La crise interne qui couve depuis des mois au sein de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) s’est transposée au niveau de l’office urbain de notariat. L’UDPS s’est vu refuser, par le notaire de la ville de Kinshasa, la légalisation des actes ayant sanctionné son récent congrès. Raison avancée : l’aile Beltchika de l’UDPS, avait déjà finalisé la même démarche en son temps. Cette situation de doublons, ramène à la surface une confusion qui persisterait au sein du parti d’Etienne Tshisekedi.
Il a fallu que le notaire de la ville refuse aux hommes mandatés par le président national de l’Union pour la démocratie et le progrès (UDPS) aux fins de légaliser les actes de son dernier congrès tenu au Centre Marie-Antoinette de Limete pour que le conflit latent qui couvait depuis des mois dans ce parti éclate au grand jour.
C’est le tout nouveau secrétaire général de l’UDPS, Me Jacquemin Shabani, qui s’était chargé de la démarche afin de se conformer à la loi. C’était le 21 janvier courant. A cette occasion, sont apparues au grand jour les divergences profondes au sein du parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi.
En fait, le notaire a eu pour mobile la démarche entreprise en son temps par une aile se réclamant également de l’UDPS à l’issue d’un autre congrès organisé à Lemba (Righini) sous la houlette du groupe de Beltchika. Les actes produits avaient conduit à l’obtention de leur légalisation au bureau du notaire. Bien plus, à l’époque, il a été retenu à charge de l’UDPS une opposition à toute légalisation d’un acte préalablement notarié pour le même objet.
Le déclic est parti du fait que le notaire, dont les services avaient déjà reçu de l’UDPS tous les frais administratifs, a évoqué une opposition soulevée par l’un des fondateurs de l’Union pour la démocratie et le progrès social, à l’occurrence Zéphyrin Diayikwa, qui, à travers une lettre adressée à l’office notarial de Kinshasa, accusait Etienne Tshisekedi de vouloir privatiser l’UDPS. Ce courrier est considéré comme une instrumentalisation de ce cadre du parti pour « énerver » l’UDPS et l’amener à quitter le processus électoral, affirme-t-on à la 10ème rue Limete.
A l’UDPS, l’on déplore le double langage de l’Hôtel de ville qui reconnaît une aile dissidente de l’UDPS, alors que, quelques jours auparavant, il avait débouté cette dernière lorsqu’elle sollicitait une autorisation pour une réunion au parc de Boeck.
Informé de la nouvelle manœuvre orchestrée par l’office notarial de Kinshasa, Etienne Tshisekedi a vigoureusement réagi à travers une lettre datant du mercredi 26 janvier 2011, destinée au notaire. Dans cette correspondance, rapporte Me Serge Mayamba, secrétaire national du parti au département des relations avec les forces politiques et sociales du pays, le président national de l’UDPS a dénoncé la « mauvaise foi » de son camarade (Zéphyrin Diayikwa) qui, estime-t-il, joue « le jeu » de ceux qui travaillent pour l’exclusion de l’UDPS au prochain scrutin.
Colère et indignation se lisaient hier mercredi dans les regards des combattants, mobilisés pour la circonstance aux abords de l’Hôtel de ville de Kinshasa. Mais, au-delà de la procédure, quoiqu’invraisemblablement évoquée par le notaire de la ville, il y a tout un message. C’est celui de la confusion persistante qui régne encore au sein de l’UDPS. Un mauvais signe à l’approche de prochaines élections.
L’on pensait que le congrès de Limete, organisé juste après le retour de Tshisekedi, allait permettre la décrispation en amenant différents protagonistes à laver les linges sales en famille. Nenni ! Malgré les belles résolutions du centre Marie-Antoinette, l’UDPS peine à récréer l’unité dans ses rangs. Il semble qu’aucun compromis n’aurait été, jusque-là, dégagé entre les différents clans qui se sont formés au sein de ce parti, pendant les trois années d’absence du président national du parti pour des raisons de santé.
Comme en 2006, à l’approche des élections, l’on assiste à plusieurs ailes de l’UDPS. Ce revers que l’ l’Hôtel de ville de Kinshasa vient de faire subir au parti d’Etienne Tshisekedi est un coup dur en cette veille du scrutin présidentiel.
Ainsi, le retour du président national de l’UDPS, dont la légitimité n’est pas remise en cause par l’un ou l’autre camp, n’a résolu aucun problème. Bien au contraire, il n’a servi qu’à entretenir la confusion, plongeant le parti dans un trou noir.
Resserrer les rangs
Comme en 2006, l’UDPS risque une fois de plus de rater le train des élections. Malgré l’enthousiasme et la détermination qui habitent les militants et cadres de cette formation politique, les choses risquent de tourner court si l’on y pend garde.
Après son retour triomphal le 08 décembre 2010, à l’issue d’un séjour médical de trois ans en Belgique, le leader charismatique de l’UDSP avait vite convoqué, du 10 au 14 décembre 2010, ce qu’il a appelé le tout premier congrès de son parti. Objectif poursuivi : réorganiser le parti et dissiper les divergences internes dues à sa longue absence à la tête du parti. Mais avec en toile de fond, mettre l’UDPS en ordre de bataille pour les futures échéances électorales.
Aussi la plus grande résolution des assises organisées au centre Marie-Antoinette de Limete, était-elle la confirmation de la candidature d’Etienne Tshisekedi à l’élection présidentielle de 2011.
Malgré ce semblant de cohésion autour d’Etienne Tshisekedi, l’UDPS peine à retrouver son unité. Autant ils se reconnaissent tous en Etienne Tshisekedi, autant ils l’utilisent chacun dans leurs calculs et schémas de positionnement. Zéphirin Diayekua reconnaît à Tshisekedi la qualité de président national de l’UDPS mais lui refuse le pouvoir d’engager le parti.
Aussi curieux que cela puisse paraître, les propres fils de Tshisekedi se mangent entre eux. Or, le moment est au resserrement des rangs et non aux divergences de vues. Tant que la confusion persistera au sein de l’UDPS, les erreurs de 2006 risquent d’être rééditées.
Source: Le Potentiel, du 27/01/2011
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