Tuesday, May 17, 2011

RDC: 17 mai 1997 – 17 mai 2011 : Libération ou occupation?

Depuis quatorze ans, le 17 mai est devenu un jour férié en République démocratique du Congo. Cette journée marque l’accession de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir suprême avec le soutien décisif des armées rwandaise et ougandaises. C’était le 17 mai 1997.

Les Zaïro-Congolais – par fierté ou par amnésie collective - feignent souvent d’oublier que ce sont les régimes du Rwandais Paul Kagame et de l’Ougandais Yoweri Museveni qui ont décidé un jour de mettre sur pied une «rébellion zaïroise» dénommée «Alliance des forces politiques pour la libération du Congo-Zaïre» (AFDL). Ce mouvement devait servir initialement d’alibi pour la traque des miliciens Hutu et autres éléments des ex-Forces armées rwandaises. C’est encore Kagame et Museveni – soutenu par des milieux mafieux et certains gouvernements occidentaux - qui ont choisi ceux qui devaient faire partie de cette organisation. C’est enfin Museveni qui a parrainé la candidature de Mzee LD Kabila au poste de porte-parole de l’AFDL. Le 18 octobre 1996, Déogratia Bugéra (Alliance des peuples), LD Kabila (Parti de la révolution populaire), André Kisase Ngandu (Conseil national de la résistance pour la démocratie) et Anselme Masasu Nindaga (Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre) paraphaient l’acte fondateur de l’AFDL à... Kigali. En août 1998, un autre "mouvement rebelle" va naître dans la capitale rwandaise selon le même modus operandi.

Quatorze années après la "libération" célébrée ce mardi, les Zaïrois, redevenus Congolais, ont la langue de bois. Et pour cause? La date du 17 mai 1997 symbolise pour la grande majorité d’entre eux non pas une ère de paix et de progrès mais bien le point de départ d’une «décadence nationale». Comment pouvait-il en être autrement dans la mesure où la prétendue guerre de «libération» a été conçue et exécutée par des puissances étrangères en l’absence des principaux intéressés?

Que célèbre-t-on ce mardi 17 mai? Est-ce la chute de la «dictature mobutiste»? Est-ce le remplacement de celle-ci par la "dictature kabiliste"? Célèbre-t-on le tour de force réussi par les régimes rwandais et ougandais d’avoir – après la mort de LD Kabila en janvier 2001 - installé un «régime ami» à Kinshasa? Qu’est ce qui a changé quatorze années après? Les Congolais jouissent-ils d’une meilleure qualité de vie ? Sont-ils plus libres et égaux? Quid des droits et libertés? L’Etat est-il devenu plus respectueux des valeurs démocratiques et de la dignité de la personne humaine? A toutes ces interrogations, la réponse est malheureusement : Non !

Les Congolais sont unanimes à reconnaître que depuis le 17 mai 1997 à ce jour, leur situation n’a cessé de s’empirer. On assiste à une continuité dans l’autoritarisme et l’arbitraire. Mimétisme? La garde présidentielle dite Garde républicaine s’est engouffrée dans les vieux habits de la DSP (Division spéciale présidentielle), l’ANR, la Demiap et la DRGS recourent à des méthodes dignes de police politique reprochées auparavant au SNIP, à la Garde civile et au «B2». En un mot comme en cent, le quotidien du Congolais n’a connu aucune embellie. Aucun changement qualitatif. Les "libérateurs" n’ont aucun projet. Aucun grand dessein pour la vie collective. Ils n’excellent que dans la brutalité et la barbarie.

En ce mardi 17 mai 2011, le constat est là : la RD Congo présente le visage d’un pays occupé particulièrement dans sa partie orientale. La situation qui prévaut dans les provinces du Kivu et à la Province Orientale en témoignent. Des groupes armés y sont instrumentalisés par les mêmes pays voisins qui prétendaient venir au secours des «pauvres zaïrois».

A Kinshasa, «Joseph Kabila» n’exerce que l’apparence d’un pouvoir dont l’effectivité se trouve à Kigali et à Kampala. Les Congolais ont le devoir sacré de couper le cordon ombilical qui continue à rattacher leur pays à l’Ouganda et au Rwanda. Il ne dépend qu’à eux pour que ce 17 mai 2011 soit le dernier anniversaire du genre. Tous les moyens sont bons pour "exorciser" quatorze années d’humiliation de tout un peuple...

