C’est hier jeudi vers 23 heures 20 minutes (heure de Kinshasa) que le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange est monté à la tribune des Nations Unies pour prononcer son discours. D’entrée de jeu, il a expliqué le contexte de l’organisation de la 66ème Assemblée générale des Nations Unies.
Un contexte lié à l’organisation des élections libres, démocratiques, indépendantes et apaisées dans son pays. Et ce, après celles de 2006 qui ont récolté un franc succès. Pour le Chef de l’Etat, ces deuxièmes élections viennent confirmer la rupture avec la spirale de la violence et de l’insécurité qui l’ont caractérisé. Il a dit que son pays est engagé résolument dans la culture démocratique pérenne.
Toujours sur le volet électoral, Joseph Kabila Kabange a indiqué que la CENI, le peuple congolais et son gouvernement, mettent tout en œuvre afin que les élections se déroulent dans un climat apaisé. Ceci pour lui, est une preuve d’un retour à la paix effective. « La paix et la sécurité règnent et les institutions sont en place et fonctionnent normalement », a-t-il indiqué. Pour preuve, après le processus de révision du fichier électoral, la CENI a déjà publié la liste provisoire de 11 candidats présidentiables. Et pas plus tard qu’il y a deux jours, elle a rendu publique la liste provisoire de 13.401 candidats à la députation nationale pour les 8 provinces.
Repenser le mandat de la Monusco
Connue en Rd Congo comme étant une mission de maintien de la paix, la Monusco a été obligée, malgré elle, de subir plusieurs mutations pour finalement garder l’actuelle configuration d’une mission d’accompagnement du développement économique de la Rd Congo. C’est dans cette perspective que le Chef de l’Etat a pensé que la présence onusienne dans le pays devait être repensée. Surtout au vu des avancées constatées sur terrain dans les efforts en vue de la pacification de la Rd Congo. C’est ici qu’il a reconnu que des progrès ont été enregistrés dans le domaine de la pacification du pays, mais aussi dans l’amélioration des relations avec les pays voisins à travers la mise en place d’une diplomatie de développement.
Heureusement que le Chef de l’Etat n’a pas demandé le départ de la Monusco, ce qui aurait très mal sonné à l’endroit d’une certaine opinion qui ne jure que sur le maintien de cette mission des Nations Unies au Congo. Cette proposition aurait aussi semblé comme étant la méconnaissance des vrais problèmes de terrain. Car à ce jour, en dépit de la formation que les policiers congolais ont reçue pour la sécurisation du processus électoral de 2011, la présence de la Monusco demeure encore capitale dans le contexte actuel de la Rd Congo. Même si c’est le Gouvernement congolais qui avait sollicité la présence de la Monusco, celle-ci ne partira que lorsqu’elle se sera rendue compte que les forces armées et la police ont des compétences nécessaires pour non seulement assurer la sécurité des biens et des personnes, mais aussi protéger le territoire congolais contre le comportement belliqueux de certains de ses voisins.
Les trois défis de Kabila
Après avoir peint le contexte dans lequel se trouve son pays, Joseph Kabila Kabange a indiqué que son pays est déterminé à relever plusieurs défis. Il s’agit d’abord de la sécurisation des personnes et de leurs biens, sans oublier celle du territoire national ; de la réforme de la police et de l’armée pour garantir les droits de l’homme, ainsi que la sécurité et la stabilité de toute la région. Un autre défit non des moindres, c’est le retour des déplacés et des réfugiés dans leurs pays d’origine, sans oublier la poursuite de la démobilisation et de la réinsertion des enfants soldats. Surtout que le climat dans la région ne justifie plus cette façon de voir les choses. Et tout ceci, sans oublier le contrôle de l’exploitation des ressources, la consolidation des rapports avec les pays qui nous entourent, etc.
Le n°1 des Congolais a indiqué que tous les pays de la région ont compris que la guerre est le pire ennemi de l’homme et de son développement. Elle exacerbe les problèmes qu’elle ne les résout. A la face du monde, Joseph Kabila Kabange a reconnu que la Rd Congo est aujourd’hui en paix avec tous ses 9 pays voisins, surtout que le temps est aujourd’hui à la reconstruction de leurs pays respectifs qui demeurent encore marqués par plusieurs années de guerre qui ont laissé des impacts réels.
