Thursday, January 13, 2011

COTE D'IVOIRE: Affrontements à Abobo : Les dessous d’une opération / Les clans se forment au sein des FDS

Depuis mardi dernier, des balles et des obus pleuvent sur la commune d’Abobo. Les populations de cette commune populaire sont en proie à des incursions armées des forces de défense et sécurité. Dans la journée de mardi, l’attaque des FDS a fait officiellement au moins quatre morts. Deux policiers et deux habitants ont été tués. « C’est une opération classique de sécurité contre des bandits armés », ont avancé les sécurocrates de la refondation pour justifier les scènes de guerre qui ont cours en ce moment à Abobo. Dans la nuit du mardi à mercredi, le bilan des affrontements s’est alourdi. On parle de cinq policiers tués et un civil. Les habitants aujourd’hui vivent dans la peur. Car, cela fait deux jours qu’ils n’ont pas fermé les yeux. Comment peut-il en être autrement ? Les bruits assourdissants des armes lourdes sont entendus parfois jusque dans d’autres communes : Cocody, Adjamé, Plateau, Treichville, Marcory et Koumassi. Il faut donc comprendre qu’un habitant d’Abobo qui est au cœur des opérations n’arrive pas à trouver le sommeil. Mais, pourquoi une telle opération maintenant ? Selon toute vraisemblance, Laurent Gbagbo a décidé de prendre le devant des choses. L’ancien chef d’Etat sent la contestation montée en puissance. Le RHDP prépare des mouvements de masse pour pousser l’autocrate d’Abidjan vers la sortie. Des journées villes mortes, dans cette optique, sont prévues à partir de la semaine prochaine. Le pouvoir FPI le sait. Et comme Abobo a toujours joué un grand rôle dans les manifestations de l’opposition, Laurent Gbagbo et ses camarades ont choisi d’enlever aux habitants de cette commune, dès maintenant, toute envie de manifester. L’opération qui a cours en ce moment a pour objectif de saper le moral des nombreux militants de l’opposition qui y a habitent et de créer une psychose en vue d’entamer la détermination de tous ceux qui veulent en découdre avec le régime FPI. En outre, avec l’argumentaire de chasse aux « rebelles armés », l’état-major militaire de Laurent Gbagbo se donne la raison d’occuper militaire cette commune pour anticiper sur les mouvements de masse que s’apprêtent à engager les démocrates de la commune la plus peuplée de la Côte d’Ivoire contre le régime dictatorial qu’il tente d’instaurer dans le pays de Félix Houphouët-Boigny. Réussira-t-il à contenir la colère de ceux qui veulent sauver la démocratie en Côte d’Ivoire ? Rien n’est moins sûr. Car s’il y a une seule chose qu’on ne peut bâillonner chez un peuple, c’est son désir de liberté. Et sur ce sujet, Laurent Gbagbo en sait un bout. Alors, autant céder le pouvoir pendant qu’il est encore temps.

Author: Jean-Claude Coulibaly


Affrontements à Abobo : Les clans se forment au sein des FDS
Tout ce qui se passe depuis ces dernières quarante huit heures à Abobo, un quartier populaire d’Abidjan, sont les premiers signes avant-coureurs du grand malaise qui traverse actuellement le camp Gbagbo Laurent. Et singulièrement, le malaise qui mine son seul instrument de confiscation d’un pouvoir qu’il a perdu dans les urnes, le 28 novembre dernier. L’armée ou du moins, ceux de cette grande muette qui ont choisi de marcher avec l’ancien président dans la grande forfaiture d’usurpation d’un pouvoir que le peuple souverain de Côte d’Ivoire a confié, à 54%, à Alassane Ouattara.

Gbagbo pris en otage ?

