Tuesday, March 1, 2011

RDC: Malgré toutes les tentatives de neutralisation/ Les FDLR : un fonds de commerce

Face aux groupes armés qui « gagnent en intensité » à Rutshuru, Walikale et Lubero (Nord-Kivu), les FARDC et la MONUSCO poursuivent – en vain - la planification conjointe de leurs opérations pour « assurer une protection rapprochée des populations ». A l’analyse des faits, les FDLR sont devenues un fonds de commerce pour toutes les parties aux conflits. Une pieuvre qu’on ne sait plus neutraliser.

« Un groupe d’hommes armés et en tenue militaire a attaqué dans la nuit de samedi à dimanche le groupement d’Irhambi Katana, en territoire de Kabare, à 40 kilomètres au nord de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) », rapporte Xinhuanet, citant des sources concordantes. En cinq heures d’attaque, ils ont pillé « dans une centaine de ménages » et kidnappé « 37 personnes, parmi lesquelles des enfants de moins de 13 ans », dans les villages de Tshohoboka, Tshegera et Kahungu, renseignent la police et la Société civile de Katana.

LA PIEUVRE

« Certaines sources attribuent cette attaque aux FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda – rébellion rwandaise opérant dans l’est de la RDC), mais le commandant des Forces armées de la RDC (FARDC) du 511ème bataillon nouvellement déployé à Katana dit détenir des preuves que ce sont plutôt des militaires de la brigade sortante qui ont opéré. Le lieutenant-colonel Chrétien Bopelewe cite le cas d’un élément de la 332ème brigade arrêté par ses services de renseignements », ajoute l’agence chinoise de presse.

Cependant, quels qu’en soient les auteurs, ces extorsions et tueries reposent la question de la volonté politique de toutes les parties (gouvernement, groupes armés, rebelles étrangers et Monusco) d’y mettre un terme définitif.

Pour rappel, les opérations conjointes qu’elles ont menées fin 2008 et début 2009 avec les armées ougandaise et rwandaise contre la LRA en Province Orientale et les FDLR au Nord-Kivu se sont achevées sur le même satisfecit. « L’ennemi a subi d’énormes pertes et sa puissance de feu a été fortement anéantie », annonçaient des officiels politiques et militaires.

Aussitôt après, les FARDC ont déclenché au Kivu diverses opérations, dont « Kimia I et II» et « Amani leo », destinées à détruire les groupes armés congolais réfractaires à l’intégration de leurs éléments au sein de l’armée régulière.

L’opération « Mapema Mupya » dans le parc national des Virunga, qui en est en sa deuxième phase, s’inscrit dans la même perspective.

Or, « l’abandon de plusieurs localités sur le littoral de la presqu’île d’Ubwari, depuis le départ des FARDC pour le regroupement à Fizi-centre », inquiète plus qu’il ne rassure les populations du Sud-Kivu.

« Trois localités sont préoccupées, depuis dimanche 27 février 2011, par des combattants Maï-Maï Yakutumba. Les populations craignent que les miliciens occupent davantage de zones laissées par les FARDC », signalent à radiookapi.net plusieurs sources recoupées qui citent Kazimiya, Kavumbwe et Karamba, au Sud d’Ubwari.

Dans la Province Orientale du pays, ce sont six soldats des FARDC et trois civils qui étaient tués dans la nuit de jeudi à vendredi par la LRA au village Mabangana (Haut-Uélé).

DES GAINS POUR TOUT LE MONDE

Quatre ans et demi après l’installation des institutions issues des élections de 2006, on se rend à l’évidence que la paix tarde à être restaurée dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Tout se passe comme si les Fdlr sont devenues un fonds de commerce pour toutes les parties impliquées dans l’effort de stabilisation de la partie Est de la RDC. En effet, il s’avère que chacun trouve son camp chaque fois que les Fdlr récupèrent du poil de la bête sur le terrain des opérations. A terme, l’objectif est d’entretenir le chaos, et éventuellement étaler à jour l’incapacité de l’Etat à asseoir son autorité dans cette partie névralgique de la RDC. A bout de compte, c’est la thèse de la balkanisation de la RDC qu’on voudrait faire avaliser, en faisant notamment voir que l’Etat congolais, dans sa forme actuelle, est inapte à garantir une paix durable à l’Est.

« Sur le plan sécuritaire, il y a lieu de reconnaître que quelques foyers de tension résiduels persistent encore ça et là, du fait de la présence des groupes armés étrangers, FDLR et ADF/NALU », a déploré en décembre 2010 le président Joseph Kabila.

Parmi ces foyers, il a relevé « 5 territoires qui connaissent des perturbations, et font donc l’objet d’opérations militaires ». Plutôt que de ne voir que ce petit nombre, il convient d’en évaluer l’importance au plan économique.

C’est, en effet, dans ces territoires que des politiques et des militaires tirent de plantureux gains à travers l’exploitation illicite des matières précieuses dont regorge le sous-sol. Il s’agit du coltan, de l’or et de la cassitérite.

Malgré divers signaux d’alerte, les exploitants et leurs commanditaires ne sont toujours pas inquiétés par la justice civile et militaire. De là à en conclure que la persistance de la situation de « ni paix ni guerre » dans l’Est de la RDC est un fonds de commerce, il n’y a qu’un pas à franchir.

Dans le décor actuel où l’on dit avoir neutralisé les Fdlr sans jamais y parvenir, l’Est de la RDC restera à jamais une poudrière d’une part, et le ventre mou de la RDC, d’autre part.

 
Source:  Le Potentiel, du 02/03/2011

No comments:

Post a Comment