Tuesday, May 29, 2012

RDC : selon des témoignages recueillis par l'ONU, des Rwandais ont été recrutés par les mutins du M23

 
Les combats entre les mutins et les FARDC ont cessé dimanche 28 mai. Les combats entre les mutins et les FARDC ont cessé dimanche 28 mai. © AFP
Selon un rapport confidentiel de l’ONU, que s’est procuré la BBC, des citoyens rwandais auraient été recrutés et formés par Kigali au Rwanda pour renforcer la mutinerie que l’armée congolaise combat depuis début mai au Nord-Kivu. Selon les témoignages recueillis, certains combattants auraient été engagés dès le mois de février. Les autorités rwandaises démentent vigoureusement.
Mis à jour à 18h19.
Selon des entretiens réalisés avec onze mutins du M23, qui ont abandonné leurs positions à la frontière du Rwanda et de la RDC, des citoyens rwandais auraient été recrutés au Rwanda et envoyés en RDC pour renforcer ce mouvement. Entré en mutinerie contre l’armée congolaise, celui-ci est issu de l'ex-rébellion tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrée dans l'armée en 2009 après des accords de paix avec Kinshasa.
« Ils ont dit qu'ils ont été recrutés dans un village appelé Mundede, qu'ils ont reçu un entraînement au maniement des armes et qu'ils ont été envoyés en RDC pour rejoindre le M23 », a ainsi déclaré à la BBC Hiroute Guebre-Selassie, chef du bureau de la Mission de l'ONU (Monusco) à Goma. Certains combattants auraient été recrutés dès février, selon le rapport de l’ONU.

Le M23 nie toute aide rwandaise

« Quinze mutins se sont rendus jusqu'à aujourd'hui, dont sept Rwandais. Ils ont témoigné que le Rwanda leur donnait des renforts. On le disait depuis bien avant : le Rwanda les appuie en munitions, armes lourdes et même en troupes », a également déclaré un colonel participant aux combats. « Le M23 ne pouvait pas résister pendant tous ces jours de combats sans le soutien du Rwanda. Combien d'hommes sont-ils pour qu'ils résistent jusqu'à aujourd'hui ? », a-t-il ajouté.
Les mutins du M23 ont cependant nié toute aide venue de Kigali. « Si le Rwanda nous soutenait, on serait arrivés très loin aujourd'hui car il a une armée organisée, et très forte ! Or, nous sommes tout juste dans le Rutshuru. Que ces hommes nous disent dans quel régiment, dans quel bataillon ils étaient », a pour sa part réagi le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23, mettant en cause les témoignages recueillis par l’ONU.
Une simple provocation ?
Le gouvernement congolais, qui travaillerait à une collaboration avec Kigali pour neutraliser les mutins, a de son côté déclaré n’avoir aucune information concernant une aide rwandaise. « Il n'est pas exclu que l'on soit en face d'une provocation de gens qui veulent perturber davantage la situation en créant des problèmes entre le Rwanda et nous. Une vérification est en cours, mais a priori nous n'avons pas d'élément qui puisse confirmer de telles accusations », a expliqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.
Mercredi 23 mai, le Premier ministre de la RDC, Augustin Matata Ponyo, avait pourtant sous-entendu que le M23 avait une base arrière dans un pays voisin, qu’il n’avait toutefois pas cité.

Kigali contre-attaque

« Ce sont des rumeurs totalement fausses et dangereuses », a réagi dans un communiqué la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. « Depuis le départ le Rwanda a toujours soutenu que l'instabilité actuelle dans l'est de la RD Congo est une affaire qui relève du gouvernement congolais et de l'armée congolaise », écrit-elle.
« L'intérêt national du Rwanda est de contenir le conflit et d'établir des profondes relations pacifiques avec ses voisins. La communauté internationale continue de négliger les vrais problèmes causés par cette instabilité pour ne s'intéresser qu'aux symptômes et non aux racines profondes de ce qui cause les souffrances dans notre région », a poursuivi la ministre.
La mission de l'ONU en RDC, a-t-elle ajouté en contre-attaquant, « coûte des milliards de dollars, représente un quart du budget de l'ONU pour les missions de maintien de la paix dans le monde, et cela a été un échec depuis le premier jour ».

Source: Jeune Afrique, du 28/05/2012 à 17h:31 

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