Wednesday, September 7, 2011

LIBYE: Kadhafi au Niger ? Les spéculations continuent.

Des rumeurs insistantes ont circulé quant à la présence de l'ex leader libyen au sein d'un convoi passée de la Libye au Niger. Des rumeurs démenties par le Niger.

Le passage d'un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, une ville au nord du Niger, a alimenté mardi 6 septembre les spéculations sur une fuite de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, avant une série de démentis.

Une source militaire nigérienne a affirmé avoir "vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez" et ajouté que "des rumeurs insistantes" évoquaient "la présence de Kadhafi ou un de ses fils au sein de ce convoi".

A Tripoli, les nouvelles autorités libyennes ont confirmé qu'"environ 200 voitures" étaient passées au Niger. "Ce genre de convoi transporte généralement Kadhafi ou l'un de ses fils", a déclaré Jalal el-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT).

"Kadhafi représenterait un problème pour le Niger"

Mais le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a affirmé qu'il ne s'agissait que d'"un petit groupe" dont l'ex-dirigeant en fuite ne faisait pas partie, ajoutant: "Mouammar Kadhafi représenterait un problème pour le Niger".

Mardi soir, le Burkina Faso a de même "totalement" exclu d'accorder l'asile au colonel Kadhafi pour ne pas "se créer des problèmes".

Les Etats-Unis "ne croient pas" que Mouammar Kadhafi était dans le convoi, a commenté mardi la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, ajoutant: "Nous n'avons aucun élément (donnant à penser) que Kadhafi est ailleurs qu'en Libye en ce moment".

Dimanche, un précédent convoi était arrivé au Niger avec à son bord Agaly Alambo, figure de la révolte touareg et Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous Kadhafi.

"Il combat à l'intérieur"

Depuis l'entrée le 23 août des combattants pro-CNT dans son QG tripolitain de Bab al-Aziziya, Mouammar Kadhafi a appelé à la résistance dans plusieurs messages audio alors que les dernières images de lui remontent au 12 juin.

Joint par téléphone sur la télévision arabe Arrai, le porte-parole de l'ancien régime, Moussa Ibrahim, a assuré que le colonel Kadhafi était "en excellente santé" et que ses partisans étaient "encore puissants". "Il est dans un endroit que cette racaille n'a pas atteint. Il combat à l'intérieur".

Selon le CNT, Moussa Ibrahim se trouverait dans l'oasis de Bani Walid, un des derniers bastions kadhafistes à 170 km au sud-est de Tripoli encerclé par les combattants pro-CNT.

Des négociations sont en cours depuis plusieurs jours avec des responsables locaux en vue de la reddition pacifique de la ville, où le CNT redoute que les civils soient utilisés comme boucliers humains.

Offensive inévitable à Bani Walid

"Nous n'allons nous attaquer ni aux biens ni aux personnes", a assuré Mahmoud Jibril, numéro deux du CNT, s'adressant par téléphone aux négociateurs.

"Nous sommes ici pour éviter un bain de sang", a expliqué cheikh Abdel Qadir Mayad, responsable de Bani Walid.

En fin d'après-midi, le colonel Abdallah Abou Asarah, officier pro-CNT, a cependant affirmé que des combattants pro-Kadhafi avaient empêché les représentants de Bani Walid de retourner dans la ville. Selon lui, une offensive est inévitable à terme et les combats risquent d'être acharnés.

Ces derniers jours, le chef des négociateurs pro-CNT, Abdullah Kenchil, avait déclaré que les forces kadhafistes à Bani Walid étaient constituées de 30 à 50 hommes "très bien armés".

Sur le front est de Syrte, région natale de l'ex-dirigeant, de violents duels d'artillerie ont fait un mort et trois blessés côté pro-CNT ainsi qu'au moins un mort et plusieurs blessés parmi les pro-Kadhafi. Les forces du nouveau régime ont annoncé avoir progressé de 8 km dans la journée et être désormais à 80 km de Syrte. La situation est en revanche restée calme mardi sur le front ouest de Syrte.

Economie ravagée mais stable

L'Otan a poursuivi ses frappes, notamment autour de Syrte et Paris a jugé mardi qu'il n'y avait "pas urgence" à un désengagement militaire de la France.

Sur le plan politique, le Conseil de sécurité discutera vendredi d'une mission de l'ONU de trois mois en Libye pour aider à réformer la police et la justice et à préparer les élections.

Après plus de six mois de guerre, l'économie est ravagée mais stable avec une inflation maîtrisée et pas de problèmes insurmontables, a assuré le "ministre" intérimaire de l'économie, Abdallah Chamia.

Selon un haut diplomate européen, les autorités libyennes ont promis à une délégation de l'Union européenne de respecter les engagements et la "continuité" des contrats signés sous Kadhafi.

Deux associations françaises ont demandé mardi à Paris de protéger les populations africaines de Libye victimes d'"exactions". Des milliers de Sub-sahariens y travaillaient ou s'y trouvaient dans l'espoir de gagner l'Europe et beaucoup sont soupçonnés d'avoir combattus pour l'ancien régime.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a signalé mardi qu'environ 1.200 immigrés, en majorité tchadiens, étaient bloqués depuis juin à Sebha (sud), bastion pro-Kadhafi dans le viseur des forces pro-CNT, "terrorisés à l'idée d'être pris entre deux feux".


Le Nouvel Observateur - AFP


 


Source: Le Nouvel Observateur, Publié le 07-09-11 à 07:10 Modifié à 07:11

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