Monday, June 18, 2012

RDC/EDITORIAL: Nommer l’agresseur

La mutinerie, enclenchée par le général renégat Bosco Ntaganda et ses hommes, bénéficie du soutien de Kigali. La forme importe peu. Qu’il s’agisse d’un appui en logistique ou en hommes, ou qu’il s’agisse d’un soutien passif, en laissant faire des recrutements, facilitant par la même occasion des infiltrations sur le sol congolais,… Tout cela s’appelle agression. Le dire c’est bien identifier la source de l’instabilité récurrente dans l’Est de la RDC.

Le Rwanda est pointé du doigt par le gouvernement de la République, à la suite d’une enquête menée de manière «professionnelle». Sur le terrain militaire et des renseignements, les services congolais ont réalisé des progrès indéniables. Les résultats des investigations et des enquêtes menées, de main de maître, illustrent parfaitement des avancées obtenues. La reprise de la situation par les Congolais est présentement une réalité.

Sur le terrain diplomatique, les choses semblent battre de l’aile. Sur la question de l’instabilité dans l’Est de la RDC, un consensus minimal existe au sein de la population. L’adhésion sans faille aux thèses contre les attaques répétées organisées et planifiées à partir du Rwanda ne souffre d’aucun doute dans la tête des Congolais de tous les âges, sexes et condition sociale. Tous savent que le gouvernement rwandais fait de l’instabilité permanente de la RDC, sa stratégie de maintenance et de prospérité économique.

Plutôt que d’embrayer dans le même sens, le gouvernement semble se rétracter, en embouchant de nouveau, la langue des bois dont il est friand lorsqu’il s’agit des accusations contre le Rwanda. La mutinerie de Bosco Ntaganda est soutenue par «un pays voisin», dixit le ministre Raymond Tshibanda. Un recul par rapport à la prestation du porte-parole Lambert Mende qui a usé du même langage que le Rwanda, à la satisfaction générale des Congolais. Lorsque la ministre rwandaise des Affaires étrangères charge le gouvernement congolais, le qualifiant d’incapable à résoudre des problèmes internes, elle ignore certainement l’existence des sensibilités diplomatiques. Pourquoi s’interdire de lui rendre la pareille en nommant clairement le Rwanda comme pays agresseur et tirer toutes les conséquences ? M’Zee Laurent-Désiré Kabila avait-il tergiversé quant à ce ? Serait-ce une déclaration de guerre que de rappeler le rôle néfaste que joue ce pays voisin dans l’instabilité dans l’Est de la RDC ? Le déclarer publiquement constitue plutôt un appel lancé en direction de la communauté internationale qui, souvent, applique une politique difficilement cernée lorsqu’il s’agit des rapports sécuritaires entre le Rwanda et la RDC. Le coupable est connu voire condamné d’avance. Cette tendance doit s’inverser.

Le Rwanda doit être nommé et considéré comme agresseur de son voisin. C’est aux Congolais de le marteler sur tous les toits.

Source: Le Potentiel, du 18/06/2012

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