Monday, March 21, 2011

COTE D'IVOIRE: CRISE IVOIRIENNE: De quel dialogue parle Gbagbo ?

Après avoir rejeté la proposition de négociation faite par l’Union africaine (UA), et qui devait permettre d’aboutir à l’installation de Alassane Dramane Ouattara (ADO), le chef de l’Etat sortant de la Côte d’Ivoire appelle au dialogue. Sans doute quelques propos et actes du camp adverse et de la communauté internationale sont-ils pour quelque chose dans les motivations d’une telle proposition.

En effet, sur le plan national, le président élu de la Côte d’Ivoire a procédé à une fusion des forces acquises à sa cause pour constituer une armée républicaine. A l’extérieur, c’est le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui a invité l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) à intervenir en cas de confrontation.

Quand on sait que la position de la communauté internationale sur le départ de Laurent Gbagbo n’a jamais été négociable, l’on peut se faire une idée de la délicatesse de la passe dans laquelle se trouve l’enfant de Mama. Et le président autoproclamé semble prendre la mesure réelle de la situation, ce qui explique cette fertilité imaginative dont il fait montre dans la recherche de stratégies à même de le tirer d’affaires. Au point même de faire des propositions en total déphasage avec les actes posés par son camp sur le terrain. Ainsi, en même temps que le camp Gbagbo appelle celui d’ADO au dialogue et au désarmement, ses miliciens continuent d’endeuiller des familles. Quoi de plus logique donc que son offre soit rejetée. Acculé, l’adepte des mesures extrêmes, Laurent Gbagbo, qui préfère la mort à une vie hors du palais présidentiel, est prêt à se servir une fois de plus des jeunes patriotes à sa solde, comme boucliers et chairs à canon. Aussi les a-t-il invités à s’enrôler pour défendre ses ambitions. De quel dialogue parle-t-il donc ? Celui qui consiste à obéir à des injonctions ayant pour seul dessein de légitimer un pouvoir dont les méthodes d’usurpation ont révolté plus d’un démocrate digne de ce nom ? Après avoir perdu un soutien de taille comme celui de l’Afrique du Sud, l’opposant historique de feu Houphouët-Boigny semble ne plus savoir à quel saint se vouer, au point d’être tenté d’emprunter aux magiciens et autres prestidigitateurs leurs réflexes. Prompt à expérimenter toutes les astuces, des plus contradictoires aux plus controversées, il est vraisemblablement décidé à jouer ses dernières cartes. Car, jusque-là, sa stratégie préférée, en plus de l’utilisation de l’armée régulière, a été l’instrumentalisation de la jeunesse enivrée, endoctrinée et donc aveuglée par les propos délirants et démagogiques de son tristement célèbre ministre Blé Goudé. Au cas où la requête du chef de la diplomatie française recevrait un écho favorable de la part de l’ONUCI qui pourrait ainsi faire usage de la force contre toute agression, le camp Gbagbo qui a fait de la violence son arme préférée pourrait en faire les frais. Une riposte de la force onusienne serait alors d’autant plus légitime que les miliciens qui opéraient jusque-là en civil seront désormais considérés comme de vrais combattants militaires. Tout le mal que l’on peut souhaiter au peuple ivoirien, c’est d’obtenir une intervention extérieure plus prompte et en temps opportun. La CEDEAO, qui se réunit à nouveau les 23 et 24 mars prochain, fera-t-elle prévaloir enfin le principe de la force légitime ? Tous les regards sont tournés vers elle.


AUthor: Juste PATOIN


Source:  Le Pays, du 21/03/2011

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