
ABANDONNE PAR SES GENERAUX
Ses supposés fidèles généraux se sont ensuite retrouvés à l’Hôtel du Golf pour faire allégeance au nouvel homme fort du moment ; l’assurant de la même loyauté qu’ils ont jurée à Laurent Gbagbo. Rien que duperie et flagornerie de généraux, ces coups de gueule et propos enflammés servis à l’ex-chef de l’Etat et ses partisans durant ces quatre mois de crise post-électorale ! Alassane Ouattara est donc averti. Et par delà lui, tout dirigeant politique qui aura la naïveté de croire que l’armée est une assurance tous risques pour la survie de son régime. Peut-être Laurent Gbagbo n’aurait-il pas connu cette fin humiliante qui écorne gravement son image, s’il ne s’était enfermé dans un jusqu’au-boutisme inexplicable. Seul contre tous, son entêtement à défier le monde en s’accrochant au pouvoir, a fini par le perdre. Comme Charles Taylor, Slobodan Milosevic, Saddam Hussein, il a payé cash le bras de fer engagé avec l’intraitable et impitoyable communauté internationale. Il a péché par orgueil et a ainsi été lâché par les dieux. Voilà encore un enseignement pour bien des chefs d’Etat. Ironie du sort, le couple Gbagbo, qui se croyait investi d’une mission divine, a attendu en vain qu’une armée d’anges vienne sauver le régime en perdition. Comme l’aurait prédit l’un de ces illuminés qui écumaient le palais présidentiel, un certain pasteur Koné Malachie. Avec lui, d’autres religieux comme Zahiri Ziki, ont réussi à persuader le couple Gbagbo et leurs partisans qu’une armée providentielle surgirait du néant pour renverser la situation en leur faveur en cas de guerre. En vain. Un espoir messianique auquel se sont accrochés jusqu’aux derniers instants les millénaristes du camp Gbagbo. Finalement, il n’y eut point d’armée céleste pour sauver le « soldat » Gbagbo. Moralité : Laissons Dieu loin de nos querelles pour la conservation ou la conquête du pouvoir. Si d’aventure, il devrait s’en mêler, il combattra toujours aux côtés de ceux qui sont dans la vérité. Last but not least : la chute de Gbagbo sonne comme un signal fort à l’endroit de tout dirigeant qui serait tenté, à l’avenir, de s’accrocher vaille que vaille au pouvoir. « Nous avons envoyé avec l`Onu un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs. Nous leur avons indiqué que la légalité, la démocratie devaient être respectées et qu`il y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas », a en effet déclaré devant l`Assemblée nationale le Premier ministre français, François Fillon, au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le cas Gbagbo interpelle donc Alassane Ouattara et au-delà, tous les dirigeants africains.
Author: Assane NIADA
Source: L'Inter, du 18/04/2011
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