Monday, December 5, 2011

RDC : L’anxieuse attente des résultats.

Les populations de la République Démocratique du Congo sont anxieuses. Après le scrutin du lundi dernier avec tous les ratés qui y ont été enregistrés, l’annonce des résultants prévue demain mardi, laisse craindre le pire. C’est qu’entre temps, les différentes formations politiques ont contribué à faire monter la tension en déclarant, chacune de son côté, être gagnante.

Or, après les dérives verbales dans le cadre de la campagne électorale, et les violences qui ont émaillé la journée électorale, on n’imagine bien que les uns et les autres ne sont pas prêts à accepter le verdict des urnes. Dans cette opposition radicale, l’amateurisme, les soupçons de partis pris et le peu de moyens mis à la disposition de la Commission électorale nationale indépendante, ne sont pas pour arranger les choses. Ce que la RDC vit aujourd’hui, la Guinée l’a vécu il y a un an. Là, c’était dans le cadre du second tour de l’élection présidentielle du 7 novembre 2010. Après que les résultats proclamés par la CENI aient donné Alpha Condé vainqueur, le camp de son challenger Cellou Dalein Diallo, introduisant des recours, espéraient une revanche de la part de la Cour Suprême. Et en attendant, les militants du camp donné perdant ne juraient que par la contestation des résultats définitifs, au cas où ces derniers ne seraient pas favorables à leur leader.

Aujourd’hui, c’est la même chose qu’on observe du côté de la République Démocratique du Congo. Dans les camps respectifs du candidat sortant Joseph Kabila et du principal candidat de l’opposition, Etienne Tshisekedi, on ne jure que par la victoire absolue. De part et d’autre, on promet de mettre le pays à feu et à sang, si on n’est pas gagnant !

Des menaces qui ont fini par effrayer certains Congolais qui ont jugé prudent de traverser le fleuve Congo, pour se retrouver de l’autre côté, au Congo Brazzaville. Ces refugiés sont estimés aujourd’hui à quelques 3 000 personnes. Et c’est dire la tension qui prévaut dans le pays à la veille de l’annonce des résultats. L’incertitude est d’autant plus manifeste qu’aucune tendance ne s’est jusqu’ici véritablement dessinée. La seule quasi certitude que l’on a aujourd’hui, c’est le fait que le tout se disputera entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi.

Certes, la CENI, soumise aux pressions des médias a fini par craquer en rendant publics quelques résultats partiels. Mais ne portant qu’à peine sur 15 % des suffrages, ces derniers ne peuvent donner une idée sur laquelle se focaliser. En plus, l’avance relative qui est attribuée à Joseph, est à prendre avec une certaine prudence, dans la mesure où les circonscriptions desquelles proviennent ces résultats relèvent davantage des fiefs du candidat-sortant.

En réalité, si on poursuit la comparaison avec le cas guinéen, on pourrait avoir des raisons d’espérer. On se rappelle en effet que dans ce dernier pays, malgré les tensions à la fois politiques et inter-communautaires, le pire avait été évité parce que le candidat malheureux, avait eu la sagesse de se plier au verdict des urnes, bien que ne revenant pas sur les accusations de fraudes.

Les Congolais donneraient aujourd’hui tout pour que la même sagesse anime celui qui, demain, sera déclaré vaincu. Ils aimeraient tant et si bien que les choses se calment ainsi parce qu’ils n’ont aucune envie de renouer avec les hostilités, les démons d'un passé récent. Car pour beaucoup d’entre eux, les plaies laissées par les dernières guerres dans le pays, sont loin de se cicatriser.

En plus, pensent-ils, ce serait bien que les élites congolaises comprennent enfin que les seuls ennemis qui méritent d’être combattus, ce sont le sous-développement du Congo et la misère et la détresse des ses habitants.

Author: Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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