dont le général Bosco Ntangana, sont poursuivis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Le CNDP se trouve dans le collimateur de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme qui l'accusent d'être responsable de graves violations des droits de l'homme dans l'est de la RDC et des pillages des richesses naturelles du pays.

"L'adhésion du CNDP au sein de l'AMP est une très mauvaise affaire pour la plate-forme du président Joseph Kabila. Cette adhésion risque de lui faire perdre beaucoup de voix lors des prochaines élections", a soutenu Albert Mulumba, chercheur et politologue congolais.

Selon lui, l'AMP est en train de se transformer en véritable blanchisserie.

Il estime qu'en acceptant le CNDP au sein de l'AMP, les ténors de cette plate-forme risquent de dures sanctions du peuple lors des prochaines échéances électorales.


Source: Xinhuanet, du 17/12/2010

RDC: Lambert MENDE, Quelle immoralité !

A chacune de ses sorties médiatiques, le ministre congolais de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, provoque la colère voire la nausée par ses outrances verbales. Dans un récent communiqué signé par son porte-parole, Mende adresse des félicitations du gouvernement aux avocats de l’Etat congolais ayant plaidé dans l’affaire "République démocratique du Congo contre Nzomina & Iluo". Et ce, pour avoir "pu convaincre la justice belge de la méconnaissance par son ordonnance du 11 octobre dernier de la souveraineté de la RDC". (voir l’article "Affaire Tungulu : le juge belge se contredit!). Quelle immoralité !

On le sait, le 29 septembre dernier, Armand Tungu Mudiandambu a été arrêté et battu à mort par des éléments de la garde prétorienne de "Joseph Kabila". Tungulu est suspecté d’avoir lancé deux cailloux sur le cortège du "raïs". Ce fait confère-t-il à "Joseph Kabila" et à ses sbires le droit d’ôter la vie à un citoyen congolais? Pire, le chef de l’Etat a-t-il le droit de confisquer la dépouille mortelle de sa victime? N’est-il pas scandaleux que plus de soixante-dix jours après l’annonce de la mort "par suicide" de Tungulu que sa famille n’ait pas accès à son corps? Or justement le procès "gagné" par les "avocats de la République" n’avait pour objet que la restitution et le rapatriement de la dépouille mortelle du défunt.

Qualifié de suicidaire par certains, l’acte posé par ce jeune bruxellois tranche avec la couardise légendaire des Congolais. En réalité, Tungulu a montré le chemin en clamant tout haut ce que la grande majorité de la population congolaise préfère murmurer dans leurs salons ou lors des veillées mortuaires. Par son geste, Tungulu a exprimé un ras-le-bol. A savoir que la RD Congo est "dirigée" par des hommes et des femmes qui jouissent des privilèges sans que ceux-ci soient la contrepartie d’un service éminent rendu à la collectivité. L’alinéa premier de l’article 64 de la Constitution en vigueur est sans équivoque : "Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution". Quatre années après la promulgation de cette Loi fondamentale, le principe de séparation des pouvoirs est battu en brèche par le retour en force de la personnalisation du pouvoir avec son corollaire : l’arbitraire. La dérive autoritaire.

La joie exprimée par Mende choque. Ce ministre a raté l’occasion de se taire devant la douleur et la souffrance de la famille Tungulu. Serait-il excessif de dire que ce membre du gouvernement est une parfaite caricature d’homme d’Etat. Porte-parole du gouvernement, l’ancien opposant Mende qui prétendait - au cours de la première moitié des années 90 - de se battre pour la promotion de la démocratie et le respect des droits de l’Homme dans l’ex-Zaïre a perdu de vue tous ses idéaux au point d’exulter devant une affaire où il est question de mort d’homme. La mort d’un citoyen congolais qui n’a fait qu’exprimer ses opinions.

C’est connu, les politiciens congolais ont deux discours. Le premier sert quand l’acteur milite dans les rangs de l’opposition. Ce discours est généreux, truffé des slogans sur la démocratie et le respect de la vie et de la dignité de la personne. Le second intervient lorsque le même acteur accède au pouvoir. Ici le speech devient conformiste voire conservateur.

C’est une image lamentable que des individus comme Mende donne du personnel politique congolais. Dans la lettre ouverte adressée à "Joseph Kabila" en date du 19 novembre dernier, la veuve Chebeya écrivait ces mots : "Pour terminer, Monsieur le président, s’il vous plait, veuillez interdire votre ministre de la Communication Mende Omalanga pour ses propos qui peuvent soulever les coeurs brisés du peuple congolais et de dire de mensonges. (...)"