Si le récent passage de l’ancien président nigérian, pour tenter de dénouer pacifiquement la crise, n’a rien donné de notable, elle a, par contre, selon des sources bien introduites, fait bouger les lignes chez Laurent Gbagbo. Il revient que depuis le départ d’Olusegun Obasanjo et la poursuite des pressions diplomatiques et financières, l’ancien chef de l’Etat ivoirien a commencé à envisager un retrait pacifique. Certains disent qu’il est en train de foncer tout droit dans le mur. Et à présent, convaincu qu’il est, que ses espoirs de voir la communauté internationale abandonner et lui laisser le pouvoir ne sont que pures rêveries. Il se serait, à ce sujet, confié à certains de ses proches du dernier carré. Mais les ultras de son camp, dirigés par son épouse Simone Gbagbo, le général Dogbo Blé et le ministre Guiriéoulou, se sont opposés à toute idée de retrait. Ces derniers l’ont même menacé et se sont décidés à prendre les devants. Et c’est pour prouver au chef que la résistance va payer que Dogbo Blé et Guiriéoulou ont entrepris de faire le siège d’Abobo.

Fissures au sein des troupes

Le patron de la Garde républicaine et le ministre de l’Intérieur de l’ex-président ivoirien décident, de commun accord, de soumettre Abobo, qui passe pour être dans la capitale ivoirienne le plus grand fief de leur rival, Alassane Ouattara, à un siège militaro policier. L’opération est montée mais à la dernière minute, Dogbo Blé, prétextant qu’il doit protéger les institutions et le Président Laurent Gbagbo, refuse de mettre ses hommes en avant. Dans la nuit du lundi au mardi matin, le ministre de l’Intérieur de Gbagbo, Emile Guiriéoulou donne l’ordre à la police de passer à l’action. Selon lui, cette opération avait pour objectif de débarrasser cette commune de « grands bandits armés». Mal coordonnée et, surtout, sans l’accord de la chaîne de commandement complète de l’Etat-major des FDS, les policiers de Guiriéoulou tombent sur une farouche résistance des populations qui se solde par de nombreuses pertes en vies humaines. Une fois de plus, le camp de Gbagbo venait de verser le sang des Ivoiriens. Mais pour la première fois, des policiers sont tués en grand nombre. Cela, pour la simple raison que pendant l’attaque d’Abobo PK18, aucun autre corps n’a osé répondre à l’appel d’appui lancé par les éléments sur le théâtre des opérations. Il ressort que des chefs de corps ou d’unités, appelés en renfort, ont refusé d’engager leur troupe dans une action qu’ils ne maitrisaient pas. Naturellement, selon certaines indiscrétions, une réunion a eu lieu le mardi au niveau des FDS. A cette réunion, la crème de la hiérarchie militaire aurait reproché au Général Dogbo Blé ses agissements non coordonnés. Vraisemblablement, Dogbo Blé et Guiriéoulou n’ont tiré aucune leçon du mardi. Ils ont remis çà hier et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les policiers en mission et les populations riveraines ont connu de lourdes pertes. On parle de plus d’une vingtaine de tués. Une autre réunion a été convoquée hier avec Gbagbo et à cette séance, le général Dogbo, informe une source anonyme, aurait fait la proposition d’envahir Abobo et de soumettre la population par le feu des canons. Ce que la plupart des gradés et chefs de corps ont refusé. Finalement, il en aurait été dissuadé par Gbagbo lui-même. Ce dernier craignant d’aggraver son sort en cas de “massacre” massif des populations civiles à Abobo.

Les agissements de Dogbo Blé et d’Emile Guiriéoulou laissent clairement transparaître le grand malaise qui étreint la grande muette. Les dissensions sont claires et de plus en plus, plusieurs chefs de corps se désolidarisent des missions punitives qui se soldent par des tueries massives d’innocentes populations. Cette manière de faire des ultras de Gbagbo, avec à leur tête Simone Gbagbo, prouve que les opérations ne sont pas coordonnées normalement par la chaîne de commandement tenue par le Général Philippe Mangou. Selon des propos rapportés par une radio de la place, des hommes de l’armée loyaliste ont revendiqué les attaques contre leurs propres collègues.

