Peu prolixe, pondéré, le chef de l’Etat rwandais ne parle jamais pour ne rien dire et ses propos sont soigneusement pesés. C’est pourquoi il importe de décrypter l’interview qu’il nous a accordée à la lumière des informations qui circulent en ce moment au Nord Kivu.
Depuis plusieurs semaines en effet, il apparaît que les deux généraux rwandais dissidents, Kayumba Nyamwasa et Patrick Karegeya, dont le premier a échappé à deux tentatives d’assassinat en Afrique du Sud, sont entrés en opposition frontale avec Paul Kagame, leur ancien compagnon de combat. Les raisons de leur opposition sont nombreuses : politiques sans doute, (dénonciation du manque de dialogue avec l’opposition, d’un système trop rigide…)mais aussi liées à des problèmes de terres et de bétail. La lutte contre la corruption, sur laquelle Kagame insiste tant, lui vaut de nombreux ennemis, y compris dans ses propres rangs…
Les dissidents ont cherché des alliés en territoire congolais, et les ont trouvé dans les rangs des anciens partisans du général Laurent Nkunda. Ce dernier, un Tutsi du Nord Kivu qui avait longtemps combattu aux côtés de ses amis rwandais, avait défié le président Kabila à plusieurs reprises et, voici deux ans, s’était trouvé aux portes de Goma. C’est un accord conclu entre les présidents Kabila et Kagame qui, impliquant un virage à 180 degrés dans les deux capitales, avait radicalement changé la donne : Nkunda avait été placé en résidence surveillée à Kigali et la plupart de ses hommes avaient rallié l’armée gouvernementale congolaise, où ils étaient censés se battre contre les rebelles hutus, sous la direction de l’adjoint de Nkunda, le général Bosco Ntaganda. Ce dernier fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale et Kabila refuse de le livrer, préférant, pour l’instant « la paix à la justice »….
Le président congolais, sauvé in extremis grâce au revirement de Kagame, avait, en 2009, récupéré son autorité sur le Nord Kivu et accepté de mener une opération militaire conjointe avec l’armée rwandaise, afin de démanteler les bastions des FDLR (forces démocratiques pour la libération du Rwanda). Cette opération avait soulevé de nombreuses critiques, tant au sein de la classe politique congolaise (le président de l’Assemblée Vital Kamerhe avait démissionné pour marquer son désaccord) qu’au sein de la « communauté humanitaire », qui craignait que les opérations militaires fassent davantage de victimes parmi les civils…
Même si cette opération militaire conjointe a du s’arrêter avant le terme prévu, elle a cependant porté des coups aux rebelles hutus et surtout elle a scellé la réconciliation entre Kinshasa et Kigali : Kabila a assisté à la prestation de serment de Kagame et ce dernier était présent à Kinshasa le 30 juin dernier, où il a même été applaudi…Cette bonne entente est considérée comme un gage de paix et de stabilité régionale mais elle ne fait peut être pas l’affaire de tout le monde : les rebelles hutus y sont hostiles ainsi que certains milieux d’affaires « rwando congolais » qui tiraient avantage du désordre et de la guerre ; elle déplaît aussi aux militaires alléchés à la fois par les primes de guerre et les bénéfices de l’exploitation minière et incite l’opposition congolaise à crier à la « trahison ».
A cela s’ajoutent les réticences des humanitaires, que Rwandais comme Congolais expliquent d’une manière peut-être trop simpliste : « ils craignent que, si les choses s’arrangent, le gros « charity business » se tarisse… »
Dans ce contexte, les dissidents rwandais n’ont guère eu de peine à recruter des alliés : les partisans de Nkunda qui estiment que leur chef a été trahi, les mécontents issus de ses troupes qui ne s’estiment pas bien traités au sein des forces gouvernementales congolaises et, bien sûr, les rebelles hutus qui exigent toujours ce »dialogue interwandais « que Kagame leur refuse en disant qu’il ne discutera pas avec les génocidaires…
Ces forces disparates, ayant conclu ce que Kagame appelle des « alliances contre nature » se seraient regroupées au Nord Kivu, et auraient reçu l’autorisation de passer par la frontière ougandaise pour mener des attaques sur le Rwanda.
Même si Kagame les minimise et assure qu’il maîtrise parfaitement la situation, ces menaces sont bien réelles et, arguant de leurs bonnes relations, Kabila et Kagame ont sans doute renforcé leur coopération militaire. C’ est en tous cas ce que laisse entendre le président rwandais. Sur le terrain, les observateurs redoutent une reprise des hostilités et un retour de l’armée rwandaise qui… aurait déjà discrètement franchi la frontière au dessus de Goma.