Author: Baudouin Amba Wetshi


Source:  KongoTimes, du 17/12/2010

Thursday, December 16, 2010

COTE D'IVOIRE: Une trentaine de morts en marge de la marche sur la RTI à Abidjan

Une trentaine de personnes ont été tuées dans des combats à l'arme lourde entre partisans pro-Ouattara et forces loyales à Laurent Gbagbo. Le camp d'Alassane Ouattara maintient son appel à marcher vers la siège de la télévision ivoirienne.

La Côte d’Ivoire est en alerte, ce jeudi, alors que les partisans du camp d'Alassane Ouattara sont appelés à marcher vers le siège de la Radio-Télévision ivoirienne (RTI), dans le quartier du Vieux Cocody, à Abidjan. La manifestation prévue dans la matinée a toutefois été interrompue avant même d'avoir commencé, lorsque des combats à l'arme lourde ont éclaté à proximité de l’Hôtel du Golf où le camp d'Alassane Ouattara a installé son quartier général.

Au moins une trentaine de personnes ont été tuées, selon des informations recueillies par FRANCE 24. "Parmi elles se trouvent quatre membres des forces de l'ordre fidèles à Laurent Gbagbo. Il y aussi une cinquantaine de blessé, confirme Karim Hakiki, l'un des envoyés spéciaux de la chaîne en Côte d'Ivoire. Mais maintenant, les combats ont cessé."

Le calme semble être effectivement revenu cet après-midi dans les rues d'Abidjan. "La circulation aurait été rétablie mais les forces loyales à Laurent Gbagbo tiennent toujours les ponts", reprend Karim Hakiki.

Clash dans le centre du pays

Les affrontements ont éclaté dans la matinée à proximité de l'Hôtel du Golf. "Plusieurs centaines de manifestants pro-Ouattara - ceux qui avaient pu parvenir jusqu'ici, la majorité ayant été empêchée de quitter leur quartier - s'étaient réunis ici [à l’hôtel], explique Cyril Vanier, l'autre envoyé spécial de France24 à Abidjan. Le Premier ministre nommé par Alassane Ouattara, Guillaume Soro, devait prendre la tête du cortège. Mais avant le début de la manifestation, des élements de sa sécurité, dont d'ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), ont ouvert la voie et pris position pour sécuriser la manifestation. C'est alors que des combats se sont engagés avec des membres de l'armée loyale à Laurent Gbagbo."

Des heurts ont également eu lieu dans le centre du pays, à Tiébissou, à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale politique, Yamoussoukro. Des forces fidèles aux deux rivaux ont échangé des tirs pendant plusieurs heures.

Cet après-midi, le porte-parole de Guillaume Soro a annoncé lors d'une conférence de presse que l'objectif de manifester à la RTI était maintenu, ainsi que l'appel à marcher demain sur la primature.

Le Premier ministre d'Alassane Ouattara avait annoncé en début de semaine vouloir installer un nouveau directeur général à la tête de la RTI, cette institution-clé de la communication pro-Gbagbo. Le camp de ce dernier estime, lui, que cette manifestation est "de la provocation et de l’intimidation", selon Gnonzié Ouattara, ministre de la Communication du gouvernement formé par Laurent Gbagbo.

Paris appelle à la "retenue"

Les événements de ce jeudi sont suivis avec inquiétude en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Ce jeudi matin, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a appelé "à la retenue de part et d’autre". La mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) assure, elle, travailler pour que le calme et la sécurité prévalent, mais se dit dans le même temps "prête à toutes les éventualités", selon Hamadoune Toure, son porte-parole, interrogé par RFI. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon craint que la situation n’aboutisse "à une violence généralisée", alors que le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, menace de déclencher des poursuites en cas de violences meurtrières, dans un entretien à FRANCE 24.

De son côté, le Parlement européen a adopté, ce jeudi, une résolution appelant les Ivoiriens à rejeter la violence. Il invite la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à prendre de "nouvelles initiatives" pour soutenir le président proclamé par la Commission électorale indépendante (CEI) et reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara.

Une délégation de l'Union africaine (UA) devait aussi rencontrer le chef de l'État nigérian, Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), afin d'essayer de trouver une issue pacifique à la crise.

La position inconfortable de l’Onuci
L’intervention éventuelle des forces onusiennes fait débat. Le général Philippe Mangou, chef d'état-major des armées et de l'ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS) ivoiriennes, s’est fait menaçant, mercredi, imputant par avance au représentant spécial des Nations unies en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, la "responsabilité" des "conséquences imprévisibles qui pourraient résulter de ces actions projetées".

