Sunday, May 8, 2011

RDC: Mashako Mamba échappe à la mort à Rutshuru : Les FDLR frappent au cœur du gouvernement

Les éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) conservent toujours leur capacité de nuisance, malgré toutes les opérations menées conjointement avec le Rwanda pour les neutraliser. Depuis un temps, il ne se passe pas un jour sans que les FDLR ne se signalent dans une attaque armée. Hier, c’était les territoires de Masisi et de Kiwanja au Nord-Kivu qui en ont été victime. Aujourd’hui, c’est au cœur du système, c’est-à-dire le gouvernement, que les FDLR ont orienté leur dernière attaque sur la route de Rutshuru.

Le gouvernement a feint d’ignorer le problème en gardant le silence sur toutes les attaques armées attribuées aux éléments des FDLR. Il vient d’avoir la preuve que les FDLR demeurent une menace permanente pour la partie Est de la RDC.

Finalement, c’est au cœur du système que les FDLR ont orienté leur nouvelle attaque menée sur la route de Rutshuru. Un membre du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Léonard Mashako Mamba, s’en est échappé. Mais, son garde du corps et le chauffeur ont péri lors de cette attaque.

Où sont donc passées toutes les opérations aux multiples vocables menées tambour battant dans la partie orientale de la RDC pour venir à bout de ce qui paraît désormais comme une pieuvre ?

Umoja wetu, Amani Leo, Kimia, etc. se sont finalement avérées inaptes comme opérations de traque et de neutralisation des FDLR. Plus que jamais, la pacification de la RDC reste un leurre. Bien plus, c’est une énigme pour laquelle le gouvernement se trouve désarmé et apparemment dans l’incapacité d’y apporter une solution durable.

L’équation FDLR est donc entière. Depuis toujours, le gouvernement fait semblant de la minimiser. Cette fois-ci, il vient d’avoir la preuve contraire de ses turpitudes.

Pacification du Grand Kivu, voilà une chimère pour la République démocratique du Congo. En effet, Léonard Mashako Mamba, ministre du gouvernement central, a été désillusionné le week-end dernier. Les forces négatives ont attaqué son cortège, et ses deux compagnons de voyage ont été fauchés par les balles meurtrières.

Pourtant, avec le procès de leurs deux chefs qui se déroule présentement en Allemagne, on aurait pensé à une lueur d’espoir pour cette région devenue inhospitalière de par la volonté, non seulement des forces étrangères, mais aussi des groupuscules autochtones assoiffés de sang.

LE GOUVERNEMENT DEPITE

Au niveau du gouvernement, c’est le tout bouillant ministre de la Communication et des Médias qui a annoncé la nouvelle de l’attaque qui a failli coûter la vie au ministre de l’ESU. Le porte-parole du gouvernement a précisé, citant le gouverneur du Nord-Kivu, que son collègue Mashako était en route pour Rutshuru, en provenance de Goma.

Selon lui, l’attaque a eu lieu vers 16h00’ (heure locale) à la suite d’une embuscade tendue par des FDLR, ajoutant que le ministre Mashako Mamba « a été dépouillé de tout » D’après la même source, ce dernier est tout de même arrivé à Rutshuru, sa destination, où il devait se faire enrôler.

Dépouillé, mais il a eu la vie sauve. C’est tout un symbole. La dernière attaque des FDLR traduit un message qui n’a pour seul destinataire que le gouvernement, lui qui, depuis toujours, fait fi de la fragilité de la partie orientale de la RDC.

C’est la preuve que, malgré tout ce qui y a été fait et mené comme opérations militaires jusqu’à solliciter le concours de l’armée rwandaise, cela n’a été que de la poudre aux yeux. Apparemment, on s’est attaqué au problème, sans toutefois démanteler les racines du mal.

Dans tous les cas, depuis un temps, les FDLR ont repris de la vigueur à l’Est. Pas plus tard qu’hier, c’est dans le territoire de Masisi et de Kiwanja que les éléments des FDLR se sont signalés, avec mort d’hommes en fin d’opérations. Ni les Forces armées de la RDC ni les troupes de la Monusco n’ont pu contrecarrer ces opérations. Tous ont été pris de court.

L’ENIGME

Face aux groupes armés qui « gagnent en intensité » à Rutshuru, Walikale et Lubero (Nord-Kivu), les FARDC et la Monusco poursuivent – en vain - la planification conjointe de leurs opérations pour assurer une protection rapprochée des populations.

A l’analyse des faits, les FDLR sont devenues un fonds de commerce pour toutes les parties aux conflits. Une pieuvre qu’on ne sait plus neutraliser.

Pourchassé par les Forces armées de la RDC et du Rwanda, et isolé politiquement par la communauté internationale, le groupe rebelle hutu rwandais des FDLR a repris du poil de la bête, en intensifiant une campagne de représailles massives contre la population des provinces du Kivu.

La situation actuelle des FDLR offre un contraste saisissant avec celle qui prévalait en 2002, lorsque le groupe rebelle bénéficiait encore du soutien officiel du gouvernement congolais, notent certains analystes, spécialistes de la région des Grands Lacs. A cette époque, poursuivent-ils, les 15.000 à 20.000 combattants des FDLR constituaient une force d’appoint essentielle pour Kinshasa, dans son bras de fer permanent avec Kigali. Or, avec le rapprochement entre les deux capitales, les choses devaient évoluer favorablement dans le sens de la neutralisation des FDRL.

Malheureusement, sur le terrain, la réalité est toute autre. Plus on les pourchasse, plus les FDLR reprennent de l’intensité dans leur action.

International Crisis Group (ICG) a donc eu raison, lorsqu’il recommandait dans l’un de ses rapports un changement d’approche dans le traitement du problème de la présence des FDLR à l’Est de la RDC. Dans ses conclusions, ICG formulait le vœu de voir la communauté internationale s’impliquer activement pour une solution durable de l’énigme FDLR.

L’ONG britannique s’est dit convaincue que des accords cachés comme ceux conclus entre Kinshasa et Kigali ne pouvaient pas résoudre le problème. L’issue de secours passait, pense-t-elle, par une solution régionale, impliquant tous les pays de la sous-région des Grands Lacs, avec un accompagnement effectif de la communauté internationale.

Pour imposer leur contrôle aux populations locales, les FDLR multiplient régulièrement les atrocités, dont les massacres et les viols collectifs. Lors de l’opération Umoja wetu menée par la coalition Rwanda-RDC de janvier à février 2009, les villageois du Nord-Kivu ont spontanément collaboré avec l’armée rwandaise. Surpris et furieux de ce qu’ils ont considéré être une trahison, les responsables du mouvement ont alors ordonné une campagne de représailles contre les civils congolais.

Le gouvernement et toutes les parties impliquées dans la pacification de l’Est, dont la Monusco, ont donc le devoir d’intervenir au risque d’être accusés de non assistance à un peuple en danger.


Source: Le Potentiel, du 09/05/2011

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