Friday, September 30, 2011

LIBYE: Niger – Libye: « Notice rouge » contre Saadi Kadhafi, et maintenant ?

Comme le laissait présager les attitudes du CNT, la « notice rouge » vient d’être émise à l’encontre de Saadi Kadhaf,i le fils de l’ancien « Guide » qui se trouve au Niger depuis un mois.

Bras de fer

Les autorités du CNT qui ne font plus mystère de leur rancœur à l’encontre du Niger mues par leur vision manichéenne des choses sont passées à une étape supplémentaire de ce qui semble être un bras de fer qui les oppose à Niamey.

Pourtant le Niger avait émis des signaux favorables au CNT en lâchant le guide depuis le ramadan à l’occasion duquel le Président Issoufou avait envoyé un message à tous les dirigeants des pays de l’OCI sauf Kadhafi.

Le Niger avait ensuite reconnu le CNT après la chute de Tripoli et avant celle-ci les autorités nigériennes avait laissé des libyens du Niger hisser le drapeau de la nouvelle Libye sur les locaux de leur ambassade.



Rumeurs folles




Malgré tout cela, les autorités du CNT vouant une certaine haine à l’encontre du Niger avaient laissé des bandes armés saccager l’ambassade du Niger en Libye. Et comme si cela ne suffisait pas un de leur porte-parole jetait de l’huile sur le feu en disant ceci : "Nous remercions tous les pays qui ont soutenu la lutte du peuple libyen et son représentant le CNT (…). Quant aux pays qui ont soutenu Kadhafi, en particulier le Tchad et le Niger, leur récente reconnaissance n’absout pas leur immense responsabilité sur le tort qu’ils ont fait au peuple libyen. "

Ces propos qui sonnent comme une déclaration de guerre montre si besoin est, le manque de respect des nouvelles autorités libyennes envers leurs homologues du Niger. Depuis l’arrivée de quelques dignitaires libyens, le CNT a entretenu les rumeurs les plus folles sur le Niger. Ces responsables n’hésitant pas à parler alors de convoi de 200 véhicules, des tonnes d’or, des milliers d’armes, de milliards de dollars… à destination du Niger.

Fathi Badja, président de la commission pour les affaires politiques et internationales du CNT disait sans sourciller le 6 septembre 2011 : "Tard hier soir, dix véhicules chargés d'or, d'euros et de dollars sont passés au Niger via Djoufra…"




Refus du Niger




Toutes les occasions étaient belles titiller le Niger. Et l’arrivée du fils de Kadhafi allait être une aubaine pour le CNT. Manquant d’élégance, elles avaient soumis à Sarkozy une demande afin d’intercéder auprès du gouvernement nigérien pour leur livrer Saadi. Là, la réponse du Niger ne se fait pas attendre, Bazoum Mohamed, ministre des affaires étrangères en conclave à Alger leur avait dit qu’ils n’avaient pas besoin de Sarkozy pour cela car le Niger est plus proche de la Libye que la France.

Visiblement excédés par le comportement inamical des nouvelles autorités, le Niger a travers le porte parole du gouvernement va multiplier les démentis sur les rumeurs distillés par le CNT tout en opposant un niet à la demande de Tripoli d’extrader Saadi. Le Niger se disant toutefois prêt à étudier une demande émise régulièrement par les instances compétentes.




Quel sort pour Saadi ?




Face à la position du gouvernement nigérien, le CNT est revenu à la charge en adressant une requête à Interpol qui a déclaré ce jeudi dans un communiqué : « Interpol confirmant les informations selon lesquelles Saadi Kaddafi, 38 ans, a été vu pour la dernière fois au Niger, cette notice rouge constitue une alerte régionale et internationale pour les pays voisins de la Libye et du Niger (...) pour aider à localiser et arrêter Saadi Kaddafi »

Maintenant que Saadi Kadhafi fait l’objet de la « notice rouge » d’Interpol, la question que l’on se pose à présent est de savoir quel sort le Niger va réserver à cette demande d’Interpol?

Pour notre part nous osons espérer que cette affaire restera strictement du domaine judiciaire. Les autorités ayant toujours clamé que le Niger est un Etat de droit, et comme dans tous les Etats de droit il y’a une séparation du pouvoir judiciaire et du pouvoir exécutif, l’on est en droit d’attendre que les autorités ne s’immiscent pas dans les affaires judiciaires.

Et si tel est le cas, nous assisterons certainement à une longue bataille judiciaire. Saadi comme on peut aisément l’imaginer n'hésitera pas à utiliser tous les recours de droit pour ne pas se faire extrader. Comme pour les cas de Hissein Habré au Sénégal et d'Agathe Habyarimina en France, on aura un long feuilleton judiciaire qui pourrait durer des années, voire des décennies.

Mais attendons de voir.


Source: Le Nouvel Observateur, du 30/09/2011

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