Thursday, March 31, 2011

COTE D'IVOIRE: Offensive militaire : Situation explosive en Côte d`Ivoire - La menace s`accentue sur Abidjan

Les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), désignées désormais sous l`appellation de Forces républicaines de Côte d`Ivoire (Frci), qui soutiennent Alassane Ouattara, poursuivent leur progression vers le Sud, notamment Abidjan où se trouve le siège du pouvoir ivoirien. Comme un voyage qu`elles effectuent tranquillement à travers le pays, ces forces alliées au président proclamé par la commission électorale indépendante (Cei) et soutenu par la communauté internationale, ont ainsi conquis plusieurs villes de l`intérieur du pays, sans rencontrer de véritable résistance de la part des soldats restés fidèles à Laurent Gbagbo, le président investi par le Conseil constitutionnel. Tiébissou, Yamoussoukro la capitale économique, Gagnoa la ville natale du président Gbagbo, Lakota, Soubré, Méagui, portes d`entrée de la ville portuaire de San-Pédro, où se trouve le plus grand port d`exportation de cacao dans le monde, ont été arrachées par les Frci. Sur leur passage, les soldats pro-Ouattara ouvrent les prisons, déversant ainsi les bandits et autres détenus dans les rues des villes occupées. Rien ne semble donc les arrêter dans leur avancée sur Abidjan, où se trouve le rival d`Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo, à qui la communauté internationale demande de céder le pouvoir depuis quatre mois, sans succès. Sur quoi Gbagbo compte-t-il pour se maintenir au pouvoir, malgré ces appels de l`extérieur ? Comment entend-il contenir l`assaut des forces pro-Ouattara, vu que les forces fidèles à son régime, les Forces de défense et de sécurité (Fds) semblent avoir baissé les armes ? Cette progression facile des Frci est-elle, comme certains le pensent, une sorte de piège qui pourrait se refermer sur elles à la fin ? Autant de questions qui agitent les esprits, à l`analyse de la crise ivoirienne. Il faut le dire tout net, la situation en Côte d`Ivoire est explosive. Le camp Ouattara refuse l`appel au dialogue lancé depuis quelque temps par le camp Gbagbo. « Toutes les voies pacifiques de sortie de crise sont épuisées », a coupé court Alassane Ouattara, à l`issue d`une réunion le mardi 29 mars dernier, avec les présidents du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Dans le camp Gbagbo, l`on continue d`afficher une sérenité face à l`avancée rapide des troupes ennemies, comme si une force extérieure viendrait sauver le régime. Selon des sources proches de la présidence, Laurent Gbagbo garde la foi et rassure ses hommes. L`air décontracté, il aurait lancé à un proche: « j`attends la fin du film ». Une phrase qui laisse penser que le locataire du palais présidentiel du Plateau n`entend pas quitter les lieux face à l`arrivée des soldats de son rival Ouattara.

La bataille d`Abidjan

Dans tous les cas, la menace s`approche de plus en plus de la capitale économique, où les populations fuient depuis plusieurs jours vers les villes de l`intérieur ou les pays limitrophes. Celles qui sont restées sur place attendent, dans la psychose, l`arrivée des troupes pro-Ouattara. Après avoir franchi la capitale politique du pays, ces soldats à bord de véhicules 4x4, ne sont plus qu`à environ 200 km d`Abidjan. Mais si
la conquête des villes de l`intérieur par ces forces pro-Ouattara s`est faite sans difficulté, l`on redoute que celle de la capitale économique qui constitue le point final, finisse dans un bain de sang. Les forces restées fidèles à Laurent Gbagbo y sont concentrées. Les différentes troupes des Fds qui ont décroché face à l`avancée des Frci, ont leurs ``états-majors respectifs encore bien constitués à Abidjan. Ici également, se trouvent les grands camps militaires, une forte concentration de soldats, l`essentiel de l`armément lourd et léger détenu par les forces de Laurent Gbagbo. De plus, d`autres sources soulignent que nombreux sont les militaires pro-Gbagbo qui ont quitté les lignes de front après l`attaque des soldats pro-Ouattara, et qui sont en train de rallier Abidjan pour la bataille finale. Il faut ajouter à ces nombreux soldats, les milliers de jeunes patriotes et de miliciens qui font la loi dans les rues d`Abidjan. Ces derniers ont fait une démonstration de force le samedi 26 mars en veillant par milliers à la place de la République, répondant ainsi à l`appel de leur leader Charles Blé Goudé. Ces farouches partisans, véritable bouclier humain pour Laurent Gbagbo, semblent attendre en silence l`entrée des combattants de Guillaume Soro. La bataille d`Abidjan aura-t-elle lieu ? Si elle le devrait, elle s`annonce en tout cas épique. Déjà sur le terrain, et depuis plusieurs mois, la tension est vive entre les Fds et des combattants d`un commando dit invisible qui fait la loi dans la commune populaire d`Abobo. Hier mercredi 30 mars, des tirs à l`arme lourde et à la kalachnikov ont retenti du côté d`Adjamé, une autre commune populaire d`Abidjan. Egalement à Cocody-Angré, un quartier chic de la capitale économique, des combats ont été signalés entre ces deux forces rivales. Hier en début de soirée, une panique générale s`est emparée de la population abidjanaise. C`était le sauve-qui-peut et la bagarre aux abords des taxis et autres véhicules de transport inter-communaux. En clair, Abidjan ressent déjà l`arrivée imminente des forces pro-Ouattara.

Author: Hamadou ZIAO


Source:  L'Inter, du 31/03/2011

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