Saturday, December 10, 2011

RDC: premières violences après la réélection de Kabila

L'Union européenne a lancé un appel au calme au Congo après les résultats de l'élection présidentielle, entachée de fraudes et remportée par le président sortant. L'opposant Etienne Tshisekedi rejette "en bloc" le résultat.

Des pillage et de premiers incidents violents ont été signalés à Kinshasa après les résultats de l'élection présidentielle. Dans quelques quartiers de la capitale de la République démocratique du Congo, sous haute surveillance policière et militaire depuis mardi, des tirs ont été entendus ce vendredi peu après l'annonce des résultats du scrutin.

Sans surprise, Joseph Kabila, le président sortant, a été proclamé vainqueur de l'élection à un tour du 28 novembre.

Sans surprise aussi, l'opposant Etienne Tshisekedi a rejeté ce résultat et s'est déclaré "président élu de la République démocratique du Congo". Tout cela après un scrutin entaché de fraudes et de violences -tout particulièrement dans la capitale Kinshasa. comme l'ont dénoncé nombre d'observateurs, notamment l'ONG International Crisis Group (ICG).

Incendies et jets de pierres

Dans le quartier très populaire de Bandale (centre), des jeunes ont incendié des pneus et jeté des pierres en direction de policiers armés déployés en force dans la zone. Des tirs ont été entendus dans ce quartier et également dans celui de Limete (est), où se trouve le QG de Tshisekedi.

Des policiers dispersaient les regroupements de militants à coups de gaz lacrymogène. Quelques pillages limités ont été signalés dans plusieurs quartiers, selon des témoins. A Kintambo, des policiers ont été vus en train de forcer la porte d'un magasin, avant de menacer un photographe de l'AFP qui voulait prendre des photos. Au moins une personne a été blessée par balle à la main près de Bandale, a constaté un photographe de la même agence

Appels au calme

Le candidat déchu Etienne Tshisekedi a demandé à la population de rester "calme", tout comme l'Union européenne.

Une véritable provocation à notre peuple
"En ces moments cruciaux pour l'avenir de la RDC, l'UE appelle à la responsabilité des forces de sécurité ainsi que de tous les candidats et des acteurs politiques pour maintenir un climat apaisé", a déclaré dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. "Toute contestation éventuelle devrait se faire par les voies légales, y compris les moyens de recours juridiques dans des procédures transparentes et crédibles. Le recours à des voies non pacifiques engagerait leur responsabilité personnelle", insiste la Haute représentante de l'UE.

"Une véritable provocation"

"Je considère (ces résultats) comme une véritable provocation à notre peuple et je les rejette en bloc. En conséquence je me considère depuis ce jour comme le président élu de la République démocratique du Congo", a déclaré Etienne Tshisekedi, opposant historique.

Selon les résultats provisoires communiqués par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, Joseph Kabila, 40 ans, élu une première fois en 2006, l'a emporté avec 48,95 % des voix, devant l'opposant de 78 ans Etienne Tshisekedi qui a totalisé 32,33 % des suffrages. Le taux de participation est de 58,81%, a ajouté le pasteur au siège de la Céni.

La troisième place revient à l'ex-président de l'Assemblée nationale et opposant, Vital Kamerhe (7,74%), devant le président du Sénat et mobutiste Léon Kengo, 4e avec 4,45% des suffrages. Les sept autres candidats réalisent des scores inférieurs à 2%.

Dès le début de l'annonce par la Céni de chiffres partiels le 2 décembre, qui ont toujours donné Kabila en tête, le camp Tshisekedi a rejeté ce décompte, le qualifiant d'"illégal, et tendancieux" et estimant qu'il ne reflétait pas "la vérité des urnes".

L'arbitrage d'une Cour suprême aux ordres

La cour suprême de justice doit proclamer officiellement le vainqueur le 17 décembre, après traitement des éventuels recours et contentieux. Mais les missions de l'Union Européenne (UE) et du Centre Carter ont dénoncé son "manque de transparence" en matière de contentieux électoraux.

Jusqu'au 28 octobre, la Cour suprême comptait sept magistrats, mais le président Kabila en a nommé de nouveaux pour arriver à un total de 27. Noyautage hurle l'opposition, nécessaire, répond le pouvoir, pour faire face à une marée prévisible de recours.

Avec AFP Par LEXPRESS.fr


Source:  L'Express, du 10/12/2011

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