Cependant, le Chef d’Etat-major de l’armée a attribué les attaques d’Abobo “aux hommes politiques du Golf Hôtel qui ont appelé à la désobéissance civile”.

Les populations abandonnées à leur sort

Attaquées chaque nuit, violées, pillées et tuées, les populations de cette grande cité dortoir d’Abidjan ont fini par en avoir marre. Et depuis, elles tentent de résister à la furia meurtrière des hommes de Gbagbo Laurent. Pendant deux jours et deux nuits, elles ont luttés pour préserver leur vie contre ceux qui sont censés les protéger. Parce qu’elles n’avaient d’autres recours que de bander leurs muscles. Tous les appels jusque-là, à l’attention des FDS et surtout des soldats onusiens sont restés vains. Pourtant, les Casques bleus, qui interviennent sous le chapitre 7 des Nations Unies, ont le devoir de protéger les civils. Malheureusement, Gbagbo, battu dans les urnes et qui tente d’asseoir une dictature les fait tuer sans que l’armée ivoirienne trouve à redire (si elle ne se montre pas de complice des miliciens et autres mercenaires tueurs). Et l’Onuci assiste passivement à ce génocide. C’est le lieu d’attirer l’attention de toute la communauté internationale qui doit tout faire pour freiner ce cycle de violence. Sinon, l’exemple d’Abobo risque de faire des émules.

Author: Koné Lassiné


Affrontements : Pourquoi toujours Abobo ?

Abobo est une commune martyre. C’est un euphémisme de le dire. Située au nord d’Abidjan, cette vaste commune, très peuplée, est depuis dix-ans, le souffre-douleur du régime frontiste. Dès que le pouvoir Gbagbo sent que son siège, qu’il usurpe aujourd’hui, vacille, il s’en prend aussitôt à Abobo.

On se rappelle encore, comme si c’était hier avec une pointe de tristesse, qu’en octobre 2000, pendant que Laurent Gbagbo prêtait serment au Palais présidentiel du Plateau qu’il occupe illégalement depuis sa défaite dans les urnes le 28 novembre dernier, des gendarmes exécutaient de sang-froid plusieurs dizaines de jeunes de cette cité. Pour la plupart extraits de leur domicile ou encore raflés dans la rue. La suite, on la connaît. Ce sera un charnier de 57 corps nus, découverts dans la forêt du Banco, à Yopougon. Rien qu’à y penser, on frémit encore, parce que l’horreur était à son comble.

Depuis, Abobo est restée indéfiniment dans le viseur des refondateurs. Son seul crime : regorger de plusieurs milliers de partisans et sympathisants d’Alassane Ouattara, le président élu démocratiquement. Mais surtout, d’hommes et femmes, jeunes et vieux, pauvres et nantis, qui aspirent à une Côte d’Ivoire, libre, juste et démocratique.

Abobo a toujours été en première ligne durant les luttes pour la conquête démocratique. Cela, naturellement, dérange la dictature des frontistes. C’est pourquoi, elle est sans cesse dans le viseur des soldats de Gbagbo.

Au moindre soubresaut sociopolitique, cette cité est aussitôt assiégée, par des hommes en armes. Et bonjour, les bastonnades, les actes de vandalisme et pire, les exécutions sommaires !
Souvenons-nous, le 16 décembre dernier, jour de la marche du RHDP pour la libération de la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) aux mains du régime illégal de Laurent Gbagbo, Abobo a été littéralement envahie par la soldatesque du chef des refondateurs : forces régulières et miliciens compris. La répression y sera terrible, avec à la clé de nombreuses exactions et surtout de graves violations de droits de l’homme. Plusieurs jours après cette marche, les Forces de Défense et de Sécurité « loyales » à Gbagbo occuperont cette commune. Chaque nuit, les populations sont traumatisées par des tirs nourris. Des personnes sont extraites de leur maison, avant d’être exécutées par des tueurs cagoulés, aux accents libériens…

La descente musclée d’avant-hier des soldats de Gbagbo à Abobo, précisément dans le sous-quartier PK18, suivie du siège, hier, de cette cité, achève de convaincre sur la volonté manifeste du président sortant et de son clan de la faire taire. Par tous les moyens !

