Après un séjour de plus de 5 mois en France, le président de la Commission électorale indépendante (Cei) est rentré d`exil, hier matin, en compagnie du porte-parole de l`institution chargée des élections. A sa descente d`avion, SE Youssouf Bakayoko a bien voulu se confier à la presse. Propos recueillis…
M. le président, quel est le sentiment qui vous anime au moment où vous rentrez d`exil ?
Je suis, bien entendu, plein d`émotion en retrouvant Abidjan et tous les visages connus. 5 mois après que j`ai quitté Abidjan dans les conditions que vous connaissez et 5 mois après que j`ai indiqué le résultat des élections au cours desquelles les Ivoiriens ont clairement indiqué leur choix, celui du président de la République, M. Alassane Ouattara, je dois dire que de peine et de souffrance pour les Ivoiriens. Celui qui se serait retiré à 5 mois, pourquoi attendre autant de temps pour arriver au même résultat. Résultat marqué par la proclamation des résultats définitifs antérieurement donnés par la Commission électorale. Résultat marqué par la prestation de serment qui en découle. On doit dire qu`il fallait peut-être pour atteindre ce but que tant de souffrance et de peine jalonnent l`histoire de notre pays. Mais je pense que l`espérance qui nous était promise pouvait arriver sans cette souffrance infinie. Nos premières pensées vont vers ceux qui nous ont quittés. C`est grâce à eux que finalement la Côte d`Ivoire retrouve le droit chemin. Mes pensées vont également vers ceux qui ont souffert de façon diverse de cette crise. Notamment ceux qui ont été les fers de lance de cette transition qui n`a que trop duré. Aujourd`hui, il nous faut regarder l`avenir avec optimisme et accompagner le président choisi par les Ivoiriens dans l`accomplissement de la lourde tâche qui lui est confiée pour que le pays retrouve ses marques et avance vers un développement économique malheureusement interrompu. La Commission nationale indépendante, après avoir proclamé le résultat 2 décembre dernier 2010, résultat confirmé 5 mois après, ne peut que constater que chacun a reconnu que c`est avec professionnalisme que la Cei s`est acquittée de sa tâche. Et que c`est avec respect du serment presté par ses membres et la claire conscience de rendre compte fidèlement du vote émis par les Ivoiriens.
Vous parlez des souffrances endurées par les Ivoiriens. Est-ce que vous vous sentez soulagé que le Conseil constitutionnel ait finalement confirmé le résultat de la Cei ?
L`on ne peut qu`apprécier que le Conseil constitutionnel ait accompli ses tâches. Ce qui est conforme au choix des Ivoiriens. Et que finalement, le Conseil constitutionnel ait également compris qu`il ne peut pas se substituer au peuple. Car s`il est gardien de la constitution, il sait bien que la constitution ne donne pouvoir qu`au peuple de choisir le président de la République. Il faut considérer tout ce que le Conseil constitutionnel vient de faire comme la reconnaissance du vote émis par les Ivoiriens et la reconnaissance du travail réalisé par la Commission électorale indépendante.
Le siège de la Cei a été incendié dont votre bureau. Quel est le sentiment qui vous anime face à cet acte de vandalisme ?
Nous avons connu une transition pénible qui n`aurait pas dû exister si chacun avait été habité par une certaine dose de sagesse et de respect du peuple. Les actes de vandalisme perpétrés contre la Cei qui vous rappelez me désolent profondément. Parce que la Cei n`est qu`un organe chargé de rendre compte du choix des Ivoiriens. Ce n`est pas la Cei, en tant que telle, qui décide mais c`est le peuple qui décide (comme je l`ai indiqué plus haut) aux termes de notre constitution. Je regrette donc qu`il y ait beaucoup de mélange de genres et que l`on considère qu`accomplir des actes de vandalisme à la Cei va réduire les capacités de la Cei à rendre compte de ce qui s`est passé. Il est exclu que la Cei baisse les bras. Nous allons continuer dans le sens que nous avons exécuté nos tâches jusqu`à présent pour qu`à chaque fois qu`un vote sera fait nous soyons en mesure de rendre compte fidèlement du choix opéré par les Ivoiriens. Il y a eu des dégâts matériels à la Cei. Nous allons les évaluer. Nous avons déjà fait une évaluation qui est préliminaire. Nous allons voir ce qu`il faut rapidement mettre en place. Parce que les échéances attendent. Il faut aller très vite.
Avez-vous une date approximative de ces échéances ?
