Saturday, March 26, 2011

CONGO BRAZZAVILLE/KINSHASA: Brouille entre Kinshasa et Brazzaville

Un épais nuage vient de plomber le ciel des relations entre Kinshasa et Brazzaville. Le gouvernement de la RDC vient de franchir le Rubicon en rappelant «avec effet immédiat» son ambassadeur accrédité à Brazzaville. Une escalade verbale est déjà perceptible à travers des déclarations de nature à mettre le feu aux poudres. Jusqu’à quand va durer cette brouille pour deux peuples condamnés à vivre côte à côte ?

Entre Kinshasa et Brazzaville, la tension est montée d’un cran !

L’ambassadeur de la RDC en poste à Brazzaville a été rappelé par le ministre Thambwe Muamba des Affaires étrangères. « Avec effet immédiat ». C’est que Mme Esther Kirongozi devait quitter Brazzaville hier vendredi pour Kinshasa.

Les motifs ayant conduit à cette décision, à effet immédiat, n’ont pas été révélés par le ministre Alexis Thambwe. Toutefois, des sources laissent entendre tout serait parti de derniers événements au cours desquels des hommes en armes avaient tenté d’attenter à la vie du président Joseph Kabila. Ces assaillants, dont quelques dizaines sont déjà entre les mains de la justice, avaient attaqué l’une des résidences du chef de l’Etat et d’autres cibles stratégiques.

A chaud, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende avait laissé entendre que «les assaillants seraient venus aussi du fleuve». Ce qui a eu pour effet de remettre à la surface d’autres dossiers en souffrance entre les deux capitales.

Il y a eu d’abord l’affaire des ex-militaires de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba qui ont trouvé refuge à Brazzaville. Puis, les événements de Dongo provoqués par les Enyele sous la conduite de Ondjani. Arrêté de l’autre côté de la frontière, l’extradition du chef rebelle Enyele, pour être présenté devant le juge, se fait toujours attendre. Les assurances des autorités congolaises de Kinshasa quant à la volonté de Brazzaville de rendre Ondjani au gouvernement congolais se sont émoussées. Par ailleurs, l’affaire Faustin Munene a rajouté à compliquer davantage les relations déjà suspicieuses entre les deux pays. Ce qui a amené à l’organisation de la réunion mixte de sécurité et défense à Kinshasa. A l’issue de la réunion de la Commission spéciale défense et sécurité RDC-Congo Brazzaville, le ministre de l’Intérieur du Congo-Brazzaville, Zéphirin Mboulou, a affirmé que son pays «continuera à œuvrer pour la coexistence pacifique entre les deux pays et qu’il ne servira jamais de base arrière à la déstabilisation des pays voisins». Il faisait clairement allusion à l’attaque de la résidence du président Joseph Kabila le 27 février dernier à Kinshasa. Les autorités de Brazzaville ont catégoriquement démenti leur implication de près ou de loin à cette attaque. Le président Sassou, dans une interview à Jeune-Afrique, a tenté de rassurer que «le Congo ne servira jamais de base arrière aux ennemis de la RDC». A la suite de son président, Zacharie Bowao, ministre près la Présidence en charge de la Défense nationale de la République du Congo, a fait la même déclaration.

A la fin, il a été convenu de mettre en place des mesures sécuritaires de nature à sécuriser les uns et les autres. Dans le communiqué final lu à l’issue des travaux de la Commission spéciale sécurité et défense, il était indiqué que «s’agissant des incidents survenus à Kinshasa, le 27 février 2011, au stade actuel des investigations, l’implication des services ou d’une autorité de la République du Congo n’est pas établie».