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011



Une conférence de Berlin bis est en train d’être planté. La prudence devra donc être de rigueur à Kinshasa







Partage des ressources transfrontalières / RDC : le grand perdant
(Le Potentiel 13/05/2011)

Le projet d’une gestion partagée des ressources naturelles de la RDC a
fait du chemin. L’idée a tellement germé qu’elle vient d’être au
centre d’un forum, organisé du 10 au 12 mai 2011 à Brazzaville, à
l’initiative de la Fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung.
Contrairement aux Etats-Unis, l’Union européenne est convaincue que la
paix durable à l’Est passe par une gestion coopérative des ressources
transfrontalières. Un point de vue qui est, malheureusement, en
défaveur de la RDC, seul pays de la sous-région mieux loti en
ressources naturelles.
Brazzaville, capitale de la République du Congo, vient d’abriter un
colloque dont le thème doit intéresser au plus haut niveau les
Congolais de la République démocratique du Congo.

C’est à l’initiative de la section camerounaise de la Friedrich Ebert
Stiftung (FES) que ce colloque a été organisé du 10 au 12 mai 2011 à
Brazzaville. Thème choisi : « Gestion coopérative des ressources
transfrontalières en Afrique centrale : quelles leçons pour
l’intégration régionale ».
Tous les courants de pensée de la sous-région ont donc été invités à
ce forum pour voir dans quelle mesure mettre en place un mécanisme de
gestion consensuel des ressources transfrontalières.
Initialement, le colloque devait se tenir à Kinshasa. Mais, c’est
presqu’en dernière minute qu’il a été finalement délocalisé pour
Brazzaville. Qu’importe !

Ce que les Congolais de Kinshasa doivent savoir est qu’il s’est tenu
de l’autre côté du fleuve Congo un forum qui devait les préoccuper au
plus haut point. Or, depuis les années 1990, l’Est de la RDC est en
ébullition. A la base, la présence remarquable des ressources
naturelles dont, malheureusement, ses voisins ne disposent pas sur
leur territoire tel que tracé à la conférence de Berlin en 1885.

BIS REPETITA

Comme avec le chancelier Bismarck en 1885, c’est encore de l’Allemagne
qu’est sortie l’idée d’organiser dans un pays ciblé de la sous-région
un colloque pour parler, entre intellectuels, de la gestion concertée
des ressources, dites transfrontalières. Le choix n’est pas gratuit.
Loin de là. Il y a certainement un agenda caché derrière cette
initiative.

L’on doit se rappeler qu’il y a quelques mois, le président Nicolas
Sarkozy avait évoqué l’idée d’une gestion partagée des ressources
naturelles de la sous-région. Selon le chef de l’Etat français,
c’était la solution idéale à mettre en œuvre pour une solution durable
aux problèmes récurrents de la partie Est de la RDC.

Ses idées ont, par ailleurs, été relayées par l’ex-haut représentant
de l’Union européenne dans les Grands Lacs, Aldo Ajello.

C’est dire que l’initiative menée par la FES s’inscrit dans un schéma.
Dans tous les cas, il s’agit d’un test pour recueillir plus d’avis à
plus d’intellectuels de la sous-région, avant de discuter le projet
dans des cercles politiques.

Mais, pourquoi l’Allemagne et non la France ? Il n’y a aucun mystère
dans l’initiative menée par la fondation allemande. Pour trouver la
réponse à cette question, il faut savoir lire les signes de temps.

Car, depuis un temps et comme tous les pays industrialisés,
l’Allemagne manifeste de plus en plus le souci de protéger ses sources
d’approvisionnements en matières premières. Un think tank a été créé
en 2010 pour mûrir le projet.

L’initiative, qui mobilisera l’aide à la coopération allemande (GTZ,
Afrika-Verein …), est appuyée, rapportaient des sources spécialisées,
par le German Institute for International and Security Affairs. Elle
est surtout relayée par la BDI, la Fédération de l’industrie
germanique.

L’Allemagne n’a pas lésiné sur les moyens. Un dispositif est en train
de se mettre en place pour gagner la bataille. Le 26 octobre 2010, la
Fédération de l’industrie germanique qui pilote le projet, a tenu son
troisième congrès sur les ressources minières (Rohstoffkongress) et
présenté à cette occasion la toute nouvelle Deutsche Rohstoffagentur,
l’agence des ressources.

Comme tous les autres qui l’ont précédée sur ce sentier, l’Allemagne
vient de se ressaisir. Mais, avant que la question ne soit abordée
dans la sphère, sa Société civile a fait le premier pas. Ce qui
explique le colloque de Brazzaville.

Cependant, la RDC doit demeurer sur ses gardes. Car, les conclusions
de ce colloque peuvent jouer en sa défaveur – elle qui dispose d’un
avantage comparatif évident en termes de dotations des ressources
naturelles par rapport aux autres pays de la sous-région.

Le décor d’une conférence de Berlin bis est en train d’être planté. La
prudence devra donc être de rigueur à Kinshasa.


Par Le Potentiel



Source: Congo Libre, du 17/05/2011

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