Thursday, December 8, 2011

Présidentielle en RD Congo : les résultats de tous les dangers

Décidément, voilà une élection dont l’issue se sera fait attendre ! Annoncée initialement pour le 6 décembre, la proclamation des résultats de la présidentielle congolaise du 28 novembre 2011 tarde à livrer son verdict ; du moins l’officiel ; à l’heure où nous tracions ces lignes, la Ceni n’avait pas encore fait connaître sa sentence ; mais à vrai dire, personne n’était dupe et à l’allure où se présentaient les choses, avec 90% du scrutin dépouillé donnant Kabila fils gagnant, on ne voyait pas vraiment comment le principal rival, Tchisekedi, pourrait renverser la vapeur.

Pour tout dire, les carottes étaient déjà cuites ; et à supposer que le président sortant l’emporte avec 49% des suffrages, on aura beau clamer que 51% des Congolais sont contre lui, pour une présidentielle voulue à un tour unique (le fameux coup K.-O.), force est de le reconnaître, le score est démocratiquement appréciable. D’autres à sa place se seraient volontiers contentés du fameux 1/4 gagnant ; alors avec presque le double de pareil score, on n’ira pas faire la fine bouche, Kabila gagnera ; plus personne ne croit à un hypothétique tremblement de terre qui viendrait tout changer ; mais c’est bien là que tout commencera ; car le tout ne sera pas de remporter la présidentielle congolaise ; il faudra gérer la crise, puisque crise il y a ; le climat d’ailleurs qui prévalait à Kinshasa depuis de longues heures avait des allures de veillée d’armes ; les partisans de Tschisekedi ne faisaient pas mystère de leur rejet du résultat de la Ceni, avant même de le connaître ; cette Ceni dont ils accusent le président-pasteur de collusion avec le pouvoir en place au point de s’en prendre au lieu de culte où officie le révérend Mulunda ; et Kabila le sait très bien qui s’est lui-même retranché dans sa demeure, désormais protégée par des haies constituées de milliers de policiers, au risque d’en ajouter à une psychose déjà palpable.


Il n’est plus question de savoir s’il y aura des troubles par suite de la proclamation des résultats par la Céni, mais plutôt de quelle ampleur seront les émeutes ; dans une Kinshasa que l’on tient pour le bastion de l’opposition, au regard de l’extrême tension qui prévaut et qui pousse les uns et les autres à vouloir en découdre, les dégâts peuvent s’avérer d’une importance considérable. Nul ne se risquerait à prédire jusqu’où iront les jusqu’au-boutistes, qui choisissent toujours de terminer dans les rues les votes tenus dans les isoloirs.

Mais une chose est déjà sûre ; les leaders politiques congolais, toutes tendances confondues, pourront se vanter d’avoir précipité leur pays dans le chaos : Kabila fils qui, en dépit d’un bilan peu reluisant au bout d’une bonne dizaine d’années passées à la tête de la RDC, n’aura pas su se retirer à temps ; et les chefs des différentes oppositions, pour avoir manqué de vista, en refusant de former une coalition qui, de toute évidence, aurait été salutaire pour faire partir le président sortant par la plus sage des voies démocratiques qui soient : celle des urnes.



Author: Jean Claude Kongo


Source:  L'Observateur Paalga, du 09/12/2011

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