Pourrait-on considérer qu’avec le développement actuellement, la partie congolaise disposerait d’indices impliquant les autorités de Brazzaville ? Rien n’est moins sûr. Toutefois, une escalade est à craindre. Preuve ces déclarations enregistrées dans les médias. Un officiel congolais de Kinshasa s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a confié à l’AFP : «Cela est lié aux événements du 27 février. Il y a un lien entre les assaillants et (le général Faustin) Munene et Ondjani ». Les deux Congolais de RDC sont présentement détenus au Congo-Brazzaville, qui refuse de les extrader, a précisé la source du ministère des Affaires étrangères.

Le Congo «n'a pas la volonté de collaborer avec nous pour pacifier la région, en mettant à notre disposition ces gens», a ajouté la source au ministère des Affaires étrangères à Kinshasa.

« Il y a des réponses que nous attendons de la part du Congo, qui tardent à venir. Ce sont des questions générales liées aux conditions de sécurité» aux frontières, par rapport aux événements du 27 février, a précisé à l'AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. A Kinshasa, les observateurs considèrent que ce serait une manière pour le gouvernement congolais de mettre la pression.

Du côté de Brazzaville, l’on balaie d’un revers de la main toutes «ces allégations». Parlant au nom de sa hiérarchie, Le directeur des renseignements extérieurs du Congo-Brazzaville, le colonel Pierre Mongo réserve des mots plutôt durs contre la RDC. Abordant la question de l’immigration clandestine, il condamne l’attitude de la partie congolaise dans une interview accordée à «Dépêches de Brazzaville».

«Chaque fois que nous prenons des mesures pour gérer l’immigration clandestine, ils manifestent une certaine hostilité. Souvenez-vous, quand nous avons organisé l’opération stérilisation à la veille de la célébration du cinquantenaire, le 15 août 2010, les autorités de la RDC jusqu’au plus haut niveau ont manifesté une certaine réticence. En réalité, il s’agissait tout simplement de stériliser ce que nous appelons la frange fluviale qui regorge de vieilles carcasses des bateaux et des bâtiments abandonnés. Ce sont les refuges pour les «balados» et les «koulounas», qui s’y sont installés, opérant des vols, des viols, des séquestrations», dit le colonel Pierre Mongo.

Le directeur des renseignements extérieurs du Congo-Brazzaville charge Kinshasa : «Chaque fois que l’on aborde la question de leur retour au pays, la RDC qui est responsabilisée pour fournir un plan de sortie de crise n’arrive jamais à le faire. C’est de façon récurrente. On a l’impression que quand il faut parler, nos frères de la RDC parlent abondamment, et quand il faut agir ils agissent moins. Les ex-FAZ, tout le monde sait que leur présence ici empoisonne depuis un certain temps les rapports entre les deux Etats».

D’autres sources ont laissé entendre ne pas comprendre l’acharnement de Kinshasa à exiger de Brazzaville à tout prix le rapatriement des personnes poursuivies par la justice congolaise. Elles se demandent pourquoi la même démarche ferme ne serait pas menée en direction de Kigali concernant les cas Nkunda, Jules Mutebusi et consorts. « Y a-t-il eu nécessité de rappeler l’ambassadeur congolais à Kigali ? », s’interrogent-elles.

Que faut-il penser du ras-le-bol de Kinshasa? Le parfait amour entretenu par les régimes de Kinshasa et de Brazzaville n’aura été que de façade. Et pourtant, entre les deux Etats, les relations de bon voisinage sont consacrées par un pacte de non-agression signé le 29 décembre 1998. Entre cette date et la montée du mercure actuellement constatée, beaucoup d’eau a coulé sous le pont.

Les deux pays sont appelés à cohabiter pour l’éternité. Aucun effort ne devra ainsi être ménagé afin d’assurer la confiance mutuelle entre les deux peuples. Les rapports de confiance doivent s’installer entre les deux capitales dans le but de consolider davantage les liens existant entre les deux peuples. Cette brouille devra rapidement trouver des solutions pour éviter l’embrasement dans la sous-région de l’Afrique centrale.

Source: Le Potentiel, du 26/03/2011

1 comment:

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