"L’Onuci pense qu’elle n’aura pas à être attaquée et n’aura pas à riposter", lui a répondu, de son côté, le porte-parole de la mission onusienne, Hamadoun Touré.

Mercredi déjà, plusieurs manifestants pro-Ouattara ont été blessés par balles à Yamoussoukro (centre), la capitale politique ivoirienne, quand les FDS ont voulu empêcher un défilé.

M. Ouattara a été désigné vainqueur du deuxième tour de la présidentielle par la Commission électorale indépendante (CEI) et reconnu comme tel par la communauté internationale. Mais le Conseil constitutionnel ivoirien a invalidé ce résultat et proclamé la victoire de M. Gbagbo. Les deux hommes ont chacun formé leur gouvernement.

La RTI, au coeur du conflit Gbagbo-Ouattara
Depuis le début de la crise post-électorale qui secoue la Côte d’Ivoire, le camp d’Alassane Ouattara accuse la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) d’être acquise à la cause de Laurent Gbagbo. Les proches du président proclamé par la Commission électorale indépendante (CEI) étayent leurs accusations en expliquant que le site internet de la RTI ne donne que la composition du gouvernement de Laurent Gbagbo et que la chaîne est la seule source d’informations dans le sud du pays depuis que les médias internationaux y ont été interdits. Par la voix du nouveau ministre de la Communication du gouvernement Aké N'Gbo, Gnonzié Ouattara, qui s’est exprimé sur RFI, le camp Gbagbo rétorque que, "depuis très longtemps, les radios et télévisions du nord et de l’ouest font campagne pour Ouattara, alors que la RTI a fait un travail équitable durant la campagne présidentielle".


Par Karim HAKIKI , envoyé spécial France 24 à Abidjan. (video)

http://www.france24.com/fr/20101216-cote-ivoire-camp-alassane-ouattara-maintient-appel-manifester-television



FRANCE 24 (text)


Source: France 24, du 16/12/2010

RDC: L’alliance CNDP-AMP : une cohésion dans l’action criminelle et prédatrice

Le lundi 13 décembre 2010, sur les ondes de la Radio France Internationale, plusieurs compatriotes ont suivi cette information : «Une nouvelle recrue pour la majorité présidentielle en République démocratique du Congo : le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) a rejoint, ce week-end à Kinshasa, la majorité présidentielle. C’est le pasteur Jean-Marie Runiga, chargé des relations extérieures de l’ancienne rébellion du Nord-Kivu, qui a signé l’acte d’adhésion à l’AMP, expliquant que le CNDP a décidé de cheminer avec le président Joseph Kabila. » Cette nouvelle a, inutilement, surpris beaucoup de compatriotes. L’amnésie et l’habitude de travailler sur le court terme seraient à la base de cette surprise. Au fur et à mesure que le temps passe, les questions essentielles liées à la guerre d’agression que les grandes puissances et leurs satellites nous mènent sont oubliées. La foi dans le processus (dit) démocratique de 2006 complique davantage la compréhension de ce qui nous arrive. Dès que nous perdons de vue que le Rwanda, jusqu’à ce jour, tient à la partition du Congo et à prendre le Kivu ; que les puissances impérialistes occidentales pratiquent la politique de diviser pour régner en se servant de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi comme Etats-satellites pour déstabiliser l’Afrique des Grands et avoir accès à ses ressources naturelles et ses matières premières stratégiques, nous faussons le reste de nos échanges et débats.

Pour réaliser ces objectifs, comment procèdent-ils ?

Ils mènent des actions cohérentes. Sur le court, moyen et long terme. Ils changent de temps en temps de stratégie mais les objectifs restent les mêmes. Infiltrer toutes les institutions congolaises pour les affaiblir de l’intérieur et créer des institutions parallèles ; recourir au viol comme arme de guerre et envoyer des ONG qu’ils financent pour donner l’impression de panser nos plaies et de soulager nos douleurs ; indiquer à leurs hommes et femmes liges opérant au sein des institutions congolaises la direction qu’ils doivent prendre, etc.

Donnons un exemple de l’infiltration des institutions congolaises. Quand le 2 janvier 2008, Laurent Nkunda s’exprime sur les ondes de la Radio Bwiza FM sur les officiers rwandais qui seraient dans l’armée congolaise, il dit ceci : « Eh bien, si vous entendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour au sein du Front patriotique rwandais, le FPR, et ensuite dans l’armée patriotique rwandaise, l’APR du général Paul Kagame, alors le peuple congolais a un sérieux problème à résoudre, car son propre président, élu au suffrage universel direct par plus de 58% des voix (en octobre 2008), est non seulement d’origine tutsi, comme moi mais est aussi un ancien soldat du FPR, comme moi. » Quand, tout à coup, certains d’entre nous, font semblant de ne pas comprendre qu’en acceptant le processus de 2006, nous officialisions l’infiltration de nos institutions étatiques au sommet et que les mouvements rebelles créés et soutenus par Kigali étaient ses Chevaux de Troie, cela étonne.