Depuis plusieurs semaines en effet, il apparaît que les deux généraux rwandais dissidents, Kayumba Nyamwasa et Patrick Karegeya, dont le premier a échappé à deux tentatives d’assassinat en Afrique du Sud, sont entrés en opposition frontale avec Paul Kagame, leur ancien compagnon de combat. Les raisons de leur opposition sont nombreuses : politiques sans doute, (dénonciation du manque de dialogue avec l’opposition, d’un système trop rigide…)mais aussi liées à des problèmes de terres et de bétail. La lutte contre la corruption, sur laquelle Kagame insiste tant, lui vaut de nombreux ennemis, y compris dans ses propres rangs…
Les dissidents ont cherché des alliés en territoire congolais, et les ont trouvé dans les rangs des anciens partisans du général Laurent Nkunda. Ce dernier, un Tutsi du Nord Kivu qui avait longtemps combattu aux côtés de ses amis rwandais, avait défié le président Kabila à plusieurs reprises et, voici deux ans, s’était trouvé aux portes de Goma. C’est un accord conclu entre les présidents Kabila et Kagame qui, impliquant un virage à 180 degrés dans les deux capitales, avait radicalement changé la donne : Nkunda avait été placé en résidence surveillée à Kigali et la plupart de ses hommes avaient rallié l’armée gouvernementale congolaise, où ils étaient censés se battre contre les rebelles hutus, sous la direction de l’adjoint de Nkunda, le général Bosco Ntaganda. Ce dernier fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale et Kabila refuse de le livrer, préférant, pour l’instant « la paix à la justice »….
Le président congolais, sauvé in extremis grâce au revirement de Kagame, avait, en 2009, récupéré son autorité sur le Nord Kivu et accepté de mener une opération militaire conjointe avec l’armée rwandaise, afin de démanteler les bastions des FDLR (forces démocratiques pour la libération du Rwanda). Cette opération avait soulevé de nombreuses critiques, tant au sein de la classe politique congolaise (le président de l’Assemblée Vital Kamerhe avait démissionné pour marquer son désaccord) qu’au sein de la « communauté humanitaire », qui craignait que les opérations militaires fassent davantage de victimes parmi les civils…
Même si cette opération militaire conjointe a du s’arrêter avant le terme prévu, elle a cependant porté des coups aux rebelles hutus et surtout elle a scellé la réconciliation entre Kinshasa et Kigali : Kabila a assisté à la prestation de serment de Kagame et ce dernier était présent à Kinshasa le 30 juin dernier, où il a même été applaudi…Cette bonne entente est considérée comme un gage de paix et de stabilité régionale mais elle ne fait peut être pas l’affaire de tout le monde : les rebelles hutus y sont hostiles ainsi que certains milieux d’affaires « rwando congolais » qui tiraient avantage du désordre et de la guerre ; elle déplaît aussi aux militaires alléchés à la fois par les primes de guerre et les bénéfices de l’exploitation minière et incite l’opposition congolaise à crier à la « trahison ».
A cela s’ajoutent les réticences des humanitaires, que Rwandais comme Congolais expliquent d’une manière peut-être trop simpliste : « ils craignent que, si les choses s’arrangent, le gros « charity business » se tarisse… »
Dans ce contexte, les dissidents rwandais n’ont guère eu de peine à recruter des alliés : les partisans de Nkunda qui estiment que leur chef a été trahi, les mécontents issus de ses troupes qui ne s’estiment pas bien traités au sein des forces gouvernementales congolaises et, bien sûr, les rebelles hutus qui exigent toujours ce »dialogue interwandais « que Kagame leur refuse en disant qu’il ne discutera pas avec les génocidaires…
Ces forces disparates, ayant conclu ce que Kagame appelle des « alliances contre nature » se seraient regroupées au Nord Kivu, et auraient reçu l’autorisation de passer par la frontière ougandaise pour mener des attaques sur le Rwanda.
Même si Kagame les minimise et assure qu’il maîtrise parfaitement la situation, ces menaces sont bien réelles et, arguant de leurs bonnes relations, Kabila et Kagame ont sans doute renforcé leur coopération militaire. C’ est en tous cas ce que laisse entendre le président rwandais. Sur le terrain, les observateurs redoutent une reprise des hostilités et un retour de l’armée rwandaise qui… aurait déjà discrètement franchi la frontière au dessus de Goma.
Source: Carnet de Colette Braeckman, du 26 octobre 2010
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