KINSHASA - Rebelle puis vice-président de la République démocratique du Congo, opulent homme d'affaires très populaire à Kinshasa, Jean-Pierre Bemba, 48 ans, est confronté à la justice internationale après avoir vu son destin tourner en perdant la présidentielle de 2006.
Son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) doit s'ouvrir lundi à La Haye. L'ex-chef de la rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC) y sera jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ses hommes en Centrafrique en 2002 et 2003.
A l'époque, le MLC était allé appuyer le président centrafricain d'alors, Ange-Félix Patassé, pour écraser une tentative de coup d'Etat du général François Bozizé, qui parviendra plus tard à s'emparer du pouvoir.
Avant son arrestation à Bruxelles en mai 2008, en vertu d'un mandat d'arrêt de la CPI, Bemba, colosse de 1,90 m au visage rond, vivait entre le Portugal et la Belgique en "exil forcé".
Il avait quitté Kinshasa sous escorte blindée de l'ONU dans la nuit du 11 avril 2007, après de sanglants combats entre l'armée congolaise et sa garde rapprochée, totalement défaite.
Après son échec au second tour de la présidentielle d'octobre 2006 contre Joseph Kabila, l'actuel chef de l'Etat congolais, M. Bemba s'était engagé à conduire une "opposition républicaine".
Mais, élu sénateur, il avait refusé de voir ses soldats regagner les rangs de l'armée nationale, estimant que sa sécurité n'était pas garantie.
Des combats avaient éclaté en mars 2007 en plein coeur de Kinshasa, faisant au moins 300 morts selon l'ONU. Le gouvernement l'avait accusé d'entretenir une milice et le parquet général avait ouvert une information judiciaire contre lui.
L'enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages contre M. Kabila, avait finalement pris le chemin de l'exil.
Né le 4 novembre 1962 à Bogada, dans la région forestière de l'Equateur (frontalière de la Centrafrique), Jean-Pierre Bemba est le fils d'un riche homme d'affaires, décédé début juillet 2009 en Belgique et qui était proche de l'ancien dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko.
Il dirige les entreprises familiales puis se lance à son compte dans la téléphonie mobile, le fret aérien, crée deux chaînes de télévision.
Mais le "Mobutu miniature", tel que le surnommait la rue kinoise, quitte brusquement la capitale en 1997 après l'arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président.
Il dirige pendant la dernière guerre en RDC (1998-2003) une rébellion soutenue par l'Ouganda, le MLC, créé pour renverser le régime de Kabila père et qui règnera en maître dans la région de l'Equateur.
A la fin de la guerre, ce personnage controversé, réputé autoritaire et audacieux, obtient un des quatre postes de vice-président.
En 2006, il apparaît dès le début de la campagne électorale comme l'adversaire le plus sérieux de Joseph Kabila, arrivé au pouvoir en 2001 à la mort de son père.
Il est néanmoins battu sur le score honorable de 42%, après une campagne de second tour émaillée de violences.
Deux ans et demi après son départ de Kinshasa et à l'heure de son procès, Bemba a gardé le titre de président national du MLC, dont les locaux sur une avenue de Kinshasa sont barrés d'un immense portrait du toujours sénateur.
Le 30 octobre dans la capitale congolaise, lors de la commémoration des douze ans du MLC, ses partisans lui ont adressé une vibrante ovation à distance pour "lui manifester (leur) soutien à sa cause".
Source: AngolaPress, du 21/11/10 11:43
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