Derrière cette opération militaire, se cache, sans coup férir, un objectif bien précis. Il s’agit de créer la psychose au sein des habitants d’Abobo, il est vrai, plus prompts à répondre aux mots d’ordre de manifestation. Et surtout de fragiliser Abobo, commune acquise à Alassane Ouattara que le camp Gbagbo redoute énormément. Enfin, cette action est également une opération punitive, une façon pour les hommes de Laurent Gbagbo de punir Abobo, parce qu’elle porte dans son cœur le président Alassane Ouattara. En le faisant, ils croient ainsi le priver d’un de ses soutiens de poids, en matière de mobilisation populaire. Un calcul manichéen qui fait, hélas, depuis mardi, des morts inutiles !

Author: Y.Sangaré

Affrontements à Abobo : Il faut agir ici et maintenant
Regardez bien le comportement de Gbagbo Laurent et ses suiveurs et vous y verrez bien, la technique de la souris musaraigne. Celle qui mord le dormeur et souffle aussitôt la plaie pour empêcher ce dernier de se réveiller. C’est exactement ce que fait l’ancien président ivoirien. Au même moment qu’il crie sur tous les toits, en même temps que ses affidés s’égosillent à dénoncer une intervention militaire de la CEDEAO, ces derniers continuent de tuer les pauvres populations. Depuis qu’il a décidé de confisquer le pouvoir après l’avoir perdu face à Alassane Ouattara, le candidat malheureux LMP a entrepris de s’imposer par la force et la violence. Face à des Ivoiriens aux mains nues, qui réclament juste que leur volonté soit respectée, Gbagbo répond par des balles réelles. En moins d’une semaine, après le 16 décembre, plus de 200 de nos compatriotes sont passés de vie à trépas. Aujourd’hui, le nombre d’exécutés est encore plus renversant. Ses miliciens, mercenaires et partisans de l’armée régulière ont trouvé de nouveaux terrains de tirs et des cibles toute faites. Les quartiers de Koumassi, d’Adjamé, Treichville et surtout Abobo. Les militants du RHDP et les Ivoiriens qui ont décidé d’accorder leur suffrage à Alassane Ouattara, pour que ce dernier sorte la Côte d’Ivoire du bourbier dans lequel Gbagbo l’a jetée, sont sauvagement arrachés à la vie. Il ne se passe plus un seul jour ou une seule nuit sans que le peuple ne décompte de nouvelles tueries. Les assassinats continuent au vu et au su de tous. Surtout de la communauté internationale qui compte pourtant sur le sol ivoirien une force militaire, ONUCI. Malgré les appels des dirigeants politiques, l’appel du Président légalement élu, Alassane Ouattara et les cris de détresse des populations, les soldats onusiens n’arrivent pas à empêcher ce génocide programmé par celui qui a décidé de diriger désormais la Côte d’Ivoire d’une main de fer. Tournées désormais vers la communauté ouest africaine, les populations attendent toujours que les décideurs de la CEDEAO leur envoie la force légitime pour, non seulement mettre fin à la forfaiture de Gbagbo et son clan, mais également, apporter la paix, la sécurité et surtout la démocratie à un peuple qui ne demande qu’à travailler pour sortir du sous développement. Seulement voilà, les choses traînent encore au niveau et d’incessants ballets de médiateurs ne donnent rien. Pendant ce temps, les tueurs de Gbagbo ne chôment pas. Finalement, depuis trois jours, les populations, surtout dans la commune d’Abobo, ont décidé de se défendre elles-mêmes. Et cela donne ce qu’on constate aujourd’hui dans ce quartier pro-Ouattara. C’est le lieu de dire à la CEDEAO qu’elle doit agir, ici et maintenant, pour freiner la folie meurtrière de Gbagbo. Si les soldats onusiens restent coincés dans les balbutiements de leurs règles d’engagement, l’Ecomog doit, comme le stipule le protocole de la CEDEAO, intervenir vite avant que le pays ne plonge dans un chaos général. Ce qui serait l’aboutissement du plan d’un Laurent Gbagbo vomi par son peuple et qui, pour se venger, ne veut lui laisser que ruine et désolation.



