Sunday, January 1, 2012

RDC: Liaisons dangereuses : "Kabila" rétribue Ntaganda et ses hommes pour leur soutien... à la présidentielle

Dans un rapport publié vendredi 30 décembre, un Groupe d’experts des Nations Unies chargé d’observer la situation au Congo démocratique soutient que des ex-rebelles proches de Bosco Ntaganda, ancien bras de l’ex-chef milicien Thomas Lubanga dans le District de l’Ituri, ont bénéficié des "largesses" de "Joseph Kabila" sous forme d’intégration et de nomination. Et ce, en contrepartie du "soutien actif" que ces anciens rebelles ont apporté au président sortant pour sa "réélection".
Cité par l’agence britannique Reuters, le rappport indique que le gouvernement congolais a procédé de manière inconsidérée à l’intégration d’anciens rebelles au sein des FARDC (Forces armées de la RD Congo). Raison invoquée : juguler la rébellion. Les auteurs dudit document notent que cette révélation "pourrait accentuer les divisions au sein de l’armée et jeter un nouveau doute sur la crédibilité de l’élection présidentielle du 28 novembre".

Ancien bras de l’ex-chef milicien iturien Thomas Lubanga, le "général" Bosco Ntaganda - contre lequel un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre est toujours pendant - "a réussi à obtenir des postes clés pour ses hommes contre son soutien à la réélection de Kabila", apprend-on. Après l’Ituri, l’homme avait rejoint par la suite le CNDP (Congrès national pour le défense du peuple) de Laurent Nkunda Mihigo. Un mouvement jadis soutenu par le Rwanda avant l’éclipse de son chef charismatique en janvier 2009. Nkunda est depuis "assigné à résidence" sur le sol rwandais.

"Depuis février, l’armée tente d’apaiser les tensions en son sein en renforçant la chaîne de commandement et en éliminant les conflits d’allégeance entre groupes rebelles" dit les experts onusiens qui relèvent que "Ntaganda a obtenu des modifications en sa faveur au sein des FARDC en échange du ralliement du CNDP à l’alliance électorale de Kabila". Le rapport est formel : le soutien consenti à "Kabila" par Ntaganda et les anciens rebelles "a pu se traduire notamment par l’utilisation de l’armée pour forcer les électeurs à voter Kabila".

Comme à l’accoutumée ces accusations ont été balayéses d’un revers de la main par le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga.

Les liaisons dangereuses Kabila-chefs miliciens
Les faits rapportés par les experts onusiens constituent en rien une révélation. Ils confirment en revanche les liaisons inquiétantes existant entre "Joseph Kabila" et des chefs miliciens tant nationaux qu’étrangers. En avril dernier, l’ex-chef milicien de l’Ituri (1998-2003), ancien proche de Laurent Nkunda, Franck Bwambale Kakolele, a offert ses services au "raïs" en qualité de "propagandiste" dans la région de Beni-Lubero. L’information n’a jamais été confirmée ou infirmée par la Présidence de la République. Bien au contraire. Kakolele a tenu plusieurs meetings populaires entre mars et avril au cours desquels il invitait «tout le monde à voter pour Joseph Kabila» qui serait, selon lui, «l’unique candidat capable de gouverner ce grand pays». L’ancien rebelle prenait soin de prévenir le public qu’«il ne faudra plus miser sur un autre candidat si la population voulait le retour de la paix dans la région». Ces faits ont été dénoncés par l’organisation non gouvernementale «Human Rescue DRC» qu’anime William Wenga Bumba. Celui-ci assure avoir reçu "des appels téléphoniques anonymes d’intimidation".

Dans son édition datée du mercredi 8 juin dernier, le quotidien flamand «Het Belang Van Limburg» (HBVL) rapportait, sous la plume de Roger Huisman, que «Joseph Kabila» a mandaté un ancien officier belge nommé Jean-Pierre Breyne de «négocier» avec la milice hutue des FDLR. But : obtenir le transfert des miliciens rwandais des FDLR au Maniema. La demande émanait de l’homme fort de Kigali qui voulait ainsi éloigner ses opposants armés des frontières de son pays. Selon ce journal, Breyne accomplissait cette mission «sous l’égide» de l’ancien ministre belge de la Défense et actuel président de la Chambre des députés, le socialiste francophone André Flahaut. On le voit, "Joseph" entretient de relations confiantes avec des miliciens qui briment les Congolais.

Vous avez dit mission de stabilisation?
Déployées au Congo démocratique depuis la deuxième moitié de l’année 1999, les troupes de la Mission de l’Onu (Monusco) affichent une attitude pour le moins ambiguë à l’égard des bandes armées qui terrorisent la population tant dans les provinces du Kivu que dans la Province Orientale. Point n’est besoin de rappeler les "relations amicales" entretenues jadis par Laurent Nkunda avec un officier de nationalité indienne. Dans une dépêche datée jeudi 22 décembre, l’Agence congolaise de presse rapportait qu’"une opération militaire de grande envergure dénommée «Santa Claus» (Père Noël) a été lancée le 18 décembre conjointement par la Force de la Monusco et les FARDC dans les districts du Haut Uélé et du Bas-Uélé en vue d’interdire toute activité des groupes armés et empêcher toute velléité d’exactions contre les populations civiles, pendant les périodes festives de Noël et de Nouvel an". On croit rêver. Le porte-parole militaire de la Monusco, le lt-colonel Félix Prosper Basse, a précisé, pour sa part, que "la Force de la Monusco lance ce jeudi une opération analogue dénommée «Santa Claus Ituri» (Père Noël Ituri) dans le but d’interdire toute liberté d’action aux miliciens signalés dans la zone, mais aussi assurer la protection des populations civiles, conformément au mandat de la mission onusienne". Question : A quoi consiste exactement la mission de "stabilisation" de l’ONU au Congo? S’agit-il de "géler" ou d’éradiquer les bandes armées qui contribuent à la déstabilisation du pays?

"Plus de huit ans après la fin de la guerre civile, et malgré la présence de près de 17.000 casques bleus de l’Onu dans le pays, certains groupes rebelles continuent de combattre le gouvernement et de prendre pour cible les civils dans l’Est", conclut la dépêche de Reuters.
Author: Baudouin Amba Wetshi (avec Reuters) 
Source:  Congoindépendant 2003-2012

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