Une nouvelle polémique fait rage en Afrique du Sud autour du président Jacob
Zuma. Ce dernier a été peint en grand format, tout habillé mais prêt à dégainer
un sexe qui évoque une arme, sur une
toile exposée par l’une des institutions culturelles les plus réputées du
pays, la galerie privée Linda Goodman, à Johannesburg.
Le tableau, inspiré du réalisme soviétique, fait penser à un Lénine exhibitionniste. Il est intitulé The Spear – «la lance». Un symbole de l’identité zouloue, l’ethnie du président, mais aussi l’un des éléments du logo du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Il est signé par Brett Murray, un artiste blanc de la ville du Cap connu pour son travail provocateur.
Le tableau fait partie d’une exposition intitulée Hail to the Thief II («Salut au Voleur II», titre emprunté à un album du groupe rock anglais Radiohead). Ouverte jusqu’à la mi-juin, cette exposition accumule des pièces critiques à l’égard du pouvoir. Un logo de l’ANC y figure, barré des signes «à vendre» et «vendu».
L’ANC voit dans le portrait de Jacob Zuma une diffamation et dénonce à demi-mots une attaque raciste. «Aucun être humain ne mérite d’être dénigré de cette manière choquante», a affirmé Mac Maharaj, le porte-parole du président. L’ANC a entamé le 18 mai une procédure judiciaire pour faire retirer le tableau de la galerie et empêcher la presse de le diffuser.
«Cela va à l’encontre de la moralité africaine, de la culture et de l’esprit de l’ubuntu (le savoir-vivre et l’esprit communautaire sud-africain, ndlr), mais aussi de la construction de la nation, a affirmé un porte-parole de l’ANC. La liberté d’expression doit s’exercer de manière responsable, sans violer les droits d’autres personnes.» De leur côté, les membres noirs de l’Association des communautés indépendantes (The Association of Self Sustainable Communities – ASC) estiment que l’oeuvre est une «attaque contre tous les hommes, les hommes noirs en particulier. Nous y voyons l’expression d’une haine profondément enracinée.» L’une des critiques les plus courantes à l’encontre des Noirs, dans les conversations entre Sud-Africains blancs, consiste à dire que les Africains ne «savent pas tenir leur pantalon»…
La galerie Linda Goodman a accepté de rencontrer le ministre de la Culture, mais pas de retirer l’oeuvre de ses murs. La presse résiste, elle aussi. L’hebdomadaire The City Press a refusé de retirer la reproduction du tableau de son site Internet. Sa rédatrice en chef, la journaliste de renom Ferial Hafajee, invoque une «censure». La liberté d’expression garantie par la Constitution ne va pas être «mise à l’épreuve avec des natures mortes et des vases de fleurs», a-t-elle insisté.
Le tribunal doit se prononcer le 22 mai. En mettant les pieds dans le plat, Brett Murray, 51 ans, directeur du département de sculpture de l’Université de Stellenbosch, s’offre un coup de publicité international. La toile a déjà été vendue près de 13 000 euros à un collectionneur allemand.
Source: Slate Afrique, 21/5/2012
Le tableau, inspiré du réalisme soviétique, fait penser à un Lénine exhibitionniste. Il est intitulé The Spear – «la lance». Un symbole de l’identité zouloue, l’ethnie du président, mais aussi l’un des éléments du logo du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Il est signé par Brett Murray, un artiste blanc de la ville du Cap connu pour son travail provocateur.
Le tableau fait partie d’une exposition intitulée Hail to the Thief II («Salut au Voleur II», titre emprunté à un album du groupe rock anglais Radiohead). Ouverte jusqu’à la mi-juin, cette exposition accumule des pièces critiques à l’égard du pouvoir. Un logo de l’ANC y figure, barré des signes «à vendre» et «vendu».
L’ANC voit dans le portrait de Jacob Zuma une diffamation et dénonce à demi-mots une attaque raciste. «Aucun être humain ne mérite d’être dénigré de cette manière choquante», a affirmé Mac Maharaj, le porte-parole du président. L’ANC a entamé le 18 mai une procédure judiciaire pour faire retirer le tableau de la galerie et empêcher la presse de le diffuser.
«Cela va à l’encontre de la moralité africaine, de la culture et de l’esprit de l’ubuntu (le savoir-vivre et l’esprit communautaire sud-africain, ndlr), mais aussi de la construction de la nation, a affirmé un porte-parole de l’ANC. La liberté d’expression doit s’exercer de manière responsable, sans violer les droits d’autres personnes.» De leur côté, les membres noirs de l’Association des communautés indépendantes (The Association of Self Sustainable Communities – ASC) estiment que l’oeuvre est une «attaque contre tous les hommes, les hommes noirs en particulier. Nous y voyons l’expression d’une haine profondément enracinée.» L’une des critiques les plus courantes à l’encontre des Noirs, dans les conversations entre Sud-Africains blancs, consiste à dire que les Africains ne «savent pas tenir leur pantalon»…
La galerie Linda Goodman a accepté de rencontrer le ministre de la Culture, mais pas de retirer l’oeuvre de ses murs. La presse résiste, elle aussi. L’hebdomadaire The City Press a refusé de retirer la reproduction du tableau de son site Internet. Sa rédatrice en chef, la journaliste de renom Ferial Hafajee, invoque une «censure». La liberté d’expression garantie par la Constitution ne va pas être «mise à l’épreuve avec des natures mortes et des vases de fleurs», a-t-elle insisté.
Le tribunal doit se prononcer le 22 mai. En mettant les pieds dans le plat, Brett Murray, 51 ans, directeur du département de sculpture de l’Université de Stellenbosch, s’offre un coup de publicité international. La toile a déjà été vendue près de 13 000 euros à un collectionneur allemand.
Source: Slate Afrique, 21/5/2012
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