Wednesday, September 14, 2011

RWANDA: DIPLOMATIE : Quand Kagamé en impose...

A propos des rapports difficiles entre la France et le Rwanda, on pourrait dire que la grandeur d’un pays ne se mesure point à son étendue. En effet, le Rwanda ne couvre qu’une superficie de 26 388 km2. Autrement dit, la France est un peu plus de 25 fois plus grande que le Rwanda. Pourtant, au moment même où les révélations se succèdent pour montrer la face cachée des rapports entre l’ancienne métropole et certains de ses anciennes colonies, c’est bien à ce petit pays des Grands Lacs que la France semble vouloir faire la cour à tout prix. Dans un inavouable acte de contrition, dans une espèce d'excuses voilées par l'orgueil et le regret. A ce type de rapports inédits où les rôles sont comme plutôt inversés, il y a une et une seule explication : le travail et la volonté de dépassement du peuple rwandais.

Il faut tout de suite dire qu’il n’est nullement question de passer sous silence les problèmes relatifs aux multiples violations des droits de l’homme qui sont régulièrement dénoncées par les ONGs. Mais quand on analyse les raisons des divergences entre les autorités françaises au sujet du séjour que vient d’y effectuer Paul Kagamé, on peut aisément conclure que, si cela avait été un des nombreux pays africains qui ne vivent que de la charité et de la compassion de la communauté internationale, le problème ne se poserait pas. Nicolas Sarkozy aurait alors vite fait de se ranger aux côtés de son chef de la diplomatie. Mais agir ainsi à l’endroit du Rwanda semble être une erreur que le chef de l’Etat français ne juge pas prudent de commettre.

Parce qu’il s’agit du Rwanda, il peut bien se permettre une démarche isolée. Car le jeu en vaut bien la chandelle. Cette attitude de Nicolas Sarkozy est tout à l’honneur du peuple rwandais. Personne n’aurait imaginé en 1994, alors qu’Hutus et Tutsis s’y massacraient à coup de machettes et de coupe-coupe, que moins de vingt ans après, le président de ce petit pays logé entre des montagnes volcaniques, en imposerait aux autorités de la grande France.

C’est pourtant ce qui est arrivé. Certainement parce que le pays a tout d’abord réussi grandement à transcender les divergences communautaires, pour en venir à une véritable nation. En tout cas, non seulement le charisme des responsables rwandais a
contraint la France, à mettre en sourdine les accusations qui avaient été portées à l’encontre de neufs personnalités rwandaises au sujet de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, mais également ce même charisme, cette rigueur volontaire, voudrait aujourd’hui amener la France à reconnaître "le sale rôle" qu’elle a joué
dans le génocide. Un objectif qui n’est pas loin d’être atteint.

Le mot « excuses » n’est certes pas lâché. Mais toute la démarche qui se met en place depuis l’élection de Nicolas Sarkozy le sous-entend. Il faut avouer que c’est là une impressionnante prouesse de dignité de la part des autorités rwandaises. S’appuyant sur un développement économique réfléchi du pays qui ne souffre d’aucune contestation, et animé d’un sens élevé de la souveraineté, les autorités rwandaises ne consentent jamais à se laisser marcher sur les pieds. Ou sur la langue.

C’est ainsi que depuis trois ans, en toute responsabilité, elles ont décidé de tourner le dos à la langue de Molière au profit de celle Shakespeare. Un culot dont peu de responsables africains seraient capables. Mais le Rwanda est fort de ses indicateurs économiques qui sont tous au vert. Ce qui fait de ce pays, une demoiselle qui ne manque pas de convoitises. Une situation que le pays exploite avec une intelligence certaine.

Author:Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info


Source: Guineeconakry.info, du 14/09/2011

No comments:

Post a Comment