Je n`ai pas de date approximative compte tenu de tous les dégâts que nous avons constatés. Il est certain, et le président de la République l`a rappelé récemment, que nous devons suivre la ligne établie. Car le processus électoral n`est pas achevé. Nous devons donc continuer le travail. La Commission électorale, pour sa part, est prête à agir avec professionnalisme dans le sens de ce qui doit être sa mission et faire en sorte que les Ivoiriens aient confiance à un organe aussi central qu`est la Cei.
Vous voudrez bien reprendre très rapidement le travail mais est-ce que vous êtes en contact avec l`ensemble de vos collaborateurs. Notamment les commissaires et les membres de votre cabinet ?
Nous allons reprendre très rapidement le travail. Nous sommes en contact avec les uns et les autres. Evidemment, nous allons reprendre le travail dans un contexte nouveau. Il faut en être tout fait conscient. La situation que nous avons vécue va peut-être laisser quelques tâches ou quelques traces. Nous allons en tenir compte. Mais il est évident que nous sommes en contact avec les uns et les autres et que bientôt nous allons reprendre pleinement nos activités. Mais il y a un préalable. Nous ne pouvons pas aller au bureau sans matériels. C`est-à-dire sans être en mesure de faire le travail pour lequel on y est allé. Nous sommes conscient de l`importance des échéances à venir et nous sommes conscient de ce que nous devons très rapidement autant que possible faire ce que nous avons à faire.
Vous avez salué la mémoire de tous ceux qui sont tombés pendant cette crise à la suite de laquelle une commission "dialogue, vérité et réconciliation" va être mise sur pied. Quelle est votre analyse vis-à-vis des auteurs de ces actes ?
Je ne peux pas me substituer à la justice. Sur ce plan, le président de la République a pris certaines dispositions que le gouvernement s`attelle à appliquer. Chacun mesure la gravité des actes qui ont été posés. Mais il appartient à la justice de démêler tout cela. La commission qui a été créée vise aussi la réconciliation. C`est à mon avis un pas important pour l`avenir du pays. Il ne faut pas considérer que la réconciliation ne doit pas être aussi un élément essentiel du travail que va accomplir cette commission qui est très importante à nos yeux. Nous devons faire confiance au président de cette commission qui est l`ancien premier ministre Charles Konan Banny ainsi qu`à ses collaborateurs qui seront choisis pour accomplir cette mission. Nous devons espérer que ceux qui ont souffert seront totalement satisfaits du travail qui va s`accomplir. Il est important aussi que ceux qui ont été victimes de cette transition extrêmement pénible et inédite doivent comprendre que la commission ne va pas travailler contre eux.
L`un des candidats à l`élection présidentielle, l`ex-président Laurent Gbagbo est aujourd`hui en résidence surveillée à Korhogo. Avez-vous un commentaire à ce sujet ?
Je n`ai pas de commentaire spécifique à faire. Je considère que les conditions de son départ expliquent la situation dans laquelle il se trouve aujourd`hui. Je sais aussi que déjà le tribunal a ouvert une enquête. Nous ne pouvons qu`attendre les résultats de cette enquête avant de nous prononcer. Ce serait prématuré de ma part de dire aujourd`hui quelles vont être les conclusions de cette enquête. Attendons. J`espère simplement que tout ceci va participer à la clarification qui est nécessaire au renforcement des liens entre les Ivoiriens. Mais aussi au fait que la justice va s`exprimer pleinement. Ceux qui ont été victimes de toute cette situation ne comprendraient pas.
Avez-vous un message à l`endroit des Ivoiriens qui douteraient encore de l`indépendance et la clarté des travaux que vous faites à la Cei ?
A l`occasion de la prestation de serment, le président de la République a rappelé qu`il veut des institutions fortes et indépendantes. Et la Cei a prouvé son indépendance, le 2 décembre 2010 en proclamant les résultats qui sont sortis des urnes. Les Ivoiriens doivent comprendre sur la base de cela que la Cei est une Commission électorale indépendante. Toute l`histoire qui a conduit à la création de cette commission exprime la volonté de ceux qui l`ont créée de parvenir à une indépendance vis-à-vis de l`administration et vis-à-vis des partis politiques. C`est ce que nous avons fait et c`est ce que nous allons faire. Je dois donc dire aux Ivoiriens qu`ils peuvent faire confiance à la Commission électorale indépendante. Elle comprend ce message des Ivoiriens qui veulent une vie démocratique, une vie où ils peuvent choisir leurs représentants. Ils peuvent nous faire confiance. Nous serons toujours fidèles au choix qu`ils auront fait dans cette direction.
Author: Interview réalisée par Akwaba Saint Clair
Source: Le Nouveau Réveil, du 09/05/2011
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