Tuesday, March 1, 2011

RD Congo : L'honneur perdu de Lambert Mende

La parution de notre enquête consacrée à la RD Congo, intitulée « Kabila : Mobutu light » La La parution de notre enquête consacrée à la RD Congo a déclenché une véritable tempête politico-médiatique à Kinshasa. Dès la parution du numéro en question, Joseph Kabila a demandé à son ministre de la Communication, Lambert Mende Omalanga, de réagir. Ce que notre zélé ministre s’est empressé de faire en nous faisant parvenir un (très) long droit de réponse, avant, le 3 février, de se ruer dans les studios de la télévision nationale pour le lire en direct et organiser une conférence de presse. Outre la dénonciation d’une présumée tentative de déstabilisation du chef de l’État fomentée par une certaine « gorge profonde », dont il refuse de citer le nom mais dont la description qui en est faite désigne clairement l’ex-président de l’Assemblée et désormais opposant Vital Kamerhe, Lambert Mende, pour qui tous les moyens semblent bons, n’a pas hésité à voir derrière notre enquête un véritable complot et une « alliance de la haine ». Pis, il a fait le choix de verser dans la diffamation : « Je vous assure que 14 pages dans un magazine comme celui-là, ce n’est pas moins de 500 000 dollars. L’argent devait venir de quelque part, nous retraçons et trouvons les miniers et les pétroliers qui ont perdu des contrats ici. C’est comme cela que les choses se seraient passées. »
L’affaire est grave, car cette accusation grotesque émane d’un ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Elle entache donc la crédibilité de l’État et celle du président lui-même. De quels éléments dispose M. Mende pour exposer de telles « certitudes » ? Sur la base de quelle enquête ? Évidemment, il n’a rien d’autre entre ses mains que sa mauvaise foi. Un comportement exécrable qui illustre aussi une mentalité détestable : pour Mende, visiblement, tout s’achète et tout se vend. Il est vrai que l’itinéraire de cet homme passé maître dans l’art de retourner sa veste résume assez bien sa conception du pouvoir : opposant à Mobutu dans les années 1980 alors qu’il fait ses études en Belgique, ministre du maréchal peu après son retour au pays (Mobutu sera la première personne qu’il rencontrera lors de ce retour…), organisateur d’une marche de soutien à son tombeur Laurent-Désiré Kabila, en 1997, membre de la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) de Ruberwa, toujours sous Kabila père, avant de finir par goûter à la soupe présidentielle avec le fils. Si j’étais Joseph Kabila, je me méfierais d’un ministre aussi versatile…

Source: Jeune Afrique, du 21/02/2011 à 11h:39
Author:  Marwane Ben Yahmed

No comments:

Post a Comment