Les nouveaux dirigeants libyens courent le risque de reproduire les atteintes et violations des droits de l'homme qui ont marqué le régime de Mouammar Kadhafi, y compris les arrestations arbitraires et la torture, affirme Amnesty International dans un rapport publié jeudi 13 octobre. L'organisation basée à Londres estime que quelque 2 500 personnes ont été arrêtées, la plupart sans mandat d'arrêt, à Tripoli et dans les environs de la capitale libyenne depuis la prise de la ville par les forces du Conseil national de transition (CNT), le 23 août dernier. Le rapport se base sur les conclusions d'une délégation d'AI qui a interrogé environ 300 prisonniers dans 11 centres de détention dans les régions de Tripoli et de Zawiyah et dans d'autres parties de la Libye entre le 18 août et le 21 septembre. Les procédures judiciaires sont suspendues depuis février dans l'Est libyen et depuis août dans l'Ouest.
Nombre de prisonniers ont été battus, souvent au début de leur détention, et "dans certains cas, il y a des preuves de tortures pour obtenir des aveux ou punir" les personnes soupçonnées de liens avec le régime déchu, selon le rapport. Les plus vulnérables sont les ressortissants d'Afrique sub-saharienne, soupçonnés d'être des mercenaires, et les Libyens à la peau noire, en particulier ceux de la région de Touarga, ancienne base militaire pro-Kadhafi près de Misrata. Ces hommes représentent entre un tiers et la moitié des prisonniers. Les enquêteurs d'AI ont vu des instruments de torture dans un centre de détention, et entendu pendant une autre visite des coups de fouet et des cris.
Selon Amnesty, de nombreux détenus sont en captivité dans d'anciennes prisons ou dans des centres improvisés dans des écoles ou des salles de sport qui ne sont pas contrôlés par le ministère de la justice et des droits de l'homme de l'administration provisoire. Le CNT, poursuit l'ONG, doit faire en sorte que toute détention soit validée par le parquet et que toutes les prisons soient placées sous le contrôle du ministère de la justice.
Jalal Al-Galal, porte-parole du CNT, a indiqué que le Conseil provisoire prendrait assurément connaissance de ce rapport. Il a ajouté que le président du CNT, Moustafa Abdeljalil, avait "déclaré à de multiples reprises qu'il ne tolérerait aucun abus contre des prisonniers et très clairement précisé qu'il enquêterait sur de telles allégations".
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
Source: Le Monde, du 15/10/2011
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