Au vu des recommandations fleuve formulées par la réunion du 24 mai au Grand hôtel Kinshasa, il ressort que le Plan de stabilisation et reconstruction des zones sortant des conflits armés (Starec) a du plomb dans l’aile. Tant au niveau du plan d’action que des priorités futures arrêtées par la superstructure dénommée ‘’Stratégie internationale de soutien à la sécurité et la stabilisation’’ (ISSSS) dont le rayon d’action est réduit aux seules provinces de l’Est de la RDC. Les résultats mitigés récoltés à mi-chemin par cette énième initiative de la communauté internationale sont assimilés à une désillusion concernant le retour durable de la paix en RDC.
Depuis l’installation des institutions issues des élections, des initiatives se succèdent dans le but avoué de stabiliser et sécuriser l’Est du pays en proie depuis plusieurs décennies à des conflits armés dont les soubassements ne sont pas que politiques ou identitaires. L’on a enregistré la grande Conférence de Goma, le programme Amani leo de même que des offensives militaires conjointes avec les armées rwandaises et ougandaises (kimia1, kimia 2, Rudiya1, Rudiya 2, Umoja wetu, etc.).
Toutefois, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. C’est le cas de la dernière initiative en date, à savoir le Plan de stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés (STAREC). C’est, en fait, une énième trouvaille de la communauté internationale qui la présente comme une application au niveau de la RDC de la stratégie internationale de soutien à la sécurité et la stabilisation (ISSSS).
Le dernier compte rendu fait hier 24 mai dernier à Kinshasa par le coordonnateur de la Starec, M. L’Abbé Malu Malu, au cours d’un point de presse qu’il a animé au Grand Hôtel Kinshasa conjointement avec le président du comité de suivi, le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, Adolphe Lumanu, n’indique pas de progrès notables par rapport à avril 2011. Celui-ci a reconnu que de nombreux défis demeurent concernant les cinq composantes de cette structure.
En fait, il est constaté la persistance de l’insécurité, la non restauration de l’autorité de l’Etat, la difficile relance socio-économique et la problématique de la lutte contre les violences sexuelles.
Parlant des résultats positifs, M. l’Abbé Malu Malu a indiqué que depuis la mise sur pied de Starec en 2009, beaucoup de choses ont été réalisées, notamment en ce qui concerne les six axes routiers stratégiques dans les zones de non droits dans l’Est du pays. Lesdits axes ont été rouverts à la circulation des personnes et de leurs biens. D’autres axes routiers stratégiques, seront rouverts notamment dans les provinces du Maniema et de l’Equateur.
« Cela permet l’accès à la force de la Monusco et aux forces de sécurité du gouvernement le long des axes stratégiques. Les routes sont également rouvertes pour tous les travaux d’autorité de l’Etat planifiés, à l’exception de Minembwe dans le Sud-Kivu et deux centres de négoce dans le territoire du Nord-Kivu. Le principal problème qui émerge pour les routes est lié aux ‘software’ : système de péages et de maintenance pour garantir la durabilité des travaux de réhabilitation. Un effort pilote pour cartographier les capacités du gouvernement dans ce domaine est en bonne voie dans le Sud-Kivu », peut-on lire dans le rapport trimestriel (janvier à mars 2011) de la Stratégie internationale de soutien à la sécurité et la stabilité (ISSSS) pour la République démocratique du Congo.
Le coordonnateur de Starec a également fait état des actions concertées pour la construction de cinquante-quatre commissariats de police, de quatre tribunaux de paix. Il s’agit aussi de la question de réfugiés et déplacés internes qui a enregistré une avancée significative grâce aux accords tripartites signés entre la RDC, le Rwanda et le Burundi. Pour les premiers, beaucoup d’entre eux ont regagné leurs pays respectifs et pour les seconds, la plupart sont retournés dans leurs milieux d’origine.
Concernant la lutte contre les violences sexuelles, il a laissé entendre qu’elle a été lancée dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et en Ituri dans la Province Orientale où il y a eu concentration des projets à réaliser. Cela devrait s’étendre dans d’autres provinces.
Selon le ministre de l’Intérieur, l’insécurité récurrente dans l’Est du pays ne relève plus de l’implication militaire, mais de la sécurité et de l’ordre publics. Il a fait savoir que ce sont des groupes armés résiduels et des coupeurs de routes qui sèment l’insécurité dans l’Est du pays. Il a soutenu qu’« il n’y a plus de menaces venant de l’extérieur du pays et ni de problème de sécurité qui inquiéterait la mise en place de la Starec. ». Son avis est que « Tout va bien dans l’Est du pays », du fait que les bandits sont traqués tous les jours.
S’agissant de la relance socio-économique, l’abbé Malumalu a laissé entendre qu’elle n’est possible qu’avec la stabilisation. On pourra alors parler, par exemple, de la relance des activités agricoles mais à valeur ajoutée pour qu’on ne connaisse plus l’agriculture de substance, a-t-il ajouté.
A noter que cette réunion, qui s’inscrivait dans le cadre de la poursuite de celle tenue en février 2011 à Goma, dans la province du Nord-Kivu, s’est tenue en présence du représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies, Fidèle Sarassoro, des autorités nationales et provinciales, des partenaires internationaux, des chefs de bureaux des agences onusiennes, ainsi que des chefs de sections de la Monusco. En février 2011, le rapport indique qu’il restait d’importants défis à relever en matière de sécurité ; les progrès par rapport aux résultats escomptés dans le cadre de la composante sécurité étaient limités et que la situation à l’Est restait difficile. Ce qui a retardé ou catégoriquement empêché le déploiement de la police dans certains cas.
La réunion de suivi des partenaires de Starec/ISSSS du mardi 24 mai 2011 a formulé un e série de recommandations. Au niveau du plan d’action, il faudra procéder à une revue du programme Starec/ISSSS en 2011; coordonner au niveau du ministère du Plan, la budgétisation des interventions du gouvernement dans le programme Starec/ISSSS; accélérer le déploiement des agents de l’Etat par une prise en charge effective de six mois et un chronogramme de déploiement en 2011; renforcer la coordination entre les gouvernements provinciaux et les ministères nationaux dans le cadre du Starec/ISSSS.
Au niveau des priorités futures, il s’agit de consolider les six axes stratégiques Starec/ISSSS; poursuivre le désenclavement par l’extension des axes stratégiques de stabilisation; cartographier l’ensemble des priorités et attentes des provinces vis-à-vis du programme Starec/ISSSS; établir une séquence des priorités en adéquation avec les ressources disponibles; continuer les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration sociale des ex-combattants, ces derniers demeurant un facteur potentiel d’insécurité; appuyer la formation et le déploiement des agents de l’Etat et de l’ordre; faciliter le dialogue entre les communautés de base, l’administration locale, et provinciale; continuer à faciliter les conditions de retour volontaire des populations; appuyer la relance économique et agricole (avec un accent sur la formation professionnelle, les initiatives visant l’emploi des jeunes et les technologies nouvelles); renforcer les mécanismes de coordination et de mobilisation des ressources nationales et internationales; améliorer la communication sur tous les aspects du programme STAREC / ISSSS afin de gérer les attentes et d’informer sur les résultats obtenus ; encourager la concertation, au niveau de différentes composantes, entre la partie nationale et internationale et définir les standards des ouvrages à réaliser dans le cadre du programme Starec/ISSSS.
Source: Le Potentiel, du 25/05/2011
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