Tenez. Quand est-ce que Nkunda devient dangereux pour Kigali ? C’est quand il a cherché à prendre un peu plus de liberté (réellement ou de façon théâtrale) vis-à-vis de Kigali le 25 décembre 2008.

Au cours d’un entretien dans son quartier général, il osera affirmer ceci : « L’AFDL et le RCD sont les créations du Rwanda. Le MLC est une création de l’Ouganda. » Ce faisant, il voulait présenter le CNDP comme étant une œuvre congolo-congolaise. La suite, nous la connaissons. Il sera rappelé à l’ordre par son « créateur » au début de 2009. (Kapingu nakosonga, wangata twisu wantonuena !)

Comment le RCD et les autres Chevaux de Troie de Kigali ont-ils travaillé à l’affaiblissement des institutions congolaises après que Laurent-Désiré ait remercié « ses créateurs » devenus encombrants, eu égard à leurs agendas cachés ? Prenons deux exemples.

Le premier. « Au cours de l’automne 2000, l’étau se resserre autour de Kabila (Laurent-Désiré). Le Mzee tente une opération militaire contre les rebelles du RCD et l’armée rwandaise. Il organise avec ceux qu’ils désignent comme ses deux bras droits, Joseph Kabila (…) et le général John Numbi, une réunion opérationnelle entre les chefs des Forces armées congolaises, des FDLR et du CNDD/FDD de Jean Bosco Ndayikengurukiye, pour devancer l’offensive ennemie qu’il sait imminente. » (P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010, p.405. Les autres citations sont tirées du même livre.) Que remarquent les alliés circonstanciels de Mzee ? Ses directives ne sont pas exécutées. « Les bras droits empêchent ainsi la largage d’armes et de munitions au bénéfice des FDLR qui sont alors déployés à l’est de la RDC et aux côtés des Maï-Maï, tentent de contenir les Rwandais et leurs alliés de RCD-Goma. » (p.405) Le deuxième exemple est celui de Pweto. (On peut y ajouter celui de Rwumangabo qui est plus récent !) Quand les Rwandais décident d’attaquer Pweto au mois d’octobre 2000, Laurent-Désiré Kabila se prépare à leur barrer la route. « Mais la bataille frontale espérée par Kabila n’aura pas lieu : les généraux, dont John Numbi, et les troupes congolaises prennent la fuite. Joseph Kabila reste avec les seuls FDLR, qui, avec lui, incendient les chars et les armes lourdes abandonnées par les Congolais et les alliés (…) ». Se confiant sur cet épisode à Pierre Péan, les anciens chefs des FDLR soutiendront que depuis l’été 1998, Joseph Kabila et John Numbi sont au service de Paul Kagame pour évincer Laurent-Désiré Kabila du pouvoir.

Que John Numbi ait été l’un des négociateurs de l’opération Umoja Wetu permettant à l’armée rwandaise de revenir sur le lieu de ses crimes le 20 janvier 2009 est un signe d’une grande constance et d’une grande cohésion dans ses services de Cheval de Troie de Paul Kagame. De 1998 à 2010, douze ans durant, Joseph et son gouvernement parallèle (où siège John Numbi) ont été au service du Rwanda. Ils chasseront Kamerhe de la présidence de l’Assemblée nationale. Son péché, quel était-il ? Avoir protesté contre l’entrée officielle de l’armée rwandaise sur notre territoire. Disons que les Chevaux de Troie ont travaillé, sur le temps, au sein d’un gouvernement parallèle, à réaliser les objectifs de Kigali et de leurs parrains communs. Quand le CNDP cherche à rejoindre ses alliés naturels officiellement-parce qu’officieusement, il travaille toujours avec Kabila et les siens-, il s’inscrit dans la logique cohérente de la poursuite de l’action de la balkanisation du Congo et du pillage de ses ressources naturelles et minières. Ayant expérimenté l’efficacité des institutions parallèles, les Chevaux de Troie de Kigali et de l’Occident sont en train de distraire les plus naïfs d’entre nous en parlant des élections de 2011. Ils se moquent d’eux sous cape. Ils savent que les institutions officielles ne servent à rien dans un pays sous tutelle et en proie à une prédation permanente. Elles n’exercent aucun contrôle sur les institutions officieuses au service du capitalisme sauvage.

