Recherché par la CPI depuis 2006 pour enrôlement présumé
d’enfants dans la guerre civile en Ituri (2002-2003), le général Jean-Bosco
Ntaganda n’est plus protégé par le président de la RDC, Joseph Kabila. Le
gouvernement congolais le juge désormais responsable des combats actuellement en
cours au Nord-Kivu et demande qu’il soit recherché.
Les dénégations de
l’intéressé n’ont pas suffi. Le général Jean-Bosco Ntaganda est désormais
publiquement considéré par le gouvernement congolais comme directement
responsable des combats en cours dans l’est de la RDC depuis dimanche entre
certains de ses proches et les Forces armées de RDC (FARDC), qui ont déjà fait
au moins six morts.
Julien Paluku, le gouverneur de la province du
Nord-Kivu (est) s’est chargé de délivrer le message. « Le gouvernement congolais
m’a chargé de vous communiquer ce qui suit : tout ce qui se passe actuellement
dans le Masisi, est sous la responsabilité du général Bosco Ntaganda et il doit
être recherché pour ça », a-t-il déclaré mercredi à la presse depuis sa
résidence. « Si nos unités mettent la main sur lui, il répondra devant les
juridictions congolaises de tous ses actes. Si l’indiscipline va nous imposer
une guerre, nous la ferons », a-t-il ajouté.
« Lâchage de Kabila
»
Les mutins qui résistent aux FARDC sont pour la plupart d’anciens
membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une rébellion dont
Ntaganda était le chef d’état-major avant d’être intégré à l’armée en 2009. Ces
militaires avaient fait défection début avril alors que la rumeur d’un « lâchage
» de Ntaganda par le chef de l’Etat Joseph Kabila était de plus en plus
évoquée.
Les combats se déroulent au Nord-Kivu, surtout dans les
territoires de Masisi et Walikale, où des soldats ex-rebelles se sont alliés à
une milice d’auto-défense Maï Maï, elle-même accusée d’avoir participé dans la
zone aux viols de près de 400 personnes à l’été 2010. Ntaganda avait affirmé
mardi dans une déclaration à l’AFP qu’il n’était pas impliqué dans les
affrontements en cours.
Les combats continuent
Jusqu’à présent,
Kinshasa avait toujours refusé d’arrêter le général, sous prétexte que la paix
devait primer sur la justice.
Mais lors de sa récente visite à Goma, le
président Joseph Kabila avait mis en garde contre l’indiscipline: « que ce soit
Bosco Ntaganda ou n’importe quel autre officier, ils seront arrêtés et déférés
devant la justice ».
Il avait par ailleurs souligné: « Nous avons plus
d’une centaine de raisons pour l’arrêter, et nous ne manquerons pas de force et
de moyens pour l’arrêter. Mais je ne travaille pas sous la pression de la
communauté internationale ».
Pour le moment, les combats continuent. Au
Sud-Kivu, la situation revient « à la normale » car il reste « aujourd’hui une
quarantaine de déserteurs, les autres ayant rejoint » leurs unités, a déclaré à
la presse le lieutenant-colonel Félix Prosper Basse, porte-parole militaire de
la Mission de l’Onu en RDC (Monusco). Mais dans l’autre Kivu, la situation reste
« fortement tendue » et « imprévisible ».
Les autorités se montrent
confiantes. « A l’heure qu’il est, il n’y a pas de localité entre les mains de
ce que vous appelez +rebelles+ », a annoncé le gouverneur Julien Paluku,
soulignant que pour les FARDC ces actes sont qualifiés d’ »indiscipline et non
pas de guerre ».
Une mission menée à Sake et Mugunga par le Haut
commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU rapporte que « plus de 2.700;
déplacés se regroupent à la « périphérie de Goma ». En attendant l’aide
humanitaire, ils manquent d’eau, de nourriture, et vivent dans la crainte de
nouvelles attaques.
Quant aux Congolais qui se sont réfugiés au Rwanda
voisin, ils sont estimés à près de 3.000, d’après un responsable du ministère
rwandais de la Gestion des catastrophes et des Réfugiés.
En RDC, le
nombre de déplacés « a connu une augmentation de 241.000 personnes au cours du
premier trimestre de cette année, passant de 1,7 million au 31 décembre 2011 à
plus de 2 millions au 31 mars de l’année en cours », indique un bilan du Bureau
de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) à Kinshasa.
Les
deux Kivu « abritent plus de 1,4 million de personnes déplacées, représentant
70% de toute la population déplacée », qui fuit principalement l’insécurité
créée par les groupes armés locaux et étrangers, poursuit
OCHA.
Habituellement basé à Goma, Jean-Bosco Ntaganda est visé depuis
2006 par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui le
soupçonne d’enrôlement d’enfants. Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a
annoncé mi-mars qu’il allait demander un nouveau mandat d’arrêt contre lui pour
des viols et meurtres commis pendant qu’il était à la tête du CNDP et après son
intégration dans l’armée en 2009.
Publié par La Rédaction le 3 mai
2012.
(Avec AFP)
Source:
Direct.cd, du 03/05/2012
No comments:
Post a Comment