Nouvelle tentative de coup d'Etat jeudi soir en Guinée-Bissau. Des militaires ont attaqué la résidence du Premier ministre sortant, Carlos Gomes Junior, candidat à la présidentielle du 29 avril, et pris le contrôle de la radio nationale dans la capitale. Carlos Gomes Junior était avec des militants lorsque qu'une première roquette a touché l'entrée principale de sa résidence.
«Nous recherchons activement Carlos Gomes Junior. Quel que soit l'endroit où il peut se cacher, nous le débusquerons avant l'aube», a assuré à l'AFP un militaire. Les putschistes ont instauré un cordon de sécurité autour du palais présidentiel et des rues environnantes. On ignore dans l'immédiat quel est le sort du chef de l'Etat par intérim Raimundo Pereira. Le siège du PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, au pouvoir) était occupé par au moins une vingtaine de soldats. « Nous avons arrêté plusieurs responsables politiques, a indiqué un officier sous couvert d'anonymat. Ils sont avec nous dans la forteresse d'Amura, siège de l'état-major». On ignore l'identité des personnes interpellées.
Tirs et sirènes d'ambulances
Des militaires étaient également déployés sur les principales artères de Bissau, après qu'une dizaine d'entre eux, en armes, eurent pris le contrôle de la radio nationale en début de soirée. Aucune radio n'émettait plus, pas plus que la télévision nationale. La ville était plongée dans l'obscurité après une coupure générale de courant. Les tirs, concentrés autour de la résidence du Premier ministre, ont duré environ une heure, et des sirènes d'ambulances se sont fait entendre à travers Bissau. La capitale était replongée dans le calme dans la soirée, et aucun civil ne s'aventurait dans les rues.
Des soldats ont pris position devant la représentation des Nations unies et des ambassades dont celle du Portugal, ex-puissance coloniale. La circulation était interdite dans les rues qui longent ces chancelleries, apparemment pour empêcher que des personnalités ne s'y réfugient.
Appel au boycott du scrutin
Dans la journée, l'opposition menée par Kumba Yala, qui doit affronter le 29 avril au second tour de l'élection présidentielle Carlos Gomes Junior, avait appelé au boycott du scrutin. Les cinq principaux candidats d'opposition, dont l'ex-président Kumba Yala, ont appelé leurs «militants et sympathisants à ne pas voter le 29 avril», au nom de la «justice», au cours d'une conférence de presse. «Quiconque s'aventurera à battre campagne assumera la responsabilité de tout ce qui adviendra», a menacé Kumba Yala. Il avait dénoncé des «fraudes massives» au premier tour et prévenu qu'il ne participerait pas au second tour. «J'ai dit et je le répète : je ne veux pas d'un second tour», a-t-il martelé. Carlos Gomes Junior avait obtenu au premier tour le 18 mars 48,97% des voix et Kumba Yala 23,26%. La campagne électorale pour le second tour est censée débuter vendredi pour s'achever le 27 avril.
Des violences étaient redoutées depuis plusieurs jours dans cette ex-colonie portugaise dont l'histoire est jalonnée de putschs, tentatives de coups d'Etat militaires et violences politiques depuis son indépendance en 1974. Le pays est devenu en outre ces dernières années une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
Jeudi à l'issue d'une réunion de ministres à Abidjan, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a « formellement et rigoureusement condamné » cette tentative de putsch et promis la « fermeté », quelques semaines après un coup d'Etat militaire au Mali lui aussi survenu juste avant une élection.
Source: Le Parisien, du 13/04/2012
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