Wednesday, March 7, 2012

RDC: Après la démission du Gouvernement Muzito : Koyagialo 1er ministre intérimaire


 
* Adolphe Muzito a cessé d’être le premier ministre de la Rd Congo. Il a déposé sa lettre de démission au chef de l’Etat hier, après environ trois ans et demi passés à la tête de l’exécutif congolais.

* La démission de Muzito impliquant celle de toute l’équipe gouvernementale, les 22 membres du gouvernement élus députés nationaux, avec à leur tête Adolphe Lumanu ont déposé, en bloc, leur lettre de démission au bureau provisoire de l’Assemblée nationale.

* Mais, comme le pays ne doit pas s’arrêter, Joseph Kabila a nommé illico le Vice – premier ministre, ministre des Postes et Nouvelles technologies de la communication Louis Alphonse Koyagialo Premier ministre intérimaire.

C’est depuis hier 6 mars 2012, en fin de matinée qu’officiellement le Premier ministre Adolphe Muzito a rendu le tablier. Arrivé fin mandat et conforté par son mandat de député national validé, il y a de cela 8 jours, Muzito a cessé donc d’être le chef de l’exécutif congolais, ayant opté pour le siège de l’Assemblée nationale. Sa lettre de démission a été déposée au Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange comme le veut la Constitution de la République.

Un fondement juridique

Conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur, spécialement l’article 108 de la Constitution de la République démocratique du Congo, l’incompatibilité ne peut être admise. Cet article stipule clairement que « le mandat de député national est incompatible avec le mandat de sénateur et vice-versa ». Et de poursuivre « le mandat de député ou de sénateur est incompatible avec les fonctions ou mandats suivants : membre du Gouvernement ; membre d’une institution d’appui à la démocratie ; membre des Forces armées, de la police nationale et des services de sécurité ; magistrat ; agent de carrière des services publics de l’Etat ; cadre politico-administratif de la territoriale, à l’exception des chefs de collectivité chefferie et de groupement ; mandataire public actif ; membre des cabinets du Président de la République, du Premier ministre, du Président de l’Assemblée nationale, du Président du Sénat, des membres du Gouvernement, et généralement d’une autorité politique ou administrative de l’Etat, employé dans une entreprise publique ou dans une société d’économie mixte ; tout autre mandat électif. Le mandat de député national ou de sénateur est incompatible avec l’exercice des fonctions rémunérées conférées par un Etat étranger ou un organisme international. »

Cependant, l’article 110 va dans le sens de perte de mandat. Il stipule que « le mandat de député national ou de sénateur prend fin par expiration de la législature ; décès ; démission empêchement définitif ; incapacité permanente ; absence non justifiée et non autorisée à plus d’un quart des séances d’une session ; exclusion prévue par la loi électorale ; acceptation d’une fonction incompatible avec le mandat de député ou de sénateur ; condamnation irrévocable à une peine de servitude pénale principale pour infraction intentionnelle. » C’est donc respectueux de la loi fondamentale que l’honorable Muzito a agi en connaissance de cause.

Le satisfecit d’Adolphe Muzito

Au sortir de ce tête-à-tête avec le Chef de l’Etat, celui que l’on appellera désormais ‘’ancien Premier ministre’’ s’est confié à la presse présidentielle, disant sourire aux lèvres son satisfecit. Ce sentiment de satisfaction, à l’en croire, trouve sa justification aussi bien d’ « un devoir accompli que de toutes les marques de gratitude et loyauté envers le Président de la République durant le quinquennat passé », a – t – il commenté, un quinquennat où les hautes charges de l’exécutif ont été confiées au parti cher à Gizenga dont il est issu, le Parti lumumbiste unifié (Palu).

« Je viens de déposer auprès du Président de la République ma démission comme Premier ministre, et de droit la démission de mon gouvernement, afin de permettre à l’autorité suprême d’engager la procédure qui permettra la mise en place d’un nouveau gouvernement, dans le cadre de la nouvelle législature », a – t – il fait savoir. Mais, il sied de relever que le sentiment de celui qui vient de quitter la tête de l’exécutif congolais est de deux ordres. De prime abord, Muzito dit sa reconnaissance, sa gratitude à Kabila pour son soutien ainsi que pour son leadership qui a permis de réaliser dans une certaine mesure les missions confiées à son gouvernement.

