L'Assemblée générale des Nations unies a approuvé vendredi la demande de Tripoli d'accréditer les représentants du Conseil national de transition libyen. Peu après, le Conseil de sécurité unanime a allégé les sanctions frappant ce pays, y compris toutes celles visant la compagnie nationale pétrolière (LNOC) et la banque centrale, pour permettre aux institutions libyennes de renaître après une période difficile. Le premier vote de l'AG, acquis par 114 voix pour, 17 contre et 15 abstentions, équivaut à une reconnaissance diplomatique du CNT, au pouvoir depuis la chute, le 23 août, du régime de Muammar Kadhafi.
Selon des responsables de l'ONU, le chef de la mission diplomatique libyenne, l'ambassadeur Abdourrahman Chalgham, devrait conserver son poste. La défection en février de son adjoint, Ibrahim Dabbachi, dans le camp rebelle avait inspiré de nombreux diplomates libyens en poste à l'étranger qui avaient rompu avec le "Guide". Chalgham avait fini par lui emboîter le pas et s'était rallié au CNT à l'occasion d'un discours aux accents passionnés dans lequel le diplomate avait comparé le colonel Muammar Kadhafi à Hitler et à Pol Pot.
Plusieurs pays latino-américains ont vivement condamné la décision de l'AG de l'ONU de reconnaître le CNT. Devant cette instance, le représentant du Venezuela, Jorge Valero, a annoncé que Caracas rejetait "l'autorité provisoire illégitime qui s'est imposée dans les wagons de l'étranger" ainsi que toute tentative visant à faire de la Libye un "protectorat" de l'Otan ou du Conseil de sécurité de l'ONU. Les représentants cubain, bolivien et nicaraguayen se sont associés aux propos tenus par le représentant à l'ONU du président Hugo Chavez. L'Angola a demandé, au nom des pays d'Afrique australe, un report du vote sur l'accréditation des représentants du CNT, une requête qui a été repoussée à une large majorité.
"Naissance d'une Libye nouvelle"
Les États-Unis se sont quant à eux félicités de ce vote en félicitant la Libye et en formant le voeu que Tripoli devienne "un ami et un partenaire de l'Amérique". "Le peuple libyen a beaucoup de choses encore à accomplir mais il sait très bien pouvoir compter sur la communauté internationale, et notamment sur les États-Unis, pour aider à une transition vers la démocratie, la prospérité et l'État de droit", a commenté Susan Rice, représentante permanente des États-Unis à l'ONU, dans un communiqué. Outre l'allègement des sanctions, les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté une résolution portant création d'une mission des Nations unies en Libye, qui comportera 200 personnes au maximum pour une période initiale de trois mois afin d'aider à passer le cap de la transition.
Le Conseil affirme "sa détermination à faire en sorte que les avoirs gelés conformément (aux résolutions de l'ONU) soient mis le plus rapidement possible à la disposition et au bénéfice du peuple libyen". La résolution abroge toutes les sanctions visant la compagnie pétrolière nationale libyenne LNOC ainsi que la Zueitina Oil Company pour tenter de relancer une économie ravagée par la guerre civile. Ce texte lève aussi une partie des sanctions frappant la banque centrale et d'autres institutions libyennes. Il faudra néanmoins une autorisation spéciale du comité des sanctions sur la Libye du Conseil de sécurité pour débloquer leurs avoirs gelés.
L'embargo sur les armes reste en revanche en vigueur, même si le CNT et les Nations unies pourront importer des armements pour assurer la sécurité dans le pays. Le texte adopté n'appelle pas au déploiement d'une force de maintien de la paix ou de police dans le cadre de la nouvelle Mission de soutien des Nations unies en Libye. Il ne demande pas plus la suppression de la zone d'exclusion aérienne mise en place en mars par l'Otan à la demande de l'ONU pour protéger les populations civiles des attaques des forces de Muammar Kadhafi. Mais, disent des diplomates, les avions de ligne libyens vont être autorisés à voler à nouveau dans le ciel libyen à condition de soumettre à l'avance leur plan de vol. "Nous assistons tous à la naissance d'une nouvelle Libye", s'est réjouie devant le Conseil Susan Rice.
Source: Le Point, du 17/09/2011
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