Ben Laden avait implanté un réseau financier présent dans 35 pays. Crédits photo : LEE JAE-WON/REUTERS
La fortune de l'ex-chef d'al-Qaida est évaluée entre 30 et 300 millions de dollars. Une organisation multinationale, des PME locales et des dons opaques auraient alimenté ses fonds.
Difficile d'évaluer la fortune d'Oussama Ben Laden, tant l'opacité sur ses sources de financement a toujours régné. Avant les attentats du 11 septembre 2001, l'empire financier du fondateur et chef d'al-Qaida jusqu'à sa mort annoncée cette nuit, était estimée entre 30 et... 300 millions de dollars. Seule certitude, le premier pilier de la richesse du terroriste repose sur l'héritage de son père.
Mohammed Ben Laden, père d'Oussama, a fait fortune dans la construction et les travaux publics. À la mort de ce dernier en 1967, le leader d'al-Qaida partage l'héritage avec ses 54 frères et sœurs. Au total, Oussama Ben Laden aurait «reçu entre 12 et 15 millions de dollars» entre 1974 et 1994, aux dires de Yeslam Ben Laden, l'un de ses demi-frères.
La Ladin International Company, une entreprise d'import export, la Taba Investment et la Hijra Construction Company, spécialisées dans la construction comptent parmi les plus importantes filiales de l'homme d'affaires terroriste. Mais ces entreprises servaient aussi de couverture pour les activistes du réseau al-Qaida. Elles financent des camps d'entraînement ou l'achat d'armes et reçoivent des «dons» en provenance de banques islamistes ramifiées via des comptes off shore et des paradis fiscaux.
Gérées ainsi, les affaires ne tournent pas au mieux. Ben Laden est obligé de baisser les salaires et de vendre certaines filiales. Peu importe: «le terrorisme est un business low cost», écrit le Wall Street Journal en septembre 2001. Si l'attaque du 11 septembre a coûté 400.000 à 500.000 dollars, l'attentat de 1993 contre le World Trade Center n'aurait nécessité que 10.000 dollars.
Reste que Ben Laden profite également de la charité de musulmans de part le monde, sans que ces derniers sachent pour autant que leurs dons serviraient à financer le terrorisme. D'après un rapport diplomatique datant de 2009 révélé par Wikileaks, les Américains soupçonnent des fondations privées d'Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar de financer sans limite le terrorisme. La villa dans laquelle Ben Laden a passé ses derniers jours, près d'Islamabad, est estimée à près d'un million de dollars.
Author: Mathilde Golla, Guillaume Guichard
Source: Le Figaro.fr, du 02/05/2011 | Mise à jour : 17:43
Mohammed Ben Laden, père d'Oussama, a fait fortune dans la construction et les travaux publics. À la mort de ce dernier en 1967, le leader d'al-Qaida partage l'héritage avec ses 54 frères et sœurs. Au total, Oussama Ben Laden aurait «reçu entre 12 et 15 millions de dollars» entre 1974 et 1994, aux dires de Yeslam Ben Laden, l'un de ses demi-frères.
Implanté dans 35 pays
Une partie des montants reçus a été réinvestie dans d'autres sociétés en Arabie Saoudite ou au Soudan, permettant ainsi de dégager des profits. Oussama Ben Laden avait ainsi créé une maison-mère, Wadi al Aqiz, à la tête d'un réseau de nombreuses sociétés légales et implantées dans près de trente-cinq pays.La Ladin International Company, une entreprise d'import export, la Taba Investment et la Hijra Construction Company, spécialisées dans la construction comptent parmi les plus importantes filiales de l'homme d'affaires terroriste. Mais ces entreprises servaient aussi de couverture pour les activistes du réseau al-Qaida. Elles financent des camps d'entraînement ou l'achat d'armes et reçoivent des «dons» en provenance de banques islamistes ramifiées via des comptes off shore et des paradis fiscaux.
Des multinationales aux PME
Avec la fin de la première guerre du Golfe, en 1991, et l'installation de bases américaines sur le sol saoudien, Ben Laden décide de mener une Guerre sainte contre les États-Unis. Réplique de Washington et de ses aliés: ses fonds sont désormais traqués. Ses parts dans la société familiale Ben Laden sont confisquées. Le terroriste se réfugie au Soudan de 1994 à 1996. Il y achète des terres, investit dans des petites affaires. À l'image du réseau financier international créé dans les années 1980, ces sociétés ont souvent deux facettes. Une ferme de cacahuètes abrite un site d'entraînement terroriste.Gérées ainsi, les affaires ne tournent pas au mieux. Ben Laden est obligé de baisser les salaires et de vendre certaines filiales. Peu importe: «le terrorisme est un business low cost», écrit le Wall Street Journal en septembre 2001. Si l'attaque du 11 septembre a coûté 400.000 à 500.000 dollars, l'attentat de 1993 contre le World Trade Center n'aurait nécessité que 10.000 dollars.
Exil afghan
Chassé du Soudan en 1996 sous la pression des Américains, Ben Laden retourne en Afghanistan. Le gouvernement soudanais exproprie le terroriste lors de sa fuite, selon le rapport de la Commission d'enquête américaine sur le 11 septembre. Ce second exil semble coïncider avec des difficultés financières accrues sur le terrain. La succursale d'al-Qaida à Londres aurait ainsi rencontré des problèmes pour payer ses factures téléphoniques. Durant des dizaines d'années, «Ben Laden s'est lancé dans des activités qui dévorent l'argent, mais qui n'en créent pas», résume l'opposant saoudien Muhammad al-Massari, cité par le Wall Street Journal.Reste que Ben Laden profite également de la charité de musulmans de part le monde, sans que ces derniers sachent pour autant que leurs dons serviraient à financer le terrorisme. D'après un rapport diplomatique datant de 2009 révélé par Wikileaks, les Américains soupçonnent des fondations privées d'Arabie Saoudite, du Koweït et du Qatar de financer sans limite le terrorisme. La villa dans laquelle Ben Laden a passé ses derniers jours, près d'Islamabad, est estimée à près d'un million de dollars.
Author: Mathilde Golla, Guillaume Guichard
Source: Le Figaro.fr, du 02/05/2011 | Mise à jour : 17:43
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