Tuesday, January 10, 2012

RDC: Etat – Eglise : le choc frontal

Ce n’est pas encore l’épreuve de force entre l’Etat et l’Eglise catholique. Mais c’est comme si c’était déjà cela tant les relations sont tendues entre les deux parties. La pomme de discorde demeure sans conteste la recherche de la vérité autour des élections de novembre 2011. Les prochains jours s’annoncent déterminants entre les deux parties si jamais elles campaient sur leur position. Le choc frontal est inévitable.

Samedi 6 janvier, à la paroisse Saint Joseph de Matonge, archevêché de Kinshasa, l’Eglise catholique de Kinshasa a célébré une messe. Messe de la «Paix» en cet instant crucial de notre pays en plein processus électoral.

Célébration eucharistique dans la recherche de la justice, de la vérité au lendemain du vote du 28 novembre 2011 pour replacer la République démocratique du Congo sur le parcours du progrès. Livrant ses impressions sur le déroulement des élections 2011, l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya avait déclaré que «les résultats de ces élections ne reflétaient ni la vérité ni la justice».

Prise de position qui n’a pas du tout rencontré l’approbation de principaux animateurs des institutions nationales. Ils ont vu là un parti pris flagrant de la part de l’Eglise catholique qui aurait outrepassé ses fonctions ecclésiastiques et ses responsabilités. Elle ne serait plus cette «Eglise » au milieu du village. Il s’en est suivi une véritable diatribe, soutenue parfois par des propos irresponsables débités par des personnes non qualifiées.

La célébration eucharistique de ce samedi 6 janvier a donc été une opportunité de plus pour retenir qu’entre l’Etat et l’Eglise catholique du Congo, les relations ne sont plus au beau fixe. Que l’on vient de s’engager dans un affrontement ouvert si jamais aucune des parties ne se montrait flexible. Une épreuve de force sur fond de la recherche de la vérité tant les deux parties affirment haut et fort détenir la vérité.

C’est dans cet ordre d’idées que l’Eglise catholique a promis de rendre publique, demain mercredi 11 janvier, une autre déclaration des Evêques en conclave depuis lundi 9 janvier. Cette déclaration sera certainement suivie par une autre. En effet, «tous les mémorandums des chrétiens reçus par les Evêques de toutes les provinces de la RDC seront étudiés afin que les chrétiens puissent avoir une ligne de conduite cohérente à retenir pour défendre la Vérité et la Justice », a-t-on retenu au cours de cette messe de la paroisse Saint Joseph de Matonge.

Du côté de l’Etat, on n’entend pas se laisser faire. L’on s’en tient à la «légalité ». Les résultats des élections ayant été promulgués par la CENI et confirmés par la Cour suprême de justice, le président de la République élu ayant prêté serment, les lois du pays ont été respectées. Les faits étant accomplis, il y a lieu de les admettre.

EVOLUTION EN DENTS DE SCIE

Depuis les temps antiques, l’Eglise et l’Etat ont souvent incarné la pyramide du pouvoir. Quand les armées allaient en guerre, l’Eglise bénissait les expéditions guerrières. Mais le plus souvent aussi, l’Etat et l’Eglise se brouillaient quand les intérêts divergeaient.

En RDC, l’on n’est pas au premier bras de fer entre l’Eglise catholique et l’Etat. Une évolution en dents. Aux temps forts de la IIème République, le Maréchal Mobutu a eu maille à partir avec le Cardinal Malula. Si la pomme de discorde était apparemment la politique de recours à l’authenticité, l’Eglise catholique s’accrochait au «bien- être de la population, par une politique de vérité ». Le régime Mobutu croyait dur comme fer en sa politique, à sa vérité, jusqu’ à diriger par défi. Toutefois, les deux parties avaient fini par trouver un terrain d’entente de la façon que l’on sait.

Aux temps forts de la Conférence nationale souveraine, l’Eglise catholique s’était également mise en exergue. La date du 16 février 1992 est entrée dans l’histoire tant elle marque l’une des étapes importantes du processus de la démocratie avec la «Marche des chrétiens».

Après les élections de 2006, le défunt Cardinal Frédéric Etsou avait émis ses impressions négatives sur le déroulement de ces élections. Il avait insisté sur la vérité des urnes. Comme si l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, le cardinal Monsengwo est aujourd’hui au front face au régime de Kinshasa.

