Friday, April 22, 2011

COTE D'IVOIRE: L’armée de Ouattara "nettoie"

Dans la mire : une dernière poche de gbagbistes et le “commando invisible”.
Alors que la vie reprenait petit à petit ses droits dans Abidjan, où les activités recommencent avec lenteur, dix jours après l’arrestation de l’ex-président Laurent Gbagbo, le tir des armes lourdes y retentit à nouveau depuis mercredi après-midi.

Les Forces républicaines (armée formée essentiellement d’ex-rebelles nordistes, qui s’est mise au service du vainqueur de la présidentielle, Alassane Ouattara) ont entrepris de "nettoyer" le dernier carré des combattants gbagbistes à Abidjan. Un grand nombre de ceux-ci se sont réfugiés à Yopougon, fief de Laurent Gbagbo. Nombre d’entre eux pourraient être des jeunes peu formés, à qui Gbagbo avait fait distribuer des armes durant les dernières semaines avant sa chute. D’autres sont des mercenaires libériens, auxquels l’ex-chef d’Etat avait abondamment recouru, redoutés pour leur cruauté, et impliqués dans de graves exactions à l’ouest du pays - suivies de représailles sanglantes par les forces pro-Ouattara.

En même temps, les Forces républicaines combattent, à Abobo, un troisième camp, celui d’Ibrahim Coulibaly, dit "IB". Ce dernier est un dissident de l’ex-rébellion nordiste qui avait tenté d’en assassiner le chef politique, Guillaume Soro, aujourd’hui Premier ministre de M. Ouattara. "IB", qui avait disparu de la circulation depuis quelques années, a trouvé le moyen de se remettre dans le jeu politique en prenant, les armes à la main, la défense des nordistes d’Abidjan persécutés et tués par l’armée de Gbagbo depuis la défaite de ce dernier à la présidentielle de novembre. Surnommés "le commando invisible", ses hommes avaient été le fer de lance de la résistance nordiste aux exactions gbagbistes, jusqu’à l’entrée en guerre des ex-rebelles nordistes, descendues en quelques semaines du nord du pays jusqu’à Abidjan.

Avant qu’ils y arrivent, le "commando invible" plaçait la barre très haut, revendiquant le pouvoir pour "IB" une fois que Gbagbo aurait été vaincu, Ouattara étant juste autorisé à, éventuellement, participer à un futur nouveau scrutin. L’entrée des Forces républicaines dans Abidjan a changé la donne: appuyées par les forces de l’Onu - casques bleus et force française Licorne - elles ont fini par reprendre la ville et arrêter Laurent Gbagbo le 11 avril, renvoyant le "commando invisble" dans l’ombre. Du coup, cette semaine, "IB" a annoncé qu’il faisait allégeance à Ouattara.

Selon les Forces républicaines, toutefois, il aurait laissé passer une date-butoir pour intégrer ses forces (il annonce 5 000 hommes mais n’en aurait que quelques centaines) dans la nouvelle armée; le camp Ouattara l’accuse, en outre, de se battre au côté des gbagbistes - vraisemblablement pour prolonger les désordres et faire monter le prix de son ralliement.

"IB" nie. "Je contrôle une partie de Yopougon mais je ne soutiens pas les miliciens (gbagbistes) comme on m’accuse de le faire", a-t-il déclaré à Reuters. "J’ai demandé aux Forces républicaines qu’on s’accorde sur la méthode et les moyens pour nettoyer Yopougon parce que nous pouvons travailler ensemble, mais personne ne m’a encore appelé."


MFC



Source: La Libre, Mis en ligne le 22/04/2011

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