Tuesday, March 8, 2011

Libye : l'idée d'une zone d'exclusion aérienne convainc de plus en plus

Barack Obama et David Cameron notamment se sont mis d'accord pour "aller de l'avant dans la planification" pour "la surveillance, l'aide humanitaire, l'application d'un embargo sur les armes et une zone d'exclusion militaire".

Les appels se multipliaient pour utiliser l'option une zone d'exclusion aérienne au cas où la répression du colonel Kadhafi en Libye se faisait de plus en plus sanglante. Le président des Etats-Unis Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron notamment ont évoqué au téléphone mardi 8 mars "toute la gamme" des actions possibles face aux violences en Libye, dont l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne.
Lors de cette conversation, Obama et Cameron "se sont mis d'accord pour aller de l'avant dans la planification, y compris au sein de l'Otan, de toute la gamme de réactions possibles" à la situation en Libye, a indiqué la présidence américaine dans un communiqué.

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"Nous ne pouvons pas rester inertes"

Ces mesures comprennent notamment "la surveillance, l'aide humanitaire, l'application de l'embargo sur les armes et une zone d'exclusion aérienne", a précisé la Maison Blanche. Obama et Cameron, dont les pays sont de très proches alliés, se sont engagés à "coordonner de près" leurs actions à venir dans ce dossier, selon la même source.
Lors d'un entretien à la BBC, David Cameron a indiqué que l'appel avait été consacré "à ce que nous devons prévoir au cas où (les violences) continueraient et au cas où (le colonel Kadhafi) ferait des choses horribles à son peuple. Nous ne pouvons pas rester inertes et laisser cela se produire".



Réticences de la Chine et de la Russie

Ce contact est intervenu au moment où la Grande-Bretagne et la France préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU imposant une zone d'exclusion aérienne en Libye. L'adoption semble se heurter aux réticences de la Chine et de la Russie, et les Etats-Unis ont jusqu'ici réagi avec tiédeur à un tel dispositif. La possibilité d'imposer cette option a été soulevée mardi au Conseil de sécurité, mais les diplomates soulignent qu'il n'y aura pas de précipitation dans la mise en œuvre éventuelle d'une résolution.

Le président Obama a plusieurs fois appelé le colonel Kadhafi à quitter le pouvoir, mais son administration, les exemples d'Afghanistan et d'Irak en tête, a renâclé à s'engager sur la voie d'une action armée ou même de l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne.



Sous l'égide de l'Onu

"Toute décision d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye devra être prise par l'ONU et non par les Etats-Unis, a déclaré mardi la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à la chaîne de télévision britannique Sky News.
"Je pense qu'il est très important que ce ne soit pas une entreprise menée par les Etats-Unis, parce que cela vient des Libyens eux-mêmes", a dit Hillary Clinton, parlant du soulèvement contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.



Une option militaire complexe

Le porte-parole du président Obama, Jay Carney, est resté fidèle à cette ligne de prudence mardi en soulignant la "complexité" de la situation.
La semaine dernière, le secrétaire à la Défense Robert Gates avait estimé qu'une interdiction de survol du territoire libyen signifiait qu'il faudrait d'abord "attaquer la Libye".

Le sénateur démocrate Carl Levin, chef de la commission de la Défense de la chambre haute du Congrès américain, a remarqué mardi que l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne pourrait déboucher sur "des résultats négatifs" pour les Etats-Unis, en particulier le risque de voir "se retourner contre (eux) certaines de ces révolutions démocratiques dans le monde arabe".
L'influent sénateur républicain John McCain, favorable à une zone d'exclusion aérienne, a toutefois estimé mardi que la "meilleure manière" d'obtenir le départ du colonel Kadhafi était de faire basculer dans l'opposition ses plus proches collaborateurs.



Contacts avec l'opposition libyenne

Des diplomates américains, dont Gene Cretz, l'ambassadeur américain en Libye, ont rencontré au Caire des membres de l'opposition libyenne au colonel Kadhafi, a rapporté mardi le département d'Etat. Deux représentants du Conseil national de transition constitué par l'opposition en Libye ont été invités mardi au Parlement européen à Strasbourg pour informer l'UE des développements. Alain Juppé doit par ailleurs les rencontrer mercredi.

L'opposition libyenne attend de l'Union européenne qu'elle la reconnaisse "le plus tôt possible" comme seule autorité légitime, a plaidé mardi un de ses représentants, dans un discours devant des députés européens.
Mahmoud Jebril, 59 ans, haut responsable du Conseil national de transition constitué par l'opposition au colonel Mouammar Kadhafi, a par ailleurs demandé aux Européens une aide militaire, économique, humanitaire et médicale.

(Nouvelobs.com avec AFP)



Source: Le Nouvel Observateur, du 09/03/2011

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