D’autre part, c’est le sentiment d’un travail accompli dans des conditions difficiles, a – t – il dit en substance, se souvenant d’une franche collaboration et d’une loyauté réciproque entre les deux personnalités comme le pays en avait du reste besoin. Ce qui n’a permis aucun incident majeur, 5 ans durant.

Bilan mitigé de Muzito

Mais au-delà de ce sentiment d’autosatisfaction, un bilan sommaire a été dressé. Le gouvernement Muzito ayant été un gouvernement de missions, dont essentiellement mettre fin à la guerre, restaurer l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national, stabiliser le cadre macroéconomique, donner à la monnaie sa valeur, restaurer les relations avec la communauté internationale, … Economiste, Muzito a relevé un aspect qui fait sa fierté : « Nous sommes allés même plus loin pour obtenir l’annulation de la dette extérieure. Elle est passée de 14 milliards Usd à 3 à 4 milliards. Beaucoup de pays développés aujourd’hui ploient sur le fardeau de la dette. Le Congo (Rd) a vu la sienne diminuée essentiellement du fait du travail du gouvernement sous l’impulsion du Chef de l’Etat ».

Il y a, à ne point douter, du pain sur la planche du point de vue social, économique, sécuritaire, diplomatique, etc. D’où l’ex-premier ministre a avoué implicitement, la main sur le cœur, l’échec de son gouvernement : « mais il faut que le peuple sente les effets. Ça va demander beaucoup de temps pour rétablir les infrastructures sociales dont les hôpitaux, les écoles… Ce n’est pas dans 3 ans, 5 ou 10 ans. Mais l’important est que nous ayons arrêté la descente aux enfers », a – t – il conclu. Mais, c’est un goût d’inachevé tant beaucoup de zones demeurent sombres quant à ce, si l’on s’en tient à l’accent particulier de Joseph Kabila sur le social.

Les membres du gouvernement élus députés font bloc

Le même mouvement migratoire a été observé à l’Assemblée nationale. Les 22 membres du gouvernement élus députés nationaux, avec à leur tête Adolphe Lumanu Mulenda ont déposé, en bloc, leur lettre de démission au bureau provisoire de l’Assemblée nationale.

Ils ont sagement pris part utile pour ne pas subir les effets d’un tsunami politique éventuel et perdre de deux côtés avec l’avènement du gouvernement à venir, bien que plusieurs d’entre eux méritent une palme, avec possibilité de faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale dont les tractations sont en cours.

L’ancien Vice-Premier ministre, aujourd’hui l’honorable Adolphe Lumanu qui a conduit cette délégation a déclaré que les membres de l’exécutif national n’ont jamais pensé faire de la résistance. Ils ont préféré faire leur choix de rester à la Chambre basse du parlement.

Après Muzito

Le Vice – premier ministre, ministre des Postes et Nouvelles technologies de la communication Louis Alphonse Koyagialo est donc le Premier ministre intérimaire. Pour combien de temps ? Nul ne sait. Cependant, Koyagialo se voit chaque saison récompensé. Il dirige, jusqu’à nouvel ordre, le gouvernement de la République malgré ceux qui envisageaient le contraire.

Dans l’entre-temps, l’intérim des autres ministères du gouvernement concernés sera assuré par les ministres qui seront désignés. Un cumul qui n’a rien à voir avec de nouvelles nominations. Mais la grande question reste celle de savoir à qui Kabila va – t – il confier bientôt la Primature ? L’avenir nous le dira. Mais le Chef de l’Etat ne manquera pas de porter son choix sur une personne loyale, expérimentée, ayant une parcelle de crédibilité dans et en dehors du pays... Cet oiseau rare au portrait robot, voilà la personne qui devra accompagner le Chef de l’Etat dans la réussite de son nouveau mandat.

Originaire de la province de l’Equateur, plus précisément de l’ethnie Ngbandi, Louis Koyagialo, est aussi ancien gouverneur du Shaba (actuel Katanga). Il a connu une ascension fulgurante au sein de la Majorité présidentielle. Adjoint de feu Katumba Mwanke au secrétariat exécutif de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP), il l’a remplacé après sa démission en décembre2009 avant de céder la direction de la majorité à Aubin Minaku en juillet 2011.





Source: L'Avenir Quotidien, du 07/03/2012

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