Tuesday, November 23, 2010

RDC: Dans une interview à France 24, TSHISEKEDI : Sortie ratée

Le président national de l’Udps, après avoir lancé la campagne de récolte des fonds pour sa campagne électorale, a fait sa première sortie médiatique sur France 24. Cette prestation médiatique est superbement ignorée de Congolais qui ne suivent pas cette chaîne. On croit savoir que le leader de l’Udps visait un certain public. Mais, classer cette sortie médiatique dans le cadre de la préparation des élections à venir, c’est raté. On ne peut donc pas - autant c’était le cas pour la collecte des fonds - parler d’une quelconque machine. A moins qu’il s’agisse d’une machine à stratégies mal conçues et mal menées.

Un non événementQue Etienne Tshisekedi ait décidé de parler, cela ne peut nullement être considéré comme un événement dans la mesure où, ceux de ses concurrents au pays parlent au quotidien si pas directement, mais par leurs lieutenants interposés. Le débat politique, les interviews, … ne sont pas des événements au pays où une centaine de radio et télévision en offrent chaque jour aux téléspectateurs et aux auditeurs, sans oublier les lecteurs.

Chaque fois qu’un des candidats parle, il laisse ses propos à la critique, aux commentaires divers. C’est démocratique. On a en mémoire la dernière prestation médiatique de Sarkozy, plus suivi en Rdc que celle de Tshisekedi. Elle a donné lieu aux commentaires divers. Dire que ceux qui commentent à leur gré les propos de Tshisekedi auraient peur de ce dernier, c’est nous ramener à une certaine époque. Malheureusement, cette époque inspire encore beaucoup de tshisekedistes qui ne tolèrent aucune critique aux propos de " l’homme dieu ". Voilà qui effraie beaucoup de Congolais qui ont tourné la page " d’hommes providence ". Si Tshisekedi peut faire peur, c’est à ce point de vue.

L’homme à qui on doit toutMobutu expliquait sa prise de pouvoir et sa confiscation à son seul profit, par sa volonté de mettre fin à ce qu’il avait appelé « bain de sang ». Pour avoir été le « sauveur » du Congo, Zaïre à l’époque, Mobutu avait prononcé cette phrase : « Je ne dois rien au peuple congolais (zaïrois), mais ce peuple me doit tout ». Tshisekedi n’est pas différent de Mobutu. Son interview à France 24 le démontre. Cela ne nous étonne pas, lorsqu’on sait qu’alors seulement dans l’opposition (Usor), il estimait qu’ayant été seul à avoir lutté contre Mobutu, il avait droit à tout. C’est ainsi qu’il monopolisait aussi bien l’opposition que le poste de Premier ministre.

Quiconque osait se proclamer leader de l’opposition, était diabolisé, parce que seul Tshisekedi méritait cette qualité. C’est ainsi que, même élu premier ministre par la Cns, il était toujours opposant. C’est la raison pour laquelle la transition 1+4 a été pour lui un sacrilège, parce qu’après avoir signé l’accord global et inclusif à Sun City, il n’a pas obtenu le poste de vice-président de la République pour le compte de la composante opposition politique non armée. Un poste qu’il croyait lui revenir de droit. Partant de son ambition personnelle, il a estimé que la transition, la Constitution et les élections organisées pendant ce temps, ne pouvaient être valables. Sans lui, rien de valable ne peut se faire en Rdc. Certains, ne maîtrisant pas l’histoire récente de la politique congolaise, pouvaient douter de notre analyse. On leur demanderait de partir de la récente interview à France 24. Il y a au Congo des leaders politiques, des institutions mises en place et qui fonctionnent. Tshisekedi estime que sans lui, le pays est en danger. Super homme, super politicien, il serait seul à sauver le pays et le processus électoral.

Personne ne peut le croire
Personne en Rdc comme dans la communauté internationale ne peut le croire. Car, Tshisekedi n’est pas un nouveau venu dans la politique. On peut remonter ses origines politiques pour mettre à nu ses mensonges politiques présents et passés. Pour ce faire, il suffit de ne prendre que quelques aspects importants de son discours.

Pourquoi avait-il boycotté les élections de 2006 ? Parce qu’il avait raté le poste de vice-président qui lui aurait permis de se replacer. Car, après Sun City, l’Udps miné avec le départ de Kibasa Maliba était mal au point. Il a fait une fuite en avant. Le temps de lancer la machine de collecte des fonds en Europe. Le reste n’est qu’habillage. Mentir est une antivaleur. Si en 2006, les conditions étaient mauvaises pour l’Udps d’aller aux élections, le fait de décider d’y aller en 2011, est une façon de reconnaitre que ceux qui ont géré le pays pendant cette première législature de la 3ème République, ont créé les conditions d’une élection démocratique et transparente. Pourquoi Tshisekedi ne peut-il pas avoir l’honnêteté de le reconnaître ? La réponse est simple. Dans sa vie, Tshisekedi n’a jamais reconnu le mérite des autres. Je mets au défi quiconque démontrerait le contraire.

