Monday, August 22, 2011

LIBYA: Kadhafi reste invisible, la bataille de Tripoli continue

TRIPOLI (Reuters) - L'incertitude persiste mardi sur le sort de Mouammar Kadhafi mais l'arrivée des insurgés à Tripoli au cours du week-end a d'ores et déjà conduit la communauté internationale à décréter la fin de ses 42 années au pouvoir en Libye.
La situation est confuse dans la capitale libyenne, que les insurgés disent contrôler en grande partie.
Les rebelles, comme la Cour pénale internationale (CPI), avaient annoncé l'arrestation de Saïf al Islam mais ce dernier, considéré comme l'héritier du pouvoir de son père, est apparu dans la nuit de lundi à mardi à l'hôtel où séjournent les journalistes étrangers à Tripoli.
Il en a amené quelques-uns à Bab al Aziziah, le complexe de Mouammar Kadhafi, et il a assuré que le régime était en train de remporter la bataille contre les insurgés, qui ont pris les armes en février et bénéficient du soutien aérien de l'Otan.
"Nous avons brisé l'échine des rebelles. C'était un piège", a dit Saïf al Islam.
Sur des images de télévision, on peut voir ce fils de Mouammar Kadhafi brandir un poing triomphateur, souriant, effectuant le V de la victoire et saluant ses partisans.
Prié de dire si son père se trouvait en lieu sûr dans la capitale libyenne, Saïf al Islam a répondu: "Bien sûr".
Il a assuré que Tripoli était aux mains du gouvernement et a ajouté qu'il se moquait du mandat d'arrêt émis contre lui et son père par la CPI pour crimes contre l'humanité.
Dans un message sonore diffusé dimanche par la télévision libyenne, qui a depuis cessé d'émettre, Mouammar Kadhafi a assuré qu'il resterait à Tripoli "jusqu'au bout". Certains pensent toutefois qu'il pourrait chercher refuge dans les environs de Syrte, son fief, ou à l'étranger.
Signe de la détermination de ses partisans, l'Otan a fait état de tirs de missiles sol-sol, type Scud, des environs de Syrte en direction de Misrata, ville tenue par les insurgés.
A Tripoli, les combats se concentrent autour de Bab al Aziziah, où l'on soupçonne Mouammar Kadhafi de se cacher. Les forces loyalistes ne semblent contrôler que quelques poches.
CRAINTE DE VIOLENCES
D'après la chaîne de télévision Al Arabia, les insurgés se sont emparés de l'aéroport de la capitale et des appareils de l'Otan ont bombardé le complexe du dirigeant libyen durant la nuit.
Les insurgés avaient annoncé la capture de trois fils de Mouammar Kadhafi, dont Saïf al Islam. Al Djazira a rapporté que l'un d'eux, Mohamed, avait réussi à s'enfuir et que le corps d'un autre fils, Khamis, un chef militaire, pourrait avoir été découvert avec celui d'Abdoullah al Senoussi, le puissant chef des services de renseignement.
Barack Obama a averti que le conflit "n'est pas encore fini" mais le président américain a tout de même jugé "évident que le régime de Kadhafi touche à sa fin".
Il a invité Mouammar Kadhafi à "empêcher le sang de couler en transférant le pouvoir à son peuple et en appelant ses fidèles à déposer les armes."
Nicolas Sarkozy a lancé un appel similaire.
Dans un communiqué, le président français indique qu'il a eu lundi une conversation téléphonique avec Mahmoud Djibril, le Premier ministre du Conseil national de transition (CNT) formé par les insurgés, et l'a invité à venir mercredi à Paris.
La France, à la pointe de l'intervention militaire sous commandement de l'Otan, souhaite en outre accueillir sur son sol une réunion du "groupe de contact" international sur la Libye.
Même les pays réticents jusque-là à prendre ouvertement parti pour les rebelles, tels la Russie ou la Chine, jugent désormais inévitable un départ de Mouammar Kadhafi.
Certains responsables occidentaux craignent pour leur part que les divisions tribales, ethniques et politiques, y compris au sein des insurgés, ne débouchent sur des violences similaires à celles connues par l'Irak après le renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis.
"La justice authentique ne vient ni des représailles ni de la violence. Elle viendra de la réconciliation nationale et de la possibilité des citoyens à déterminer leur propre destin", a dit Barack Obama.

Author: Ulf Laessing et Missy Ryan
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