Un autre défi important est celui du maintien de la croissance économique. Le Chef de l’Etat a dit que l’actuel taux de croissance positif de la Rd Congo est supérieur à la moyenne africaine. Cependant, reconnaît-il, cette croissance reste dépendante de l’économie mondiale. Selon le rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2011 de la Banque centrale du Congo (BCC), sur base des données provisoires des réalisations de production à la fin juin 2011, la croissance est estimée à 6,9% (estimations révisées de 6,8% à 6,9% en août dernier) contre 7,2% une année plus tôt.
Améliorer l’efficacité
Après avoir informé l’Assemblée générale de la situation dans son pays, Joseph Kabila a indiqué qu’en 66 ans, l’Assemblée général a relevé plusieurs défis. Le monde ayant beaucoup évolué, la vitesse d’évolution s’est accentuée. Et une institution comme l’Organisation des Nations Unies ne pouvait pas rester statique. D’où, la nécessité de son adaptation aux réalités actuelles pour améliorer son efficacité et renforcer la confiance entre les membres. Aussi a-t-il proposé la revitalisation de l’Assemblée générale, la réforme du Conseil de sécurité et le renforcement du Conseil économique et social pour plus d’efficacité.
Il n’a pas non plus évité d’épingler la question relative aux changements climatiques qui exigent la solidarité de tous les peuples. Il en est de même des objectifs primordiaux du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires et de destruction massive. C’est donc un Joseph Kabila qui a tapé du poing sur la table, afin d’appeler ses pairs à la responsabilité. Ceci, pour que les décisions adoptées soient appliquées dans l’intérêt de tout le monde. Et cette duplicité de certains membres de la communauté internationale n’est pas de nature à rassurer les uns et les autres. C’est cette suspicion qui pousse certains à chercher des solutions extrêmes de protection, en violant malheureusement les résolutions pertinentes que les Etats ont volontairement acceptées.
Une solution équitable au conflit israélo-palestinien
Au sujet du conflit Israélo-palestinien, Joseph Kabila pense qu’il doit constituer une préoccupation majeure pour tout le monde. A cet effet, l’ONU doit trouver une solution équitable en tenant compte des intérêts des deux peuples. Pour lui, le Moyen-Orient ne trouvera de paix sans une solution entre les deux peuples frères. Sur cette question, surtout pour la Palestine qui cherche son adhésion à l’ONU, Barack Obama et Nicolas Sarkozy lui ont proposé un statut d’observateur. Une proposition qui n’est pas du goût du n°1 palestinien qui est déterminé à poser quand même la question, même si ses chances de réussite sont très minces. Tout en saluant l’entrée d’un nouvel Etat, le Soudan du Sud, Joseph Kabila a plaidé pour plus de collaboration entre l’UA et l’ONU pour trouver de solutions à des conflits qui déchirent encore le continent africain. Il pense aussi que l’UA mérite un renforcement des capacités, pour lui permettre d’être à la hauteur des enjeux de l’heure.
Il faut tout de même reconnaître que le discours du Chef de l’Etat est intervenu à une heure où il ne pouvait pas être ni suivi, ni par les Congolais, parce qu’intervenant à 23 heures 20, ni par les différents membres qui avaient déjà vidé la salle. Il appartient donc aux services congolais près de l’ONU de bien organiser les choses dans le futur. Pour rappel, la 66ème session de l’Assemblée générale s’est donnée quatre priorités : Résolution pacifique des conflits ; Réforme et Revitalisation de l’ONU ; Amélioration ; Prévention et Réponse aux catastrophes ; Développement durable et Prospérité Mondiale. L’ordre du jour de cette session prévoit aussi l’examen d’autres dossiers chauds comme la désertification, la dégradation du sol et la sécheresse dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté.
Author: Jean-Marie Nkambua
Source: L'Avenir Quotidien, du 23/09/2011
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