SEMAINE DETERMINANTE

La semaine qui vient de commencer s’annonce riche en rebondissements : bras de fer, désaccord, choc frontal (c’est selon), entre l’Etat et l’Eglise. Les relations entre les deux parties ne sont pas du tout au beau fixe. Cet état des lieux intervient à un moment délicat de ce processus électoral.

Quant à la CENI, elle tient, jusqu’à preuve du contraire, rendre publics les résultats des législatives ce 13 janvier. Dans exactement trois jours. Si entre-temps, l’Eglise catholique rendait publique sa «vérité» après le conclave des Evêques, il est un fait indéniable que cette nouvelle bousculerait l’ordre des choses. Si dans la foulée, les Experts internationaux faisaient l’économie du rapport de leur mission, la moisson risquerait d’être abondante au plan politique. Et la «crise politique» irait en s’enracinant.

Dans un cas comme dans l’autre, il faudra s’attendre à un rebondissement de la situation politique tant en RDC que sur le plan international. L’avenir reste suspendu aux résultats des législatives 2011. Insécurité à l’Est de la RDC Beni : la Société civile accuse les ADF/Nalu de trois enlèvements

Le 26 décembre, un paysan de Mayi Moya a été enlevé dans son champ à 10 Km de son village par ces rebelles ougandais. Son corps a été retrouvé quelques jours plus tard. A la mi-décembre, un religieux de l’église catholique a été enlevé dans sa paroisse à Beni-ville, avant d’être relâché. Le week-end du samedi 7 au dimanche 8 janvier, c’est le gérant d’une ferme au Nord du Ruwenzori qui a été enlevé. Ses ravisseurs, qui réclamaient une rançon de 50 000 dollars américains au départ, l’ont finalement relâché moyennant le paiement de 10 000 dollars.

Pour la coordination de la Société civile du Nord-Kivu, ces enlèvements sont des représailles de ces rebelles qui sont acculés par des opérations des FARDC. Selon la même source, l’insécurité est aussi entretenue dans ce territoire par des bandes de criminels et des groupes armés locaux, notamment des Maï-Maï qui sillonnent la région, commettant des crimes pour des raisons pécuniaires ou par vengeance.

La Société civile du Nord-Kivu demande aux autorités militaires d’évaluer l’impact de différentes opérations militaires menées dans cette région et de renforcer la sécurité de la population.

Le porte-parole des opérations Ruwenzori, le colonel Célestin Ngeleka, reconnaît cette situation. Il indique que des démarches sont entreprises pour demander aux populations de ne pas collaborer avec les groupes armés.

En outre, au Sud-Kivu, quatre personnes ont été tuées et huit autres blessées, dimanche 8 janvier, dans deux attaques attribuées à des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) à Fizi et à Walungu.

Selon les autorités locales, un camion de marque Fuso, en provenance de Baraka vers Masisi avec vingt passagers à bord, est tombé dans une embuscade tendue au niveau de la localité de Lukinga, en pleine journée, par ces rebelles rwandais.

Des sources proches de la Société civile de Baraka indiquent que les assaillants ont mitraillé le véhicule tuant quatre personnes et blessant cinq autres. Trois blessés sont internés à l’hôpital de Fizi et deux autres ont été acheminés à Lulimba. Les rebelles rwandais auraient aussi ravi l’arme et la tenue militaire d’un major des FARDC qui faisait partie des passagers.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les FDLR ont attaqué la localité de Lubimbe, sur l’axe Bukavu-Shabunda dans le territoire de Walungu. Des habitants de la localité font état de trois personnes gravement blessées.

Les assaillants ont brûlé trois maisons dans le village, avant d’être repoussés par une milice d’autodéfense populaire, les Raia Mutomboki. Ils se sont finalement enfuis vers Chirambo, en chefferie de Nindja. Les blessés ont été évacués à Nzibira pour recevoir des soins.

Les responsables de la Société civile de Walungu et de Fizi déplorent ce regain d’insécurité causé par les FDLR dans leurs territoires. Ils demandent aux autorités de sécuriser les populations civiles. Radiookapi.net

SOURCE: Le Potentiel, du 10/01/2012 

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