En poursuivant ses revendications relatives à l’accord de Goma, le CNDP nargue le gouvernement. Bien plus, quand il déclare être un «serpent à plusieurs têtes», le CNDP fait cette fois une déclaration de guerre. Il met à nu sa forte capacité de nuisance basée sur sa reconstitution en groupe armé malgré les défections enregistrées dans ses rangs au bénéfice de Kinshasa.
La pacification des provinces de l’Est de la RDC demeure une gageure. Le processus amorcé depuis de longues années est de temps en temps torpillé par des acteurs qui se comptent parmi les signataires de différents accords de paix aussi bien sur le plan international, national que local.
Au nombre de ces acteurs réfractaires au processus de paix figurent les FDLR et l’ex-CNDP. C’est à se demander s’il faut continuer à le qualifier d’ex-mouvement rebelle au vu de la situation qui prévaut actuellement sur le terrain.
Rebelles rwandais dont certains membres sont réputés génocidaires, les FDLR sont toujours actives au Nord-Kivu et Sud-Kivu où ils poursuivent leurs exactions sur fond de massacres des populations civiles. Leur activité donne du fil à retordre aussi bien aux FARDC qu’à la Monusco. Cela malgré le retour au Rwanda de quelques milliers d’entre eux dans le cadre du programme DDRRR.
Donnés pour intégrés dans les rangs des forces loyalistes (FARDC), les soldats du CNDP ont évolué pendant longtemps sous un statut particulier qui pose problème aujourd’hui. La question qui se pose est celle de savoir si jamais il y a eu l’intégration réelle de l’ex-mouvement rebelle issu de l’ex-RCD mouvement rebelle.
A ce sujet, des observateurs avisés laissent entendre qu’il ne s’était agi en fait que d’une esquisse qui en est restée là. Les soldats du CNDP ont été dispensés du brassage au profit d’un mixage aux contours flous. Qu’est-ce à dire ? Que le groupe armé a gardé intactes sa puissance de feu et ses hommes. Faut-il rappeler que les militaires du CNDP ont rejeté énergiquement leur permutation en dehors du Kivu.
Signataire des accords de Goma, le CNDP a fait semblant de collaborer avec les autorités provinciales et nationales tout en se cramponnant aux clauses qui lui étaient favorables dans lesdits accords. Cela jusqu’au jour où, parti pour Kinshasa aux fins d’obtenir gain de cause, son secrétaire exécutif, Kambasu Ngeve, a annoncé sa démission.
Cette démission a été une occasion de cerner la véritable nature du CNDP. « Kambasu est parti ; il était libre de partir. Le CNDP est un parti politique à géométrie variable,c’est un serpent à plusieurs têtes », a déclaré son porte-parole, Me Mahamba Kasiwa. En déclarant que son parti est une hydre, ce dernier non seulement nargue Kinshasa mais fait une déclaration de guerre.
On l’a vu, le CNDP a survécu au départ du général Laurent Nkunda et autres Kamanzi ; signant l’entrée en scène du général Bosco Ntaganda contre qui court un mandat de la CPI.
Des sources fiables indiquent qu’il existerait actuellement une forte dissension entre les soldats pro-Nkunda et pro-Bosco sur le terrain. Les troupes de Bosco craindraient d’être attaquées en vue d’obtenir l’arrestation de leur leader devenu de plus en plus encombrant pour Kinshasa et Kigali.
Or, d’autres sources estiment que Kigali ne pourrait pas se permettre de fragiliser Bosco qui sert non seulement de barrière à l’avancée des FDLR+Alliés vers ses frontières mais également de partenaire dans le business des minerais au Nord-Kivu.
A tout prendre, l’attitude du CNDP montre qu’il est sur le pied de guerre. C’est un signal fort à l’endroit de Kinshasa qui doit lire les signes des temps. En outre, la déclaration du CNDP de se reconstituer de manière automatique- militairement parlant- procède d’un plan de poursuite de la déstabilisation de l’est de la RDC en combinaison avec d’autres groupes armés nationaux et étrangers.
La Monusco a été la première à dénoncer ce plan. Raison pour laquelle elle a lancé une opération dénommée « Protection shield » (bouclier de protection). Les zones à protéger sont entre autres Minembwe, Fizi et Uvira.
Dans un communiqué rendu public le 23 novembre 2010, la Monusco révèle que l’opération « Protection shield » fait suite à l’augmentation observée des activités d’un certain nombre de groupes armés nationaux et étrangers. L’objectif visé est de neutraliser les groupes armés, en prévenant leur infiltration, leur ravitaillement à partir notamment du lac Tanganyika.
Source: Le Potentiel, du 25/11/2010
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La tentative de démanteler le CNDP à la va- vite (car selon moi , ce démantelement devait etre un processus...) a été une erreur grave qui se retournera un jour aux auteurs du coup.
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