Author: Koné Lassiné

Affrontements à Abobo : Gbagbo s’attèle à sa guerre civile
Il avait promis le chaos si d’aventure, il était obligé de quitter le pouvoir. Eh bien, il est en train de réunir les éléments d’une vraie déflagration sociale qui, si l’on n’y prend garde, pourrait très bien se transformer en une guerre civile. Avant-hier, l’armée a investi tout le quartier PK 18 dans la commune d’Abobo à la recherche, dit-on, de caches d‘armes ou de bandits armés. Le bilan fait état de quatre morts et de nombreux blessés. A peine les clameurs se sont tues que les affrontements ont repris dans le même quartier et dans la même commune. Hier, en effet, selon les témoignages de quelques habitants que nous avons joints, les armes ont encore crépité. Des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ont envahi ladite commune, comme la précédente fois pour y traumatiser les habitants. Il y a encore eu des morts. Et comme il fallait s’y attendre, Abobo a cessé de vivre hier. La circulation s’est arrêtée, entraînant du coup, la baisse des activités commerciales et économiques. Hier toujours, les démons de la violence ont posé leurs valises à Lakota. Dans la cité des éléphants, des affrontements inter-ethniques ont opposé les jeunes, à en croire nos sources. Il y a quelques jours, c’est la ville de Duékoué, à l’ouest du pays, qui a connu des affrontements. Une banale affaire de coupeurs de route s’est transformée, c’est le cas de le dire, en une vraie guérilla. Des maisons incendiées, des magasins pillés. Duékoué présente depuis ces malheureux événements qui se sont déroulés en début de semaine dernière, le hideux faciès d’une ville à l’abandon. Ce qui a entraîné des exodes massifs vers d’autres villes et des déplacements internes des populations. C’est ainsi que certaines ont trouvé refuge à la Mission catholique, dans des conditions de vie et d’hygiène très délétères. Ainsi donc, parce qu’un candidat qui a été battu à la loyale refuse de reconnaître sa défaite, ce sont les populations qui paient cash, cette forfaiture. Après Abobo, Duékoué, Lakota, que nous réserve demain, pourrait-on se demander. Si cette situation préoccupe au plus haut niveau les observateurs de la scène politique ivoirienne et les Ivoiriens eux-mêmes, il y a quand même un homme qui, certainement, doit se frotter les mains, heureux que le chaos qu’il a toujours souhaité soit en préparation. C’est bel et bien Laurent Gbagbo. Le candidat malheureux à la présidentielle du 28 novembre dernier, sans doute convaincu qu’il serait battu, avait fait savoir qu’après lui, ce serait le chaos. Il est en train de tout mettre en œuvre pour qu’il en soit ainsi. C’est donc pour cela qu’il fait tout pour que l’on en arrive à un pourrissement de la situation. Et il est en passe de le réussir. Tout coûte cher tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. L’école ne fonctionne plus. L’administration encore moins. L’argent fait cruellement défaut et se nourrir est devenu un vrai calvaire. S’étant rendu compte que les Ivoiriens supportent avec dignité cette extrême pauvreté qu’il veut leur imposer, Gbagbo veut les pousser à s’affronter entre eux. En quelques 48 heures, les morts sont devenus nombreux à Abobo. Tant du côté des FDS que des populations civiles. Attention, le chef de l ‘Etat sortant est en train d’instaurer ‘’sa’’ guerre civile. Va-t-il y parvenir? On verra bien.

