Wednesday, March 2, 2011

LIBYE: Le colonel Kadhafi n'a pas dit son dernier mot

Alors que les évacuations d'étrangers se poursuivent, le dirigeant libyen a de nouveau défié l'opposition, qui tient l'est du pays, et la communauté internationale, qui souhaite son départ.
Au-delà des déclarations à l'emporte-pièce du « Guide » libyen (« Il n'y a pas eu de manifestations en Libye », a-t-il ainsi affirmé hier, avant de marteler que son camp combattra « jusqu'au dernier homme et la dernière femme »), ce sont ses tentatives de reconquête territoriale qui le démontrent.

Mardi déjà, des soldats gouvernementaux s'étaient déployés à la frontière avec la Tunisie. Hier, des forces loyales à Mouammar Kadhafi ont repris le contrôle de l'aéroport et du port de Marsa el Brega, un important terminal pétrolier à 800 km à l'est de Tripoli ; simultanément, des raids aériens étaient signalés contre des dépôts d'armes à Ajdabyah, grande ville de l'Est de la Libye tenue par des rebelles.

L'opposition souhaite une intervention

Ces raids aériens confortent les partisans de l'imposition d'une zone d'interdiction de vol (une « no fly zone ») et ceux, moins nombreux, d'une intervention militaire terrestre pour faire chuter le régime. D'ailleurs, l'opposition libyenne pourrait solliciter une telle intervention : « Nous allons probablement demander l'aide étrangère, probablement des frappes aériennes sur des endroits stratégiques qui mettront le dernier clou à son cercueil », a déclaré Moustafa Gheriani, porte-parole de la Coalition du 17 février.

L'éventualité d'une telle opération ne semble guère impressionner Kadhafi. « Nous ne pouvons pas permettre aux Américains ou à l'Occident d'intervenir en Libye. S'ils le font, ils doivent savoir qu'ils se jettent dans un enfer et une mer de sang pire que l'Irak ou l'Afghanistan [...]. Nous distribuerons les armes par millions et ce sera un nouveau Vietnam », a-t-il assuré.

En attendant que l'Onu se penche sur cette question, les évacuations continuent. Selon le ministère des Affaires étrangères, plus de 170 000 personnes ont quitté la Libye pour les pays voisins depuis le début de la crise, dont environ 75 000 vers la Tunisie, 63 000 vers l'Égypte et 800 vers le Niger. C'est à la frontière entre la Libye et la Tunisie que la situation est la plus critique. Une foule venant de Libye s'étendant « sur des kilomètres et des kilomètres à perte de vue », a déclaré Sybella Wilkes, une porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), qui a lancé un nouvel appel pour que des « centaines d'avions soient affrétées » afin d'évacuer les gens.

Un pont aérien maritime

La France a répondu à cet appel et va mettre en place un pont aérien et maritime pour évacuer 5 000 Égyptiens. Le BPC Mistral, qui a quitté Brest lundi, va se dérouter et prendre part à cette opération; il doit cependant faire escale à Toulon pour y embarquer des hélicoptères et du matériel avant de pouvoir prendre la mer en direction des côtes libyennes.

Par ailleurs, 4 000 Africains sont bloqués à Misrata, à environ 200 km à l'est de Tripoli, et espèrent une évacuation rapide. L'arrivée prochaine de deux navires amphibies et d'u porte-avions américains pourrait y contribuer.


 


Source:  Ouest-France, du jeudi 03 mars 2011

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