Thursday, June 28, 2012

RDC/M23: Kazarama : "Kinshasa doit honorer les engagements pris dans l’accord de Goma"

         
Dans un bref entretien téléphonique, mardi 26 juin, le "colonel" Vianney Kazarama, porte-parole des mutins du "M23", a réaffirmé à Congo Indépendant la "détermination" des mutins du "M23" à poursuivre les combats qui ont lieu actuellement dans la province du Nord Kivu. L’objectif, selon lui, est de contraindre les autorités de Kinshasa à respecter leurs engagements contenus dans l’"Accord de paix de Goma". A savoir notamment, l’inclusion des cadres du CNDP "dans toutes les institutions nationales". Pendant ce temps, des experts des Nations Unies ont certifié l’implication des officiels rwandais dans le soutien logistique apporté aux insurgés du CNDP-M23. Le ministre rwandais de la défense, James Kabarebe, est à nouveau nommément cité. A Kigali, le chef de la diplomatie du Rwanda, Louise Mushikiwabo, regrette la publication de ces allégations qu’elle qualifie de "partiales". Suspecté de félonie, "Joseph Kabila" - qui reste invisible - n’a pas la volonté politique d’enclencher une mobilisation nationale face à la menace qui plane sur la nation. L’armée, détruite par l’AFDL et liquidé par "Joseph Kabila", paraît incapable d’obtenir une victoire militaire. La diplomatie internationale est loin d’être d’un grand secours pour le géant aux pieds d’argile qu’est le Congo démocratique. La communauté internationale, elle, constate l’immixtion rwandaise. Sans plus. "Peoples don’t back looser", dit un adage anglais. On ne soutient jamais le perdant.
La province du Kivu est secouée depuis deux mois par une drôle de guerre. Des ex-combattants étiquetés CNDP, intégrés de manière anarchique dans l’armée nationale congolaise (FARDC), se sont mutinés afin, disent-ils, contraindre les autorités de Kinshasa à honorer les engagements contractés à leur égard dans le cadre du fameux Accord dit de paix conclu en mars 2009 à Goma. Il apparaît que le gouvernement de "Joseph Kabila" n’a ni la volonté politique encore moins la capacité militaire pour éradiquer les insurgés du CNDP-M23, soutenus par des éléments de l’armée rwandaise.

Pour conprendre les enjeux actuels, l’auteur de ces lignes a contacté mardi 26 juin le porte-parole des mutins. Il s’agit de Vianney Kazarama. L’homme se préavaut du grade de colonel. Est-il possible de parler au "colonel" Sultani Makenga, le chef de M23? "C’est moi qui suis chargé d’entretenir les relations avec la presse, répond Kazarama. Le colonel Makenga ne parle pas aux journalistes". Que se passe-t-il exactement depuis deux mois dans la province du Nord-Kivu? "Il ne s’agit pas seulement de la province du Nord Kivu. C’est une situation qui concerne toute la République démocratique du Congo. Le CNDP a signé le 23 mars 2009 un accord avec le gouvernement de Kinshasa. Or le gouvernement de Kinshasa rechigne à respecter ses engagements". Quelles étaient les principales exigences du CNDP? "Primo : la traque des miliciens FDLR. Secundo : le retour de tous les Congolais qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. tertio : la reconnaissance de grade des cadres militaires du CNDP. Quarto : la bonne gouvernance. Quinto : l’intégration des cadres politiques du CNDP dans les institutions nationales". Comment se fait-il que le problème FDLR continue à se poser après les opérations Umoja Wetu et autres Kimya et Amani menées conjointement qualifiées de "succès" par les armées congolaise et rwandaise? Pourquoi, alors que vous revendiquez la citoyenneté congolaise, vous semblez privilégier les intérêts sécuritaires du Rwanda? "Allo! Allo! Je ne vous entend plus bien, répond inlassablement Vianney Kazarama. La communication est très mauvaise". Kazarama de poursuivre : "Je vous disais que nos familles ne peuvent pas regagner le territoire congolais parce qu’ils sont menacées par les FDLR". Que peut-il répondre à ceux qui affirment que le M23 est soutenu par le Rwanda et particulièrement par le ministre rwandais de la Défense? "Nous n’avons pas cessé de démentir ces allégations. Nous ne recevons pas le soutien du Rwanda". Il ajoute : "Nous exigeons l’application de l’Accord de Goma. Nous allons poursuivre les combats jusqu’à obtenir satisfaction". Fin de l’entretien.

Rapport des experts onusiens

Dans un rapport publié mardi 26 juin, les membres du Conseil de sécurité ont eu à constater la mise en cause du ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, et plusieurs hauts responsables militaires dans le soutien aux mutins de M23. "Les éléments figurant dans un addendum à un récent rapport réalisé par des experts de l’Onu, indique Reuters, sont les plus probants à ce jour qui étayent la thèse d’un soutien à un niveau élevé, au sein du gouvernement rwandais, à la rébellion baptisée "M23" contre les forces congolaises, qui ont provoqué un exode de milliers d’habitants de l’est de la RDC".

A Kigali, le ministre des Affaires étrangères Louis Mushikiwabo a jugé "profondément regrettable" la diffusion de ce document. Elle a promis que le gouvernement de son pays "fournirait des preuves factuelles démontant les éléments à charge contre Kigali et montrant que le document est biaisé". Selon elle, le Rwanda est accusé simplement parce que "l’armée congolaise se révèle incapable de contenir cette mutinerie". Un comble!

Selon Reuters, citant certains diplomates, les délégations des Etats-Unis et d’autres pays au Conseil de sécurité souhaitaient retarder la publication de l’addendum de sorte que le Rwanda puisse se défendre face aux accusations portées contre lui. "A l’origine, l’addendum ne devait pas être publié avant août, mais les accusations de blocage ont convaincu les membres du Conseil de sécurité d’accélérer le processus de divulgation". En attendant, le Nord Kivu reste en guerre. Et les mutins de M23 paraissent décidés à croiser le fer à une armée congolaise (FARDC) atone et un leadership politique autant irresponsable qu’évanescent. Les jours et semaines à venir seront décisifs...
Author: B.A.W (avec Reuters)        
Source: Congoindépendant 2003-2012, du 28 Juin 2012 
       

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