Author: Yves-M. Abiet

Affrontements à Abobo : La Lidho et le Midh condamnent
«(…) Nous condamnons de façon énergique les événements survenus mardi et mercredi derniers, dans la commune d’Abobo. Nous exprimons toutes nos compassions aux familles éplorées». Ces propos sont du président de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO), Dr André Banhouman Kamaté qui réagissait hier en fin d’après-midi suite aux descentes musclées des Forces loyales à Gbagbo à Abobo. Il a déploré le fait que les appels des organisations des Droits de l’Homme relatifs à la cessation de toutes formes de violences à l’endroit des populations ivoiriennes ne sont jamais entendus. « La dernière fois, après l’attaque du siège du RHDP par des policiers prétextant une perquisition, nous avons interpellé les autorités ivoiriennes qui détiennent encore une parcelle de pouvoir de faire cesser les violences. Mais ces violences continuent toujours et il y a encore des morts d’hommes. C’est regrettable», a expliqué Dr Kamaté. Indiquant que cette violence coïncide avec la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale par l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Cette commission, selon Dr Kamaté, doit faire arrêter les violences et tueries. « Elle a du travail à faire. Elle doit non seulement faire cesser toutes formes de violences et exactions, mais également chercher et trouver les auteurs de ces violences. Et aussi enquêter sur les violences interethniques survenues à Duekoué, qui ont entraîné plusieurs morts», a-t-il relevé. Avant de faire remarquer qu’aucune organisation de défense de Droits de l’homme n’a été associée à la composition de cette commission internationale. Le Mouvement Ivoirien des Droits Humains (MIDH) a également condamné les violences survenues à Abobo. Cette organisation, par la voix de son président Me. Traoré Drissa, a singulièrement condamné vigoureusement les conflits intercommunautaires qui ont éclaté hier à Lakota. « Nous condamnons tous ces actes qui sont très graves. Le problème, c’est qu’à Abobo on ne sait pas quels sont ceux tiraient sur les Fds. Nous en appelons à la responsabilité de chacun pour que cessent ces violences », a-t-il lancé. Invitant tous les corps (police, gendarmerie), à tout mettre en œuvre pour éviter les affrontements dans les différents quartiers d’Abidjan. Le Midh a exprimé sa compassion aux familles des Fds et des civils.

Author: Anzoumana Cissé

Affrontements à Abobo : Des Ivoiriens tués pour rien
L’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, doit vraiment méditer ces paroles de Monseigneur Jean Salomon Lezoutié, évêque coadjuteur du diocèse de Yopougon. « Pour ce nouveau mandat nébuleux auquel vous tenez beaucoup, permettez que je donne ma langue au chat, tout en souhaitant, qu’il ne donnera pas l’occasion à l’histoire de dire de vous, ‘’il fut grand certes, mais il a plus aimé le pouvoir que son peuple’’ ». En tenant ces propos, le prélat voulait attirer l’attention de Laurent Gbagbo sur les immenses conséquences de son entêtement à vouloir confisquer un pouvoir qu’il a perdu dans les urnes. En vrai homme de Dieu, Monseigneur Lezoutié n’a pas eu tort. Depuis la proclamation des résultats par la CEI et le putsch constitutionnel opéré par le candidat LMP, pas un jour ne passe sans que l’on ne déplore la mort d’un ivoirien. Le dernier bilan de l’ONU faisait état de 2010 morts. Mais ce chiffre est largement dépassé aujourd’hui. Les derniers évènements à Abobo, au nord ‘Abidjan, font état d’au moins 9 morts. Et ces morts ont été enregistrés tant du côté des FDS que des civils. Pourtant, rien ne saurait justifier ces pertes en vies humaines. Laurent Gbagbo fait tuer les Ivoiriens pour rien. Tout le monde, à commencer par lui-même, sait que sa tentative de s’accrocher au pouvoir n’aboutira pas. Jamais, la communauté internationale qui s’est investie tant financièrement, qu’humainement dans l’organisation des élections en Côte d’Ivoire, ne saurait accepter que la démocratie soit bâillonnée. ‘’Le Machiavel de la lagune Ebrié ‘’ sait qu’il partira. Ce n’est qu’une question de temps. Mais en attendant, comme tout bon dictateur, il essaie de faire croire à ce qui lui reste encore de partisans, qu’il tient toujours les rênes du pouvoir. Des FDS à sa solde font des descentes musclées dans les quartiers réputés favorables au président élu Alassane Ouattara. Malheureusement, ces opérations se soldent par des pertes en vies humaines, aussi bien du côté des FDS que des civils. Toute chose qui n’est pas acceptable. Car qu’ils soient civils ou corps habillés, ce sont des Ivoiriens qui meurent. Cela, par la faute de Laurent Gbagbo. S’il a encore un peu d’amour pour le peuple ivoirien, l’ancien chef d’Etat devrait quitter le palais présidentiel auquel il s’accroche comme un naufragé. Par cet acte, il épargnera la vie à de nombreux Ivoiriens. A moins que ce ne soit Monseigneur Lezoutié qui n’ait raison. Ce qui sera vraiment dommage !