A notre avis, se plaindre de l’alliance CNDP-AMP, c’est ne rien comprendre à la marche de l’histoire officielle du Congo. Elle n’est pas encore écrite par ses dignes filles et fils.

Il arrive que le processus (dit) démocratique de 2006 soit présenté comme l’aboutissement de différents accords signés au cours de notre histoire agitée pour une transition démocratique. Mais qui a joué le rôle majeur dans la confection et la signature de ces accords ? Prenons l’accord de Lusaka. Qui en a été le facilitateur ? Ketumile Masire.

Qui était-il ? Sur quoi reposait sa politique ? « Ketumile Masire, ancien président du Botswana (1980-1998), dont toute la politique reposait sur une étroite alliance avec De Beers, la principale société diamantaire du monde, avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – auxquels il avait donné l’autorisation de construire l’immense base militaire de Mapharananwe, comprenant notamment une base d’écoutes couvrant l’Afrique australe. » (p.398) Qui a travaillé dans l’ombre au projet de cet accord ? Quels étaient ses contacts ?« Le projet d’accord a été piloté par Philip Winter, fonctionnaire britannique, spécialiste de la région des Grands Lacs. Et l’homme de l’ombre de l’accord est Howard Holpe, un personnage qu’Israël avait mobilisé dans son soutien à Mobutu dans les années 1980 ; il est là cette fois pour le compte de l’administration Clinton. C’est lui qui, au cours de réunions secrètes tenues à l’hôtel Livingstone, à Pretoria, en juin 1999, reçoit les émissaires du RCD-Goma, rencontre Kagame et Museveni, mais aussi Mandela et Mbeki ; lui encore qui rédige le texte de l’accord, transmis à Bill Clinton, Madeleine Albright et Koffi Annan via l’ambassade américaine à Pretoria. » (p. 399)

Voilà comment s’est effectué un boulot en réseau pour la néo-colonisation de notre pays et l’Afrique des Grands Lacs. Quand nous ne savons pas tout ceci et que nous nous acharnons sur l’alliance naturelle entre le CNDP et l’AMP, que nous nous préparons à aller aux « élections libres, démocratiques et transparentes » en 2011, nous témoignons d’une ignorance crasse sur la marche actuelle du monde. A travers leur alliance, le CNDP et l’AMP restent cohérents dans la poursuite de l’ action criminelle et prédatrice qu’ils mènent au Congo au profit d’eux-mêmes et de leurs maîtres. Cette alliance est un signe parmi tant d’autres du « nouvel assujettissement » du Congo et de l’Afrique par les pouvoirs impérialistes.

Dans ce contexte, les appels lancés par Kadhafi au Festival mondial des arts nègres à Dakar le mardi 14 décembre 2011 doivent retenir notre attention : « A bas l’impérialisme! L’Afrique doit s’unir, pour qu’on ne redevienne pas des serfs ou des esclaves. Il faut mettre en place un gouvernement d’union pour le continent africain, que l’Afrique ait une seule armée (. . .) qui se composerait d’un million de soldats. » L’enjeu est là : redevenir ou pas des serfs et des esclaves des tous les loups du monde. Identifier et mettre (chez nous) hors d’état d’agir les satellites de tous les loups du monde, à court, moyen et long terme devrait rentrer dans la vision que les dignes filles et fils du Congo doivent avoir pour le Congo de demain.

Les élections de 2011 peuvent-elles contribuer à cette action ? Nous ne pensons pas. L’alliance entre le CNDP et l’AMP est un signal a décrypter : les politiques de l’AMP ont, désormais, choisi d’avoir officiellement, une branche armée. Ils reconduisent la politique de leurs maîtres du talk and fight. Pour eux, négocier une légitimité politique par les urnes en 2011 ne devrait pas les dispenser de semer la terreur et la désolation par les armes. Quitte à mettre cela sur le dos des forces négatives ! Se faisant, ils pourront intimider les plus audacieux d’entre nous au cours de leurs campagnes électorales et forcer certaines alliances contre-nature. 2011 risque d’être la copie conforme de 2006. Là, nous n’aurons, encore une fois, que nos yeux pour pleurer et maudire nos dieux et nos ancêtres. Ce n’est qu’un point de vue…Kazanga koyeba ezali liwa ya mobimba !
Author: J.-P. Mbelu
Source: Congoindépendant 2003-2010, du
15 Décembre 2010