La Cour pénale internationale (CPI) a décidé une fois de plus de poursuivre, pour des faits relevant de sa compétence, un dirigeant africain. Après le président soudanais, Omar El Béchir, voici venu le tour du président libyen, Mouammar Kadhafi, de courir après un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, siégeant à La Haye aux Pays-Bas.
Curieusement, c’est encore contre un leader politique africain que l’instance judiciaire de La Haye a décidé de délivrer son mandat. Apparemment, son procureur, l’Argentin Luis Moreno O’Campo, n’aurait d’yeux que pour les Africains.
A son avis, s’il y a des crimes relevant de la compétence de la CPI, l’Afrique battrait le record mondial en la matière.
Que des crimes aient été commis en Asie, plus précisément en Afghanistan, en Irak, au Liban, en Syrie, ou encore en Israël, pour le procureur de la CPI, aucun d’entre eux ne relèverait des crimes retenus dans le traité de Rome créant la CPI. Seuls ceux commis en Afrique énervent les dispositions de ce traité.
Concernant la CPI, la République démocratique du Congo en sait quelque chose. Car, l’institution judiciaire internationale doit en partie son existence à la présence dans ses geôles de quelques Congolais incriminés pour des faits relevant de sa compétence. Qu’importe !
L’acharnement dont fait preuve actuellement la CPI sur les leaders africains est de mauvais aloi. Il traduit l’ambition sordide de mater les leaders africains jusqu’à les mettre à genou pour les avoir finalement à ses dépens.
Dans les geôles de la CPI, c’est l’Afrique qui fournit le plus grand lot. Alors que le continent noir n’est pas le seul sur cette planète où des crimes contre l’humanité sont commis. En Irak ou en Afghanistan, il y a pire que ce qui s’est fait sur le sol africain.
Mais, face aux atrocités qui se commettent en Irak, en Afghanistan, ou régulièrement en Israël, la CPI n’y voit que blanc comme neige. Elle a volontairement fermé les yeux, se désintéressant complètement des faits qui sont pourtant de son entière compétence.
Nous pensons que l’Afrique doit aujourd’hui ouvrir grandement les yeux pour savoir jauger ses intérêts chaque fois qu’il faut s’engager dans un traité ou accord international. Ce n’est pas pour rien que des pays – et pas des moindres – comme les Etats-Unis n’ont jamais ratifié le traité de Rome. Ils doivent avoir vu juste. L’évolution des faits sur le terrain leur donne raison.
A l’instar des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international et Banque mondiale), la CPI n’a été créée que pour asservir davantage l’Afrique en vue de la maintenir le plus longtemps possible dans le giron de la communauté internationale.
Il est temps pour l’Afrique de se relever comme un seul homme pour barrer la route au nouveau projet de sa recolonisation. Le front commun formé contre le mandat d’arrêt qui court encore à l’encontre du président soudanais est déjà un pas sur cette voie.
Tout comme la mobilisation dont fait preuve actuellement l’Afrique, avec la réunion organisée en Afrique du Sud, en rapport avec la crise libyenne, est à mettre à l’actif de cette Afrique en voie d’émancipation.
Le moment est arrivé, pensons-nous, pour l’Africain de réécrire son histoire, sans interférence aucune. C’est le seul moyen d’honorer la mémoire de ses dignes fils, tels que Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba et bien d’autres encore, qui ont payé de leur vie pour l’indépendance de l’Afrique.
Source: Le Potentiel, du 28/06/2011
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