Author: Dao Maïmouna

Sur une col : Destin contrarié
Quand j’observe Gbagbo, je me convaincs (j’ai même fini de me convaincre) d’une chose : l’homme ne cherche plus vraiment à confisquer le pouvoir comme on pourrait le croire. Je crois qu’il sait qu’il l’a perdu. Si, si, il le sait ! Il faut cesser de croire que la réputation d’homme futé, rusé, qui le précède ne se justifie que par sa propension à manœuvrer, à rouler ses adversaires (le monde entier finalement) dans la farine. Quand on est malin, c’est aussi pour comprendre, décrypter, les signes du temps. Croyez-moi, Gbagbo sait que plus jamais – en tout cas pour ce mandat-ci – il ne pourra exercer le pouvoir d’Etat ici en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, il n’est pas seul dans son camp à l’avoir compris. Beaucoup parmi ceux qui l’entourent et dont les cordes vocales ont brusquement cessé d’émettre le moindre son ces derniers temps, le savent. Ils sont nombreux à raser les murs, si ce n’est carrément à lorgner du côté des frontières de certains pays voisins. Regardez un peu vous-mêmes la mélancolie qui se dégage du prétendu gouvernement qu’il a formé. Moi, quand je vois les prétendus ministres de Gbagbo à la télévision, j’ai du mal à croire qu’ils sont vraiment ministres. Je décèle dans leur regard, un mélange d’amertume, d’impuissance, de peur même. Je les vois comme de pauvres gens pris en otage. Beaucoup parmi eux auraient voulu, un de ces matins, prendre leurs jambes à leur cou et échapper ainsi à leur « ravisseur ». Mais, ils pensent au retour du bâton. Sinon, qu’est-ce qu’un ministre sans budget, sans possibilité de signer un chèque, de voyager, ni hors du pays, ni même à l’intérieur du pays ? C’est quoi un ministre dont le Président est un parias dans le monde entier et n’a même pas la signature des comptes du pays qu’il est censé diriger ?

Je le répète donc, Gbagbo sait que son sort est scellé et que tous les mouvements d’hommes et de femmes qui se font autour de lui, sont de l’ordre du factice.

Maintenant, la question est de savoir pourquoi, alors qu’il se sait fini, l’homme continue d’alimenter l’illusion d’être encore ce qu’il n’est pas ? Certains y voient l’expression de l’ego surdimensionné d’un homme qui refuse d’accepter sa condition de simple mortel. D’autres pensent que pour être un preneur d’otage, Gbagbo n’en est pas moins lui-même l’otage d’une poignée d’extrémistes autour de lui.

