Sunday, May 20, 2012

RDC : armée et mutins s'affrontent pour le contrôle de Jomba, au Nord-Kivu


L'armée de la République démocratique du Congo et les mutins ex-rebelles se sont affrontés à l'arme lourde samedi pour le contrôle de Jomba (est), près du parc des Virunga au Nord-Kivu où les dissidents sont confinés mais résistent depuis dix jours aux attaques répétées des loyalistes.

Les affrontements ont débuté vers 04H00 (02H00 GMT) quand les mutins ont attaqué les positions des Forces armées (FARDC) dans cette zone du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, située à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la frontière avec l'Ouganda, selon une source militaire. Les loyalistes ont reculé d'environ deux kilomètres, permettant aux mutins d'occuper la paroisse de Jomba. Les combats se sont intensifiés en fin de matinée, et l'armée a dû user d'armes lourdes pour finalement arriver à récupérer ses positions. Les combats ont cessé en fin de journée. Un journaliste de l'AFP a pu voir six soldats FARDC blessés qui ont été acheminés à l'hôpital de Rutshuru. "C'est l'armée gouvernementale qui a commencé à nous attaquer. Nous avons avancé un peu et récupéré des armes lourdes", a affirmé à l'AFP le porte-parole des mutins, le lieutenant-colonel Vianney Kazarana. "L'objectif n'est pas de prendre Jomba", avait-il assuré dans la matinée.

Les combats dans la zone ont fait fuir les habitants de la proche localité de Bunagana, frontalière avec l'Ouganda. "Toute la semaine il y avait des gens qui partaient, mais depuis le front ouvert samedi, la population a fui en Ouganda. C'est le désert ici maintenant. Il n'y a peut-être plus que des chiens et des militaires", a déclaré à l'AFP le chef de poste de Bunagana, Léon Bipegeka. Le regain de violences ces derniers jours dans la région a provoqué le déplacement de milliers de civils: plus de 8.200 se sont réfugiés au Rwanda depuis le 27 avril, et plus de 30.000 en Ouganda en mai, selon des chiffres communiqués mercredi par le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Alliance avec les FDLR ?

Estimés à plus de 300 selon Kinshasa, les mutins sont des
anciens combattants de la rébellion tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrée dans les FARDC après un accord de paix le 23 mars 2009. Ils ont commencé à faire défection de leurs unités au Sud et au Nord-Kivu début avril. Traqués par l'armée depuis fin avril, ils sont regroupés depuis une dizaine de jours à l'extrême nord-est d'une petite bande du parc national des Virunga, bordée par le Rwanda et l'Ouganda, à une soixantaine de km au nord-est de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Ils sont établis sur quelques collines, dont celle de Runyonyi où se trouve leur QG, qui ont été récemment bombardées par des hélicoptères de l'armée.

Vendredi, le gouvernement les a appelés à rentrer dans le rang. Seuls les "initiateurs de la mutinerie et les criminels parmi eux" seront traduits devant la justice militaire, a déclaré le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. Kinshasa accuse le général Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major du CNDP qui a fait aussi défection, d'être le meneur de la mutinerie.

Selon M. Mende, le général s'est allié avec des milices
locales et un colonel de la rébellion hutu-rwandaise des
Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR),
actives au Nord et au Sud-Kivu. Les FDLR ont démenti toute alliance avec le général. Le lieutenant-colonel Kazarana se réclame, lui, du Mouvement du 23 mars (M23), créé début mai par le colonel Sultani Makenga -ex N.3 du CNDP- juste après avoir déserté. Le M23 affirme n'avoir aucun lien avec les FDLR ou Ntaganda.
Ce dernier est visé depuis 2006 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour enrôlement d'enfants

soldats. Depuis sa fuite le général mutin aurait recruté plus

de 150 mineurs et jeunes hommes, selon l'ONG Human

Rights Watch (HRW). La localité de Jomba, où se

déroulaient les affrontements samedi, est le fief de l'ancien

chef du  CNDP, le Tutsi congolais Laurent Nkunda, détenu

depuis janvier 2009 au Rwanda voisin.



Source: Jeune Afrique, du 20/05/2012 à 10h:33

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