Tuesday, September 20, 2011

LIBYE: Violents combats à Bani Walid, incertitude sur le rôle de la France

Les forces du nouveau régime libyen sont entrées à nouveau, lundi 19 septembre, à Bani Walid et maintenaient leur étau sur Syrte, deux bastions loyalistes. La situation semble donc avoir rapidement évolué depuis la veille, quand Moussa Ibrahim, porte-parole du régime de Kadhafi, avait affirmé à la télévision syrienne Arraï que les troupes loyales avaient remporté ces derniers jours plusieurs victoires "qualitatives" contre les "collaborateurs de l'OTAN", et notamment à Syrte et Bani Walid.

A Syrte, à 360 kilomètres à l'est de Tripoli, les pro-CNT cherchaient surtout à sécuriser les artères principales pour permettre aux civils de quitter la ville afin de pouvoir répliquer aux tirs d'artillerie lourde des pro-Kadhafi, selon un commandant d'une brigade de combattants.

•La France ne reconnaît pas la capture de "mercenaires"

Moussa Ibrahim a aussi affirmé que les "moudjahidines" du régime avaient capturé dix-sept "mercenaires" à Bani Walid, "en majorité des Français, deux Britanniques, un Asiatique et un Qatari". Lundi, Londres a indiqué ne pas être en mesure de confirmer ces informations. L'information a été démentie par Ahmed Bani, un porte-parole militaire du CNT. Alain Juppé a démenti "la présence de mercenaires français en Libye".

Pas de mercenaires, donc, mais peut-être bien un 4 × 4 français : le site Mediapart a affirmé qu'une société de l'Hexagone, Amesys, a fourni au régime libyen, en 2008, un véhicule 4 × 4 furtif ultrasécurisé pour assurer la protection des déplacements de Mouammar Kadhafi, aujourd'hui en fuite. Le véhicule aurait été fourni par l'intermédiaire Ziad Takieddine, mis en cause également dans l'affaire des attentats de Karachi.

>> Lire l'entretien avec Laurent Blanc, délégué syndical CFDT d'Amesys : "Nos produits ont servi à commettre des exactions en Libye"
•Saïf Al-Islam à Bani Walid ?

Selon le responsable local du CNT, la libération de Bani Walid est une "affaire réglée" et se sera fait "dans les deux prochains jours". Les combattants qui défendent la ville sont "plutôt des mercenaires du Tchad, du Niger et du Togo, d'après les corps récupérés". Et des négociations sont en cours, toujours selon ce responsable local, pour permettre aux civils, estimés à près de 50 000, de quitter la ville. Dimanche, les combattants du CNT avaient cependant dû se replier à six kilomètres en dehors de la ville, après une contre-attaque des pro-Kadhafi.


Ce responsable a répété que Saïf Al-Islam, le fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi, a été aperçu à Bani Walid, où l'ancien Guide en fuite pourrait lui-même se trouver : "Saïf Al-Islam a été vu à Bani Walid, on en est sûrs à 100 %. Quant à son père, il s'y trouvait aussi, nous en sommes sûrs à 70 %." De nombreuses rumeurs circulent sur les éventuels refuges du colonel Kadhafi et de ses fils.
•Incertitude politique

Malgré des avancées des anti-Kadhafi sur le terrain, l'incertitude demeure sur le plan politique. L'annonce d'un nouveau gouvernement de transition a été reportée sine die dimanche soir, les nouveaux dirigeants n'ayant pas réussi à se mettre d'accord sur sa composition.

Reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a expliqué au début de septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection dans huit mois d'une assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard. Le délai de huit mois ne devrait cependant débuter que lorsque les nouvelles autorités, qui disent contrôler actuellement 90 % du territoire libyen, auront déclaré la "libération" totale du pays.

Lundi soir, le Britannique Ian Martin a été nommé chef de la Mission de soutien en Libye (Manul) et représentant du chef des Nations unies pour ce pays par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. M. Martin était jusque-là émissaire spécial de Ban Ki-moon en Libye.


Source: Le Monde, du 20/09/2011

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