Le dirigeant de l'opposition nationaliste Michael Sata a prêté serment vendredi à Lusaka quelques heures après avoir été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle de mardi en Zambie, battant le chef de l'Etat sortant, Rupiah Banda.
Agé de 74 ans, Michael Sata, surnommé "le Cobra royal" en raison de son franc-parler, a atténué sa rhétorique intransigeante à l'égard des compagnies minières étrangères, notamment chinoises, dans les derniers temps de la campagne électorale.
Sa victoire risque toutefois d'assombrir les perspectives d'investissement en Zambie, premier producteur de cuivre d'Afrique.
Sata a recueilli 1.150.045 suffrages contre 961.796 pour Rupiah Banda, alors que les bulletins de 95,3% des circonscriptions ont été dépouillés.
Rupiah Banda, qui a lui aussi 74 ans et dirige le Mouvement pour la démocratie pluraliste (MMD), au pouvoir depuis la fin du système de parti unique, en 1991, a reconnu sa défaite et exhorté ses partisans à accepter calmement le résultat.
"Le peuple de Zambie a parlé et nous devons tous l'entendre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
"Ma génération, la génération de la lutte pour l'indépendance, doit laisser la place à de nouvelles idées, aux idées du XXIe siècle", a-t-il ajouté en essuyant une larme sur son visage.
A l'annonce de la victoire de Sata, ses partisans sont descendus dans les rues de la capitale Lusaka pour fêter bruyamment l'événement en chantant et en dansant.
Une vingtaine de jeunes gens ont marché sur la Cour suprême en portant un simulacre de cercueil recouvert des couleurs du MMD et portant l'inscription suivante "Banda, repose en paix !".
Jeudi, des échauffourées avaient opposé des jeunes à des policiers antiémeutes dans les villes de Ndola et Kitwe, à 250 km au nord de Lusaka. Des véhicules mais aussi des marchés avaient été incendiés.
Des "hackers" ont également visé le site internet de la Commission électorale nationale, y postant de faux résultats montrant que Sata l'emportait par un véritable raz-de-marée, ce qui a ajouté à la confusion et à la tension perceptible dans ce pays d'Afrique australe au terme d'une course serrée entre les deux rivaux politiques.
Dans un communiqué, le président américain Barack Obama a salué des "élections historiques".
"La difficile tâche d'un démocratie ne prend pas fin avec le comptage des voix et l'annonce du vainqueur. Au contraire, elle constitue une chance de réconciliation et de progrès en matière de sécurité et de prospérité pour son peuple", a estimé le chef de la Maison blanche.
La Chine a également salué l'issue du scrutin et a annoncé la poursuite de la coopération avec les autorités zambiennes.
Les compagnies chinoises sont devenues des acteurs de taille dans l'économie zambienne, les investissements chinois à la fin 2010 atteignant deux milliards de dollars, selon des statistiques de l'ambassade de Chine.
Les détracteurs du nouveau chef de l'Etat lui reprochent une campagne électorale aux forts accents populistes et pensent qu'il lui faudra agir rapidement pour convaincre ses partisans qu'il peut améliorer le quotidien des millions de Zambiens vivant dans la pauvreté.
Chris Mfula; Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Loup Fiévet pour le service français
Par Reuters
Source: L'Express, du 24/09/2011
No comments:
Post a Comment