Le coup d'État est condamné par la classe politique et par la communauté internationale.
Le coup d'État engagé mercredi à Bamako a du mal à accoucher d'un nouveau régime. Le comité militaire dirigé par le capitaine Amadou Sanogo peine à imposer son autorité. Les soldats de rang qui ont chassé de son palais le président Amadou Toumani Touré, dit ATT, un peu plus d'un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle, sont isolés sur le plan politique, militaire et international.
Forte des acquis de vingt ans de démocratie, la classe politique malienne marque ses distances avec la junte. Dans une déclaration commune, douze des principaux partis politiques nationaux ont condamné l'intervention armée et réclamé le respect de l'ordre constitutionnel. Ils sont soutenus par les associations de la société civile. Seul Oumar Mariko, une figure de l'opposition, se range du côté des mutins. Il a annoncé la création du MP22, le Mouvement populaire du 22 mars, et n'hésite pas à dresser un parallèle avec la révolte qui avait permis de renverser en 1991 la dictature de Moussa Traoré. Mais la comparaison est difficile à tenir. À Bamako, les mutins inquiètent la population au lieu de soulever son enthousiasme. Des braquages et des pillages sporadiques commis par des hommes en treillis entretiennent depuis cinq jours un climat de peur.
De nombreuses incertitudes demeurent sur la situation militaire. L'état-major malien ne s'est pas ouvertement prononcé sur le soulèvement du capitaine Sanogo. Il est installé à Gao dans le nord pour diriger les combats contre la rébellion touareg alors que le capitaine putschiste et son entourage sont retranchés à Kati, une ville de garnison proche de Bamako. La distance entre les généraux et les soldats mutins n'est pas seulement géographique. Peu payés, ces derniers accusent leurs supérieurs de s'être enrichis en couvrant les trafics transfrontaliers qui se sont développés ces dernières années dans le Sahara.
Isolement diplomatique
Les incertitudes sur le sort d'Amadou Toumani Touré ajoutent à la confusion. L'ancien général serait lui aussi dans un camp militaire. Selon les uns, il serait retenu prisonnier. Selon les autres, il serait sous la protection de sa garde rapprochée, les bérets rouges, et il n'aurait pas encore abattu ses dernières cartes. De son côté la rébellion touareg est bien décidée à poursuivre sa marche en avant. L'absence d'interlocuteur pour d'éventuelles négociations la conforte dans sa stratégie de refoulement par les armes des autorités nationales hors des frontières de l'Azawad, le pays touareg. L'une de ses composantes, le mouvement islamiste Ansar Dine, affirme qu'il se prépare à s'emparer de Kidal et veut y appliquer la charia. Des combats auraient éclaté hier dans cette ville qui est l'une des plus importantes de l'Azawad. La junte doit également faire face à un fort isolement diplomatique.
Les États de la région ont exclu le Mali de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Ils se réunissent en sommet demain à Abidjan pour faire pression sur les militaires maliens et essayer d'obtenir leur retour dans les casernes.
Source: Le Figaro, Mis à jour le 26/03/2012 à 07:05
Author: Thierry Oberlé
No comments:
Post a Comment