Tuesday, May 29, 2012

RDC: Insécurité à l’Est de la Rd Congo : L’ONU pointe du doigt le Rwanda

 


Alors que les autorités rwandaises jouent au sapeur-pompier dans ce que l’on qualifie actuellement de nouvelle guerre de l’Est de la Rdc, ils ne soufflent en réalité que le chaud et le froid.
 Des citoyens rwandais ont été recrutés et formés dans leur pays pour renforcer la mutinerie d’ex-rebelles que l’armée congolaise combat depuis début mai dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, selon un rapport confidentiel de l’ONU parvenu à notre rédaction par le biais de la BBC.
"Les Nations Unies ont conduit des entretiens avec 11 combattants qui ont abandonné leurs positions dans les forêts montagneuses de la frontière entre la RDC et le Rwanda. Le rapport (...) décrit ces déserteurs comme des citoyens rwandais, recrutés au Rwanda sous prétexte de rejoindre l’armée nationale, y compris un mineur", est-il expliqué.
"Ils ont dit qu’ils ont été recrutés dans un village appelé Mundede, et ils ont reçu un entraînement au maniement des armes et qu’ils ont été envoyés en Rdc pour rejoindre le M23", a déclaré à la BBC Hiroute Guebre-Selassie, chef du bureau de la Mission de l’ONU (Monusco) à Goma, la capitale provinciale. Le M23 (Mouvement du 23 mars) est issu de l’ex-rébellion tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), que le Rwanda avait démenti soutenir du temps de sa dissidence, et intégrée dans l’armée en 2009, après des accords de paix avec Kinshasa.
Le M23 revendique la pleine application de ces accords, notamment en ce qui concerne leur intégration. Ils dénoncent notamment des problèmes de salaires, de nourriture, d’obtention de grades et de fonctions. "Certains combattants ont affirmé avoir été recrutés dès février" de cette année, indique la BBC. Les affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC) et le M23, créé le 6 mai, sont concentrés dans le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, et plus précisément dans une zone circonscrite près de la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda.

Le Rwanda nommément pointé du doigt

"Quinze mutins se sont rendus jusqu’à aujourd’hui, dont sept Rwandais. Ils ont témoigné que le Rwanda leur donnait des renforts. On le disait depuis bien avant : le Rwanda les appuie en munitions, armes lourdes et même en troupes", a déclaré à l’AFP un colonel participant aux combats. "Le M23 ne pouvait pas résister pendant tous ces jours de combats sans le soutien du Rwanda. Combien d’hommes sont-ils pour qu’ils résistent jusqu’à aujourd’hui ?", a-t-il ajouté, précisant que ceux qui se sont rendus ont été "acheminés à Rutshuru auprès du commandant de secteur" et que la hiérarchie déciderait "quoi faire d’eux". C’est clair, le colonel semble reconnaître que les vrais ennemis de la Rdc sont au Rwanda, avec bien d’autres instigateurs proches et lointains, de jour comme de nuit, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Rdc.
"Si le Rwanda nous soutenait, on serait arrivés très loin aujourd’hui car il a une armée organisée, et très forte ! Or, nous sommes tout juste dans le Rutshuru. Que ces hommes nous disent dans quel régiment, dans quel bataillon ils étaient", a pour sa part déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23.
Selon Louise Mishikiwabo, ministre des Affaires étrangères rwandais, ce sont des rumeurs totalement fausses et dangereuses. Car selon elle, depuis le départ le Rwanda a toujours soutenu que l’instabilité actuelle dans l’Est de la RD Congo était une affaire qui relève du gouvernement congolais et de l’armée congolaise. « L’intérêt national du Rwanda est de contenir le conflit et d’établir des profondes relations pacifiques avec ses voisins. La communauté internationale continue de négliger les vrais problèmes causés par cette instabilité pour ne s’intéresser qu’aux symptômes et non aux racines profondes de ce qui cause les souffrances dans notre région », a poursuivi Mme Mushikiwabo.
La mission de l’ONU en RDC, a-t-elle dit, "coûte des milliards de dollars, représente un quart du budget de l’ONU pour les missions de maintien de la paix dans le monde, et cela a été un échec depuis le premier jour". La ministre a conclu en affirmant que l’ONU était finalement « incapable » de protéger les civils dans l’Est de la RD Congo, le plus grand pays africain. L’armée congolaise, qui combat à l’arme lourde, a reçu des renforts de plusieurs provinces.
Selon la même source, c’est face à son impuissance à mâter la mutinerie, que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo avait sous-entendu mercredi que les ex-CNDP avaient une "base arrière dans un pays voisin", sans citer explicitement de nom. Il avait appelé la communauté internationale à pousser "tous les Etats concernés à éviter" de soutenir les "groupes négatifs", alors que Kinshasa et Kigali prévoient une collaboration plus étroite pour les neutraliser.
Maintenant qu’un député bien connu a alimenté un débat jugé opportun par bien des Congolais contre la Monusco, maintenant que les stratèges en appellent au cessez-le-feu, maintenant que la guerre en question ne cause que malheur et désolation au peuple meurtri du grand Kivu et par ricochet de toute la Rdc, quelle attitude adoptera le gouvernement congolais, que d’aucuns accusent de prendre le chemin qui le conduit tout droit dans le piège de son problématique voisin, le Rwanda ?


Source: L’Avenir, du mardi 29 mai 2012

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