Mais, moi, je crois que Gbagbo est en colère contre … Gbagbo ! Je crois qu’il prend sa dernière défaite électorale comme une défaite de la vie tout court. Il s’est bâti, dans la tête, un destin si grand qu’il en veut à tout le monde – y compris même aux siens propres – de n’avoir pas pu matérialiser ce destin. C’est tout le sens qu’il faut donner à sa volonté de brûler toute la Côte d’Ivoire aujourd’hui, lui-même avec Koré Emmanuel

Affrontements à Abobo : Neuf personnes tuées, dont six policiers

Les populations de la commune d’Abobo, notamment celles habitant non loin du rond-point de la gare routière, ont eu du mal à fermer l’œil durant la nuit du mardi 11 à hier mercredi 12 janvier 2011. Pour cause, leur secteur a été le théâtre d’échanges de tirs à l’arme lourde entre des éléments des Forces de défense et de sécurité à des individus armés non identifiés. Le bilan officiel de cet affrontement fait état de 9 personnes tuées, dont six policiers, un vigile et deux civils. Un bilan loin d’être exhaustif, selon des riverains que nous avons joints. « Jusqu’à 7H le matin (hier), les corps d’une vingtaine de policiers étaient encore déposés sur le trottoir non loin du collège Saint Joseph », affirme un jeune habitant des lieux. A ce bilan humain, s’ajoute la destruction de trois cargos et de deux voitures de types 4x4, appartenant à la Police Nationale. Ces véhicules ont été entièrement calcinés. Mais que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à de tels dégâts ? Qui sont ces individus armés non identifiés ? Ce sont là autant de questions qui alimentaient les discussions et autres causeries, hier dans la commune.

Si jusque-là on ne sait d’où viennent ces hommes armés et qui ils sont, des témoins ont par ailleurs vécus ses affrontements de bout en bout. Selon une source qui a préféré garder l’anonymat, c’est aux alentours de minuit que les premiers coups de feu ont été entendus. Ces tirs, poursuit notre informateur, se sont intensifiés au fil des heures. « Des petits bruits et des rafales de kalachnikovs, nous entendions des détonations d’armes lourdes. Des crépitements à faire péter les oreilles », raconte une autre source habitant le quartier ‘’Marley’’, situé également non loin de la gare d’Abobo. Selon nos témoins, les échanges de tirs ont diminué d’intensité dans les environs de 2H, avant de reprendre vers 3H30, pour finir enfin vers 5H. « Quand les tirs ont totalement cessé, j’ai ouvert ma fenêtre vers 6H pour voir l’ampleur des dégâts. J’avoue que c’était des plus désagréables. Il y avait beaucoup de corps. Et d’autres policiers s’attelaient à ramasser les corps de leurs collègues pour les mettre dans des corbillards. J’ai également vu deux ambulances passer en pleine vitesse devant ma cour », témoigne Souleymane F.

Et comme Souleymane, c’est toute la population d’Abobo qui est aujourd’hui plongée dans une psychose totale. Surtout, quand on sait que des affrontements similaires avaient eu lieu la veille au quartier PK18. Ceux-ci avaient fait officiellement quatre morts, dont deux policiers. A Abobo, chacun vit donc ces moments avec une grande peur au ventre, craignant d’éventuelles attaques ou représailles venant de part ou d’autre. En tout cas, au moment où nous mettions sous presse, hier dans la soirée, un calme plat régnait dans la commune. Ce, avec des Gendarmes et d’autres hommes en armes déployés partout sur les différentes voies menant au centre de la commune. Abobo et Anyama ont passé la nuit sous un couvre-feu décrété dans la soirée par l’armée. Le Général Philippe Mangou, dans une déclaration, a indiqué être en position de légitime défense. Il a dit qu’il utiliserait “tous les moyens” pour débusquer les hommes en armes qui attaquent les FDS en opération. Ce couvre-feu qui est instauré depuis hier à 19h est maintenu jusqu’à samedi prochain.
Espérons tout simplement que la sagesse habite les uns et les autres et qu’Abobo ne soit pas réduite en un champ de ruine au réveil, ce matin

Author: Diawara Samou

Source:  Le Patriote, du 13/01/2011

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