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Le président rwandais Paul Kagamé a appelé les anciennes
puissances coloniales à respecter "la dignité" des pays africains, dans un
discours prononcé à Kigali à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de
son pays recouvrée le 2 juillet 1962
Le Rwanda, ancienne colonie belge, célébrait également le 18ème
anniversaire de sa "libération", 18 ans de pouvoir du Front patriotique rwandais
(FPR) qui a arrêté le génocide des Tutsi de 1994. "C'est un moment d'examen de
soi et de réflexion", a déclaré le président rwandais, déplorant "la dignité et
l'identité que nous avons perdues, d'abord sous le colonialisme et puis,
ironiquement, après les indépendances". "Certains de nos dirigeants ont accepté
et se sont même accommodés de ces pratiques", a regretté le chef de l'Etat,
debout dans un stade national bondé, en présence de plusieurs personnalités
africaines, dont le président tanzanien Jakaya Kikwete et le président de la
Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping. Il n'y avait cependant aucun
représentant de la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, qui n'était pas
invitée.
Le régime du président Kagame, qui accuse Bruxelles d'avoir
introduit et cristallisé la division entre Hutu et Tutsi, n'épargne pas non plus
les dirigeants de l'après-indépendance. Ces dirigeants ont poursuivi, selon lui,
la politique "divisionniste" jusqu'au génocide de 1994. M. Kagame a appelé les
Africains, et les Rwandais en particulier, à être "braves et honnêtes (. . . ),
à s'attaquer directement aux problèmes" et cesser de "jouer les victimes et
blâmer les autres". "Lorsque nous envisageons l'avenir, nous devons reconnaître
que l'indépendance et la libération sont un processus. Au Rwanda, nous
commençons maintenant l'étape suivante de notre parcours (. . . ) dans l'unité,
le respect mutuel et la responsabilité partagée", a-t-il déclaré.
"Pour moi, l'indépendance ne fait que
commencer"
Le double anniversaire a été marqué par un défilé des forces
armées au cours duquel le public a longuement applaudi des hélicoptères de
combat qui survolaient le stade. Sous le titre "Rwanda: A journey of
resilience", un documentaire a par ailleurs été présenté, dans lequel une femme
dit sa fierté d'être rwandaise aujourd'hui. "Pour moi, l'indépendance ne fait
que commencer. Dire à la France, si vous n'êtes pas d'accord, nous non plus,
nous ne sommes pas d'accord! Cela n'était pas pensable avant", s'est réjouie la
dame.
Kigali avait rompu fin 2006 ses relations diplomatiques avec
Paris après qu'un juge d'instruction français eut émis des mandats contre neuf
personnalités de l'entourage du président Kagame, les soupçonnant d'implication
dans l'attentat, le 6 avril 1994, du président Juvénal Habyarimana. Paul Kagame
avait alors dénoncé "l'arrogance" des pays occidentaux, qui "s'arrogent le droit
de juger les autres". Les relations ont repris en novembre 2009, après l'arrivée
de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
Source: Jeune Afrique/AFP, du 01/07/2012 à 16h:38
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