L'armée de la RD Congo
a intensifié son offensive dans la province instable du Nord-Kivu (est) contre
des mutins ex-rebelles qu'elle combat depuis près de deux semaines et qui
résistent malgré un premier bombardement aérien de leurs positions samedi.
"Deux avions de guerre viennent (...) de bombarder la colline de Runyonyi
et de Chanzu", près de la frontière avec le Rwanda, a déclaré samedi
après-midi à l'AFP un colonel loyaliste des Forces armées (FARDC), sans donner
plus de précisions.
Me Omar Kavota, vice-président de la société civile
du Nord-Kivu, a confirmé à l'AFP le bombardement de Runyonyi, "base"
des mutins, Chanzu, ainsi que de Bikenge. "Mais les mutins gardent
toujours le contrôle de ces localités" prises jeudi, et ne semblent pas
"destabilisés". Selon lui, les mutins ont toutefois
"échoué" dans leur tentative de prendre la base militaire de
Rumangabo depuis la colline stratégique de Mbuzi après avoir été repoussés par
les FARDC. Les mutins ont également été chassés de Bunagana, à la frontière
avec l'Ouganda, selon des sources militaires.
Les dissidents se réclament du Mouvement du 23 mars
(M23), un nouveau mouvement militaire composé d'ex-membres de l'ancienne
rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et dirigé par le
colonel Sultani Makenga, un ex-officier du CNDP qui a déserté le 4 mai avec
plusieurs dizaines de ses hommes.
Déserteurs proches
de Bosco Ntaganda
Début avril, plus d'une dizaine d'officiers
supérieurs de l'ex-CNDP, intégrée dans l'armée en 2009 après des accords de
paix avec Kinshasa, ont déserté avec quelques centaines d'hommes dans les
provinces instables des Nord et Sud Kivu (est). Dix-huit déserteurs sont jugés
depuis vendredi en "audience foraine" -forme d'audience publique- à
Uvira, dans le Sud-Kivu. Ils appartiennent aux ex-rébellions du CNDP ou des
Patriotes résistants congolais (Pareco), et sont inculpés d'incitation et
participation à un mouvement insurrectionnel, de désertion en bande armée ou
encore de démoralisation des troupes.
Les mutins ex-rebelles des Kivu, dont la plupart
auraient plus tard rejoint leurs unités ou se seraient rendus, sont proches du
général Bosco Ntaganda, l'ex-chef d'état-major du CNDP recherché par la Cour
pénale internationale (CPI) pour enrôlement d'enfants soldats. Il est également
recherché par Kinshasa pour sa "responsabilité" dans les combats qui
ont commencé le 29 avril au Nord-Kivu.
Selon l'armée le général Ntaganda et son
"petit groupe" sont traqués "dans le parc des Virunga" où
un garde forestier et deux soldats ont récemment été tués dans une embuscade
tendue par des miliciens non identifiés.
"Les
défections continuent"
A Goma, capitale du Nord-Kivu, "il y a eu des
perquisitions chez les ex-officiers FARDC qui ont rallié le M23. On continue à
trouver des armes dans certaines habitations de quelques officiers", a
déclaré à l'AFP le député Jason Luneno, élu dans cette ville. Samedi dernier,
l'armée avait cessé ses opérations et laissé cinq jours aux mutins pour
regagner leurs unités, mais les heurts ont continué -principalement dans le
territoire de Rutshuru, frontalier du Rwanda et de l'Ouganda- entre les FARDC
et les hommes se réclamant du M23 ou du général Ntaganda.
"Lorsque les militaires avaient le dessus sur
les ex-CNDP, les militaires CNDP étaient en débandade. Arrêter les opérations a
créé une frustration du côté des FARDC. Ils ont exprimé leur sentiment de
déception, et d'autres ont dit qu'ils ne sont plus motivés pour se
battre", a souligné M. Luneno. Il note par ailleurs que si des mutins se
sont rendus, les défections continuent et "ce n'est pas à l'avantage de la
population", déplacée par dizaines de milliers dans la province ainsi
qu'au Rwanda et Ouganda voisins.
Près de 7.500 personnes se sont réfugiées au
Rwanda, selon les autorités du pays, et "environ 3.000 Congolais" ont
trouvé refuge provisoirement en Ouganda, selon l'ONU.
Source: Jeune Afrique, 13/05/2012 à 10h:36 Par AFP
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