Mobutu bon selon…
Mobutu était bon, tant qu’il pouvait tout donner à Tshisekedi. Lorsqu’il lui a préféré un autre à la tête du parlement, Tshisekedi en a fait un diable. La preuve, c’est qu’il est resté auprès de ce dernier, arborant avec lui la même toque de léopard et la même canne folklorique. Pendant cette période de lune de miel, tout ce que Mobutu faisait, parce qu’il le faisait avec la collaboration de Tshisekedi, était bon. Le coup d’Etat contre Lumumba en 1960 était bon parce que Tshisekedi y avait trouvé son compte en tant que Vice-commissaire général en charge de la justice. La Constitution de 1967 qui limitait la liberté s’association en proposant deux partis politiques seulement était bonne, parce que Tshisekedi y avait participé. Par contre, celle d’après 24 avril 1990 qui préconisait 3 partis politiques était mauvaise parce que Tshisekedi n’y avait pas contribué. Par conséquent, il est devenu partisan du « multipartisme intégral ». La Constitution de 2006 elle, est mauvaise parce qu’elle prend le contre-pied de tout ce que Mobutu et Tshisekedi avaient défendu, à savoir, le pouvoir oligarchique dans une République des hommes forts.

Plus banal, il avait suffi que le même Mobutu l’accueille chaleureusement à Cap Martin pour que non seulement Tshisekedi lui fasse des éloges, en insistant sur la limousine mise à sa disposition, - tout en taisant le nombre de cartons d’argent reçus - mais aussi, il lui préparé un bain de foule à Kinshasa au moment où trois quarts du pays était déjà sous contrôle de la rébellion. C’était aussi suffisant pour que Mobutu et Tshisekedi se retrouvent, le premier cessant d’être le diable, pour un accord de gouvernement. Il a accepté le poste de Premier ministre avant d’aller demander à Laurent Désiré Kabila d’accepter 4 postes au gouvernement dirigé par lui Tshisekedi avec Mobutu comme président.

Bien avant cela, les assassinats politiques dont la pendaison publique de Anany, Mahamba, Kimba et Bamba au pont Kasa-Vubu. Tout cela était bon parce que Tshisekedi avait sa part de pouvoir. Il en est de même de l’extérieur. Il est mauvais lorsqu’il est supposé supporter une autre personne. Il est bon lorsqu’il est avec lui. De même il est allé passer en revue les troupes rwandaises, après avoir accusé l’Adfl d’avoir amené les Rwandais au Congo, il peut aujourd’hui lécher les bottes des milieux belges parce qu’il estime qu’ils ne sont plus avec Kabila.

Tshisekedi nu à France 24Le leader de l’Udps n’étonne personne. Bien au contraire, à travers cette interview, il se livre tout nu devant l’opinion, même celle de ceux qui ne le connaissait pas. Il vient tenir le 1er Congrès de son parti. Il estime que c’est son mérite. Il refuse de reconnaître qu’il y a quelques années cela était impossible. Sinon qui comprendrait qu’un parti politique créé en 1980 ne puisse avoir son 1er Congrès plus de 30 ans après. C’est la preuve par neuf que ceux qui dirigent le pays ont créé des conditions qui manquaient jadis.

Il faut prendre très au sérieux ce que Tshisekedi dit. Il veut clairement amener la Rdc sur la voie de la politique de 1960, la même politique qu’il a menée au cours des années 1990, une politique basée sur les hommes et non sur ce qui fait le discours politique ailleurs, à savoir l’économie, le social, bref le développement. Une politique plus basée sur le discours que sur les actions concrètes. On n’est jamais sorti de la déception, lorsque prié par la Cns de donner son programme économique, le leader de l’Udps s’est contenté de dire pour tout programme : « Nous allons faire le changement ». Comment et pourquoi, avec qui, avec quels moyens, où les trouver ? Rien de tout cela. On a applaudit. Et ce qu’on appelait « dynamique de la salle » qui veut dire esprit moutonnier, l’a élu Premier ministre. On n’a pas vu le changement qui devrait commencer par discipliner Mobutu. Et le grand atout de Tshisekedi, disait-on, qu’il était le seul homme sur terre à dire non à Mobutu. C’est ridicule comme programme « dire non » à Mobutu. En fin de comptes, c’est Mobutu qui a dit non à Tshisekedi. Et c’est une autre personne qui est venu dire non à Mobutu, l’obligeant à aller mourir en exil au Maroc. Cet homme, là, LD Kabila, Tshisekedi l’a combattu. Peut-on savoir pourquoi, lui qui a supporté Mobutu, dictateur reconnu, pendant des décennies ?

Non au retour à la politique des « homme-providences »La Rdc a perdu beaucoup de temps avec cette politique corrida entre individus. Elle s’est engagée dans la lutte pour le développement en commençant pas la construction des routes. Henri Morton Stanley n’avait-il pas dit que « sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny » ? Aucun développement n’était envisageable dans un pays ployant sous une dette odieuse qui l’empêchait de s’endetter utilement même lorsqu’il en avait besoin. Grâce à la bonne gouvernance, le pays a convaincu les institutions financières internationales et les partenaires du Club de Paris à annuler une grande partie de cette dette tout en rééchelonnant utilement celle qui restera à payer avec au moins 25 ans de délai de grâce. Dire que tout cela c’est rien, c’est justement démonter que l’on veut ramener le pays vers la politique fiction avec des hommes-providences dont la seule présence suffirait pour que tout s’améliore. Ce fétichisme n’a rien à voir avec l’économie moderne.

Il ne distraira jamais le peuple congolais qui voit le Congo sortir lentement, douloureusement, mais sûrement du gouffre où Tshisekedi et ses amis l’ont plongé. Les élucubrations de Tshisekedi, qui tente un « nzombo le soir » n’arrêtera pas la poursuite de la politique de cinq chantiers.

Author:Joachim Diana G.


Source: L'Avenir Quotidien, du 23/11/2010

No comments:

Post a Comment