Que reste-t-il encore des législatives 2011 ? Apparemment, pas grand-chose. Le processus électoral serait en train de tanguer à la manière du célèbre «Titanic ». La CENI est soumise à des tirs croisés très intenses. L’afflux des contestations et réclamations s’apparente à un spectre d’annulation qui plane sur le scrutin législatif du 28 novembre 2011.
Jamais processus électoral en RDC n’a soulevé autant de tempêtes et de vagues que cette édition 2011. Tout se passe comme si l’on était en train d’éventrer le boa. La crédibilité des législatives 2011 s’en trouverait gravement entamée. Et l’Opposition ne serait pas la seule à avoir crié à la tricherie et à la fraude électorale à grande échelle. Une bonne frange de la Mouvance présidentielle est rentrée également dans la danse des contestations et réclamations liées au scrutin législatif du 28 novembre 2011.
L’élargissement de ce réseau confirmerait-il les premières récriminations contre la vérité des urnes, pourtant balayées d’un revers de la main par cette même tendance du pouvoir ?
A l’allure où les révélations sont en train d’être faites, l’on détruit l’un après l’autre les alibis, levant ainsi le pan de voile sur la vérité des législatives 2011. Tenez.
Tout est parti de la menace de démission du président de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, Pasteur Ngoy Mulunda. Il s’est indigné contre l’attitude de la classe politique, particulièrement des partisans de la Mouvance présidentielle qui exercent des pressions sur lui afin que leurs « candidats soient retenus ». Une liste des « députés », tant de la mouvance présidentielle que de l’Opposition, choisis par la MP aurait même été déposée à la CENI afin qu’elle soit respectée. La pression est tellement forte que le président de la CENI aurait déjà levé l’option de rendre le tablier pour être en phase avec sa propre conscience.
Juste ce qu’il fallait pour ouvrir la brèche, à telle enseigne qu’il est maintenant difficile de la colmater ou d’arrêter l’hémorragie. La tentative mort-née de la MP de créer une structure parallèle à la CENI et à la Cour suprême de justice pour gérer les «contentieux électoraux ou les humeurs des uns et des autres de ses alliés ou partenaires » n’aura servi à rien. Bien au contraire, elle est même une violation de la loi électorale pendant que l’on assiste à une avalanche de révélations autour des irrégularités qui ont été commises au niveau de la CENI. Qui plus est, l’on est en train d’identifier les réseaux de fraude mis en place pour fausser les résultats de vote. Tel est le cas des gouverneurs qui auraient été, à quelques exceptions près, les têtes de pont de toutes les machinations qui se seraient déroulées dans leurs provinces. Ils auraient été les artisans et les meneurs du «gang électoral» mis en place pour dénaturer le vote du 28 novembre, en complicité avec les animateurs des Centres locaux de compilation des résultats, CLCR. Voilà qui explique toutes ces contestations relevées tant par l’Opposition que par la MP contre la CENI. De même que des violences qui ont émaillé ce processus électoral jusqu’à ce jour.
C’est dans cet élan qu’un groupe de 40 députés de la MP et de l’Opposition, dans une déclaration à la presse, ont demandé l’annulation pure et simple des législatives. Un autre groupe des sénateurs en a fait autant. Auparavant, le trio Kengo-Mbusa-Bombole avait également exprimé le même souhait.
LE PAN DE VOILE LEVE
Hier, une certaine tendance politique réclamait à l’Opposition, voire à l’Eglise catholique, des preuves autour de la fraude. La même tendance politique riait sous cape lorsque la Cour suprême de justice rejetait le recours du candidat Vital Kamerhe pour ne l’avoir pas étayé par des preuves.
Mais que dire aujourd’hui lorsque cette même tendance accable la CENI, donne des pistes de fraude en citant les gouverneurs de province, pointe du doigt un parti politique facile à identifier ainsi que les personnalités politiques présumées responsables de cette corruption à grande échelle décriée par toutes les tendances ? Finalement et progressivement, le voile est en train d’être levé. Tout devient, au bout du compte, un secret de polichinelle. C’est le mérite de ces révélations.
Une certaine classe politique, obnubilée par la possession du pouvoir et méprisant totalement le peuple congolais serait sur le point d’être confondue. Car, à travers ces révélations, il n’y a plus de doute que la crédibilité des législatives 2011 est fortement entamée. La confiance à l’ endroit de la CENI de plus en plus effritée et le spectre de l’annulation plane au-dessus des législatives.
LE PIRE TOUJOURS DEVANT NOUS
Face à des « jusqu’au-boutistes » irascibles, il faut toujours s’attendre au pire. Le vote étant dénaturé, le scrutin falsifié, il est entendu que l’on s’attend à disposer des institutions nationales préfabriquées avec une « majorité parlementaire nommée». Fragilisées, ces institutions seront inefficaces.
Le pire, c’est que dans deux jours la CENI publiera les résultats des législatives. Si les erreurs n’ont pas été corrigées, ce serait un cocktail détonnant. La crainte de Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines pourrait se justifier. En effet, ce diplomate américain avait relevé que les législatives sont aussi plus importantes que la présidentielle, et chacun sait qui a été élu. Bien plus, il avait avisé que si jamais la population constatait que son candidat n’a pas figuré sur la liste de futurs députés nationaux, « ça peut dégénérer ».
Que faire pour sauver ce processus électoral ? Trois choses. La première consiste à identifier les erreurs et à les corriger. La deuxième, sanctionner les auteurs de ces erreurs tant au sein de la CENI que dans la classe politique, conformément à la loi pénale et électorale. Et enfin, reprendre les élections là où les erreurs ont été de nature à modifier les résultats du vote. Il est vrai que si ces trois possibilités n’arrivent pas à mettre tout le monde d’accord, l’annulation des élections que proposent plusieurs personnes ne serait nullement une surprise.
En fait, le boa est en train d’être éventré. Les législatives vidées de toute leur substance. Elles sont devenues une coquille vide. A cause d’une classe politique sans scrupule. Sans foi ni loi.
Source: Le Potentiel, du 24/01/2012
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