La Belgique, ancienne puissance coloniale, l'Union européenne, la France et la Grande-Bretagne ont exprimé leur inquiétude mardi après de récents heurts en République démocratique du Congo (RDC) à trois semaines des élections, et un appel à la violence de l'opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle.
Dans un communiqué, les ministres belges des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, Steven Vanackere et Olivier Chastel, ont jugé "inacceptable qu'un candidat se proclame lui-même président légitime et appelle à la violence, mettant ainsi en question les principes fondamentaux de la démocratie elle-même" - sans citer nommément M. Tshisekedi.
"Il est essentiel, pour la Belgique, que tous les candidats participent pacifiquement au processus électoral et acceptent le verdict de l'électeur. Dans ce contexte, les ministres trouvent inacceptable qu'un candidat se proclame lui-même président légitime et appelle à la violence, mettant ainsi en question les principes fondamentaux de la démocratie elle-même", ont ajouté les deux ministres dans un communiqué.
Dimanche, dans une interview à la télévision d'opposition Radio Lisanga TV (RLTV), M. Tshisekedi, avait appelé ses partisans à "casser les portes des prisons" si le gouvernement ne libérait pas dans les "48 heures" des militants arrêtés lors manifestations. Il s'est également proclamé "président de la République".
Samedi et lundi à Lubumbashi (sud-est), plusieurs personnes ont été blessées lors d'affrontements entre militants du parti de M. Tshisekedi, l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) d'un côté, et du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD, au pouvoir) et de l'Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec) de l'autre.
Se disant "inquiète" de ces développements à l'approche de la présidentielle et des législatives du 28 novembre, l'Union européenne dit avoir "pris note avec préoccupation des actes de violence et des propos tenus en public ces derniers jours appelant au non respect de la loi, et susceptibles de conduire à un climat de violence et de tensions politiques, sociales et ethniques", selon un texte publié à Kinshasa.
L'UE appelle "encore une fois tous les acteurs politiques en RDC à s'engager sans réserve sur un processus électoral apaisé, respectueux de tous, et permettant des élections libres, transparentes et crédibles". De même, Paris a appelé les autorités congolaises comme l'opposition "à éviter toute déclaration ou action qui seraient de nature à envenimer une situation déjà tendue", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"Tout appel à des actions violentes doit être proscrit", a ajouté M. Valero.
L'ambassadeur britannique à Kinshasa, Neil Wigan, a également appelé dans un communiqué les candidats "à faire preuve de retenue durant la campagne électorale" et à "éviter de faire usage d'un langage susceptible d'exacerber les tensions entre les communautés ou de nature à occasionner des affrontements avec les forces de sécurité".
Les forces de sécurité doivent "s'assurer qu'elles remplissent leurs devoirs avec professionnalisme", a-t-il ajouté.
Les propos de M. Tshisekedi ont conduit le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) à suspendre la RLTV jusqu'au 14 novembre.
Mardi en fin de journée à Kinshasa, un policier a été "agressé" par des militants de l'UDPS qui ont aussi incendié un véhicule de chantier, selon la police qui a arrêté sept personnes.
Onze candidats, dont le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila, se présentent à la présidentielle, et 18.855 candidats vont se disputer 500 sièges de députés. Quelque 32 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour ces deux scrutins à un tour.
Belga
Source: RTBF, 09/11/2011
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